La nuit devant, le retour mélancolique de Baden Baden

Suite à leur concert à la Maroquinerie le 27 février, la Face B a tenu à revenir sur un album qui lui tient à cœur. Le groupe indie pop Baden Baden a sorti son troisième album après cinq ans d’absence et cela nous fait plaisir.

Tout débute par le titre Beach avec une guitare résonnante, puis vient l’apparition d’une boite à rythme brute et sombre. La voix d’Eric Javelle est basse et fragile. Le titre est riche instrumentalement et ne se repose pas sur une rythmique linéaire. Les synthés viennent s’imposer par les aigus, la guitare ne résonne plus, elle vibre. Nous voilà transporter dans le monde new wave et nocturne de La nuit devant, le nouvel album du groupe parisien.

Souvent, les deux compères semblent désabusés et énigmatique. Ainsi, dans CLSS, la bande compare les relations sentimentales à des effets addictifs sur le cerveau causé par la drogue. Cette atmosphère incertaine et inquiétante se poursuit sur le thème du temps qui passe dans Les Débuts et L’Américaine qui se démarquent par une variation de rythme efficace et des chœurs poignants.

Contrairement aux deux premiers albums, Baden Baden interprète l’ensemble de ses morceaux uniquement en français. Cela s’avère être une excellente idée puisqu’on pénètre plus facilement dans cette capsule intimiste et mélancolique. La tendre ballade Ma chère met en valeur leur plume : « Et nos vies entières seront comme ce moment, comme dans tout poème à lire éternellement ».

Tout au long de l’album, la guitare et la voix du chanteur ne s’élèvent pas, souvent au second plan pour placer le digital en avant afin de renforcer la noirceur de l’album. Ainsi, dans la deuxième partie, la tristesse éclate davantage et il est inutile pour Eric Javelle de tonner ses sentiments à plein poumons, le climat de langueur a pris le dessus, nous voilà spectateur de cet univers désenchanté : sans illusions sur les gens qui nous quittent dans Exil aux influences d’Etienne Daho et le magnifique Post-romantique puis plus affaibli sur BH aux synthés légers.

Dans une fin plus expérimentale avec LMR, la bande réalise un somptueux hymne lancinant grâce à la palette des instruments joués qui s’enrichissent au fil de ce titre.  Moins nerveux et plus moderne, Baden Baden, encore trop sous-estimé à ce jour, a apporté des nouveautés avec ce dernier album en s’immisçant avec réussite dans un univers crépusculaire et paradoxal. L’intensité est plus subtile et leur mélancolie touchante se veut raffinée.