La démonstration de force de Joey Bada$$

5 ans après son dernier concert en France, à l’Élysée Montmartre, le rappeur new-yorkais est revenu délivrer une performance haute en technicité le 11 décembre dernier, et ce, à guichets fermés. C’est avec prestance et technicité que Joey Bada$$ a fait son retour sur la scène mythique et symbolique de l’Élysée Montmartre, afin de nous dévoiler son nouvel opus, 2000.

En entrant dans la salle, on découvre sans surprise un public très hétérogène de par son âge, mais que la hâte de voir celui qui s’est imposé très rapidement au cours de ces dernières années comme une réelle tête d’affiche de la scène rap américaine rassemble. Joey Bada$$ a en effet enchaîné les projets d’une qualité hors-pair depuis 1999, sa première mixtape sortie il y’a plus de 10 ans, dont 2000 est la suite logique, où il apparaît grandi et plus réfléchi, expliquant son succès amplement mérité.

Nyck Caution et Powers Pleasant, deux membres du collectif Pro Era, (dont Joey Bada$$ fait également partie), débutent la première partie du show avec ce qui sera certainement la performance la moins convaincante de la soirée : entre un DJ Set qui ne parvient pas à totalement réveiller le public, et quelques reprises non nécessaires de la part du rappeur, le début du concert est un peu décevant et nous laisse sur notre faim.

nyck caution
Nyck Caution
powers pleasant
Powers Pleasant

Une demi-heure plus tard, la seconde première partie débute : il s’agit de Meechy Darko, membre du légendaire groupe américain Flatbush Zombies. En véritable bête de scène, il parvient à rattraper les couacs du début en alternant discours emplis d’espoir, cris de guerre, humour, et même quelques ambitieux sauts dans la foule, qui permettent de raviver l’ambiance jusqu’alors au point mort. Il rejoint le public plusieurs fois pour prendre part à des moshpits, préparant ainsi la salle dignement à l’arrivée du très attendu Joey Bada$$.

Meechy Darko

C’est un public débordant d’impatience qui accueille ensuite Joey Bada$$, arrivant sous les cris et les applaudissements. Une démonstration artistique, que l’on peut même qualifier d’hommage à la scène hip-hop new-yorkaise comme on en voit peu débute alors. À travers son interprétation sans faille de titres issus de ses précédents projets, sans une once de playback ou de paresse, il parvient à nous ébahir face à sa capacité à reproduire parfaitement ses morceaux, sur scène.

Un show qui plaira tout autant aux fans de la première heure de l’artiste, sans que les nouveaux soient perdus pour autant : la setlist, composée de pas moins de 27 morceaux, permet de ravir tout le monde. Des titres de chacun de ses projets y sont présents sans que cela perde en cohérence, de par leur regroupement selon les thèmes qui y sont abordés. Un des exemples les plus notables est notamment le passage durant lequel le rappeur prend le temps de rendre hommage aux défunts rappeurs dont font par exemple partie Pop Smoke, ou encore Nipsey Hussle. Il leur dédie le morceau suivant, s’avérant être Head High, dans lequel il traite justement de ce sujet, avant de poursuivre avec infinity (888), son featuring avec le regretté XXXTentacion. Un moment fort en émotion, qui s’avèrera être l’un des, si ce n’est le moment le plus mémorable de la soirée.

L’ordre presque chronologique de la setlist rajoute un côté storytelling au concert, faisant d’autant plus ressortir l’authenticité qui en émane : les titres qu’il performe en premier sont également ceux sortis le plus antérieurement, et ainsi de suite, jusqu’à arriver aux morceaux de la petite nouvelle de la bande, 2000. Ce n’est qu’après une heure trente de show que le rappeur quitte la scène sous une ovation générale, concluant avec les hits Temptation et Devastated, chantés en choeur par un public unanime, qui illumine la salle avec des flashs pour l’occasion.

Que dire pour conclure, si ce n’est que l’artiste maîtrise son art comme personne, et nous l’a encore une fois prouvé avec sa performance digne des plus grands (dont il fait en réalité assurément partie). Sans être un showman qui en fait des tonnes, Joey Bada$$ parvient à mettre tout le monde d’accord sans plus d’artifices que cela, à la seule force de sa capacité à rapper, ce qui est d’autant plus admirable.

Crédits photos : Maureen

Setlist du concert :

  1. Survival Tactics
  2. Paper Trail$
  3. Hardknock
  4. Righteous Minds
  5. Waves
  6. 95 Til Infinity
  7. Big Dusty
  8. Hazeus View
  9. Christ Conscious
  10. Rockabye Baby
  11. Distance
  12. THE REV3NGE
  13. Make Me Feel
  14. Where I Belong
  15. Brand New 911
  16. Zipcodes
  17. Cruise Control
  18. Show Me
  19. Head High
  20. infinity (888)
  21. 327
  22. Love Is Only a Feeling
  23. Shine
  24. For My People
  25. Land of the Free
  26. Temptation
  27. Devastated