Jungle – Loving in Stereo, on ne change (presque) pas une équipe qui gagne

Un troisième album, quitte à paraître un peu cliché, c’est une étape. Un premier pour se révéler, un deuxième pour confirmer, un troisième pour se renouveler. Après deux premiers opus d’une immense qualité, le duo Britannique Jungle remet le couvert pour essayer de modifier la recette et voir ce qu’il en résulte. Sans plus attendre, plongeons dans Loving In Stereo, sorti pendant l’été après un teasing de plusieurs mois.

JUNGLE Loving in stereo cover art

En effet, il faut revenir à Mars dernier pour retrouver la sortie des deux premiers extraits de cet album. Dry Your Tears et Keep Moving, dont l’enchaînement se fait magnifiquement, sont également les plages d’ouverture du disque. Comme à l’habitude, Jungle nous gratifie d’un clip en plan séquences, avec un casting de danseurs dont ils ont le secret afin de poursuivre leur série. On retrouve en outre la philosophie solaire et entraînante qui nous a tant fait adorer le groupe. Les déhanchés sont libérés dès les premières notes de chaque titre et c’est une véritable déferlante d’amitié, de plaisir et de fête qui nous attend au détour de ce début d’album. Dans ce même esprit, All of the Time, Can’t Stop The Stars ou Talk About It sont les dignes descendant de l’ADN de la formation et sonnent comme une bouffée d’air frais dans une vie toujours engluée dans la pandémie, (trop) longtemps privée de moments de fête.

De même, on retrouve des morceaux plus romantiques, plus atmosphériques à l’instar de ce que l’on avait pu connaître précédemment. Lifting You ou Just Fly, Don’t Worry rentrent dans cette catégorie qui sonnent plus comme un matin de vacances que comme un samedi soir. Des instants qui permettent de se poser tranquillement ou de faire une pause, apprécier la fraîcheur d’une brise matinale et prendre le temps de faire preuve de bienveillance envers soi-même. Presqu’aussi efficace qu’un discours de motivation, des morceaux qui envoient beaucoup d’amour et d’une douceur enveloppante.

Du côté des nouveautés maintenant on note plusieurs points. D’une part, la production continue à évoluer en gagnant en qualité, en richesse et en diversité. On ressent de vrais choix de mixage en fonction des différents morceaux, des orchestrations nouvelles et une esthétique toujours plus affutée du côté des vidéos (d’ailleurs, chapeau à l’équipe lumière qui nous a particulièrement régalés sur la série de clips liés à cet album). Autre nouveauté, la présence d’invités pour venir poser la voix sur les compositions. Si le featuring avec Priya Ragu est sublime et s’intègre parfaitement à l’homogénéité du disque (et puis on l’a un peu écouté en boucle), on ne peut pas vraiment en dire autant de la collaboration avec Bas. Entendons-nous bien, il n’est pas question de remettre en question la qualité intrinsèque du morceau qui plaira sans doute à nombre de fans, de notre côté le ressenti est que l’on écoute une chanson qui n’est pas forcément marqué de la “patte” Jungle.

Dernier point, et sans doute le plus subjectif, l’introduction de l’album (Dry Your Tears), avec son arrangement contemplatif, ses cordes frottées et son intensité émotionnelle à fleur de peau nous a saisis immédiatement (des frissons ont même pu être constatés) et l’espoir était immense de trouver une matière faite du même bois dans la suite de l’album. Malheureusement (de notre point de vue, ça s’entend), ce n’est pas le cas et il en résulte une légère frustration de ne pas avoir exploité plus largement ce type d’approche.

Malgré cela, n’allez pas croire que nous ne sommes pas conquis par Loving in Stereo. À force d’être nourris au caviar par l’un des groupes que l’on suit le plus ces dernières années, on finit par être exigeant, devenir des gamins pourris gâtés qui demandent la lune. Peut-être nos rêves seront-ils exaucés pour le prochain album, mais en attendant il convient d’apprécier comme il se doit l’un des meilleurs albums sortis cette année. Rien que ça.