ADN #627 : Joanne Radao

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Joanne Radao sera demain sur la scène des Trois Baudets et se pose cet après midi sur La Face B pour nous raconter ses influences musicales

Misty morning – Bob marley 

C’est le maître. J’ai écouté ce titre de nombreux matins pendant la compo de l’EP. Tu sais quand tu te sens un peu embrumée par la Life et peu inspirée par ce qui t’entoure. Ça arrive, c’est chiant mais Bob est là et ça m’a bien donné du courage ! En fait, je l’écoute depuis toujours, Bob Marley. C’est mon premier grand crush musical à 6 ans. Il m’a appris à écrire des chansons, à chanter, à raconter…

Plus tard, j’ai compris aussi que la question du métissage et de l’identité est fondamentale chez lui. Je ne sais pas vraiment s’il a trouvé réponse de son vivant. Ce serait intéressant de lui demander tiens.  Quand une blessure comme ça te suit toute ta vie et que tu la cristallises dans la musique c’est beau. C’est déchirant mais c’est beau. Moi qui suis en recherche de vérité, ça me parle.

K.Kin la belle – Damso 

Fan hardcore… Sa voix, sa métrique, inégalable dans le rap game le type !  « oh Kin la belle tu ne sais pas combien je t’aime » voilà sur cette chanson où il parle de la situation géopolitique de la RDC, de son rapport avec cette ville de Kinshasa, il me retourne le cerveau !  Ce qui m’inspire chez Damso c’est sa personnalité musicale, son flow, son histoire et les prods qualitatives à chaque fois (il n’y a que des pépites du son qui ont bossé avec lui et ça s’entend).  C’est ce que j’ai voulu faire sur mon premier EP Fety. C’est important pour moi les arrangements musicaux, le travail d’orfèvrerie dans le son. Rien n’est laissé au hasard.  Je suis pas là pour proder des trucs à la minute de façon ric-rac histoire d’être à la mode et de buzzer à tout prix, c’est pas trop ma manière de travailler.   Et puis ce n’est pas non plus le cas des artistes que j’estime. C’est ce que ça me dit, je fais mon truc.

Pili pili sur un croissant au beurre – Gael faye 

C’est la poésie de ce monsieur que je rejoins. C’est celui qui a le mieux parlé de la réconciliation entre deux cultures. Il fait un travail formidable d’engagement et d’éveil entre la France et le Rwanda. Je l’admire beaucoup, j’aime sa plume et son vocabulaire. Écrire en français j’en avais peur, la pudeur me bloquait et puis finalement j’y suis parvenue avec mon deuxième single « De bois et de fumée » et j’y ai pris goût. J’ai l’impression de me réapproprier ma langue. C’est libérateur.

Yamore – Cesaria Evora ft. Salif Keita 

Bon Cesaria Evora c’est une déesse. Alors le featuring avec Salif Keita : quelle bombe ! Le doux-amer chez eux c’est fabuleux !! Ce sont de grandes figures africaines qui ont su mettre en valeur leur patrimoine musical, ils ont popularisé leurs traditions et leurs langues.  Ce sont deux artistes aux vies complexes, ils ne répondaient pas forcément à certains canons. Il y a une notion d’engagement dans leur œuvre.  Parler de mes origines malagasy je le fais aussi par souci de représentation. Ce que j’évoque dans mon premier titre « Diego Suarez » c’est le sentiment paradoxal d’appartenir à un endroit et d’y être étrangère, c’est la double-culture, la quête identitaire. 

La Combi Versace – Rosalia

J’ai eu le bonheur de la voir à l’Accord-Arena. Plus qu’un concert, c’était une performance scénique et artistique qui transcende toutes les disciplines. C’est une bête de scène, elle est technique et je rêve de performer comme ça. Y a un truc du corps athlétique, du corps énergisé que j’adore. Et sur scène c’est ce que je m’échine à faire aussi. 

Nterini – Fatoumata Diawara

La voix et la grâce. Je l’ai vu au Théâtre du Châtelet dans le spectacle Le Vol du Boli écrit par Damon Albarn, j’ai pleuré toute mon eau. La voix pour moi c’est essentiel : savoir chanter.  Je veux dire que mon métier c’est de chanter donc être capable de le faire en toutes circonstances (du live, de la promo, du studio etc…) et de le faire bien. Alors en plus si vocalement t’es signée c’est idéal. Mais déjà chanter correctement, sans béquille ni cache-misère, je trouve que ça fait la différence et ça relève d’un exploit. Je travaille sur ça, et même dans mes top-lines je repousse toujours l’amplitude et la technique. Sur mon titre Kiddoz  par exemple, on ne dirait pas comme ça mais c’est de la voltige techniquement.

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