Je t’aime encore de Yelle : amour toujours

Cela faisait un petit moment qu’on avait pas eu de nouvelles de Yelle. La bretonne revient avec Je t’aime encore, un nouveau titre émouvant et posé comme une lettre lancée à un pays qu’elle aime plus que tout, qui annonce un quatrième album pour septembre.

On a longtemps cherché les mots corrects pour parler du nouveau titre de Yelle. On ne savait pas trop comment le quantifier, comment poser la ferveur et le plaisir qui nous a emporté quand on a appris que la bretonne revenait, non seulement avec un nouveau titre mais surtout avec un nouvel album, six ans après Complètement Fou. Comme toujours avec la bretonne, la musique nécessite plus qu’une écoute, elle requiert plus d’une attention puisque celle-ci ce dévoile, lentement, presque timide, au fur et à mesure des écoutes jusqu’à ce qu’on trouve son cœur et que son battement singulier finisse par se caler sur nos propres pulsations.

Quinze ans déjà qu’on la suit dans ses aventures, passant de la jeunesse rageuse et provocatrice de Pop-Up à la tentation d’une musique profondément américaine mais chantée en français de Complètement fou avec une étape 80’s et merveilleuse sur Safari Disco Club (qui reste pour nous à ce jour un chef d’œuvre absolu et l’un des plus beaux albums de pop française des années 2000). Une décennie et demi de musique, de voyages, qui ont fait de Yelle une musicienne reconnue à l’international même si, comme le dit l’adage, elle n’est pas encore prophète en son pays. Si on y réfléchit bien, on pourrait faire un parallèle assez saisissant : Yelle est à la pop française ce que Disiz est au rap. Une avant-gardiste qui n’a jamais dévié de son discours et de sa proposition, qui bien avant des artistes comme Stromae ou Christine and The Queens exportait la langue française aux quatre coins du monde, et qui dès Pop-Up libérait la parole féminine de manière frontale avec des titres comme Mon Meilleur Ami , Les Femmes85A.

La voilà aujourd’hui de retour avec Je t’aime encore, une évolution naturelle qui laisse place à plus de maturité avec un rythme qui ralentit, une voix qui se fait plus grave et assurée. Un piano obsédant, des rythmiques électroniques et entêtantes au service d’un texte autobiographique comme un retour sur le passé pour mieux envisager le présent. Comme toujours chez Yelle, c’est caché en pleine lumière qu’on trouve les trésors de sa musique. Derrière des paroles d’apparence simple et qui s’accroche avec une facilité déconcertante à notre mémoire, se cache un double discours qu’on avait pas vu aussi maîtrisé depuis La Musique. Ici, elle nous parle de son histoire avec son pays, transformant sa vie artistique en romance contrariée, ou l’amour résiste quand même à tout, glissant ici et là des failles de mélancolie dans un titre à première vue résolument solaire et doux. Malgré les succès, les récompenses et la reconnaissance à travers le monde, c’est toujours vers son pays, qu’elle admire même si elle ne le comprend pas toujours, qu’elle revient. Une déclaration d’amour en bonne et due forme qui nous transperce le cœur. Car comme toujours, et ce qui fait que nous on l’aime depuis tout ce temps, c’est la sincérité qui transpire malgré tout de la musique de Yelle. Une vérité sans fard et sans artifice qui comme toujours nous touche et nous retourne.

Cette envie de simplicité se poursuit avec le clip de Loïc Prigent long plan-séquence, ou le blanc prédomine et ou la caméra tournoie autour de Yelle alors qu’elle se fait couper les cheveux par Charlie Le Mindu afin de retrouver sa désormais classique coupe au carré.
Une tournée accompagnera la sortie de ce nouvel album (du moins on l’espère) et permettra sans doute à Yelle de prendre la place qu’elle mérite amplement sur le devant de la scène. En tout cas, de notre côté, on a déjà pris rendez vous avec elle en octobre à La Cigale et en novembre au Grand Mix de Tourcoing.