Jäde : « J’ai moi-même l’impression de partir dans tous les sens. »

Fille du digitale et artiste polyvalente, la jeune Jäde nous a accordée une petite rencontre pour en apprendre plus sur elle et sur son EP Première Fois. Au programme, on parle musique mais pas uniquement…

La Face B : Hello Jäde, comment vas-tu en cette période si particulière ?

Jäde : Moi, ça va très bien. Je suis sortie un peu hier mais on va dire que c’est progressif pour ma part.

LFB : Au niveau de ton travail, cela a-t-il changé des choses pour toi ?

Jäde : Oui, cela a changé pas mal de choses. Déjà étant donné qu’il n’y a plus de concerts, de répétitions. Il y a plus de places dans l’agenda. Là, on essaye d’organiser des clips, sans faire des tournages avec du monde, ce genre de choses. Donc, ouais cela change un peu.

LFB : Justement, j’allais parler de tes clips, parce que tu as quand même sorti le clip de -12°C, et on a bien vu que tu as du usée d’imaginations pour le réaliser avec les moyens à ta disposition. Est-ce que c’était pas trop difficile pour toi ou au contraire, tu es quelqu’un d’imaginatif ?

J : En fait, vu qu’il y a pas milles choix et que je devais faire un truc toute seule, chez moi avec mon iPhone je savais déjà qu’à part me filmer avec mon iPhone et rajouter des petits extraits vidéos, je pouvais pas faire grand chose. Mais en tout cas, j’ai bien aimé parce que déjà de base j’aime bien faire du montage, c’est un peu une deuxième passion. Donc cela m’a fait kiffer de faire mon propre clip.

LFB : C’était le premier clip que tu réalisais ou d’habitude tu t’entoures d’une équipe ?

J : Habituellement, je suis entourée d’une équipe. Mais, avant chaque rencontre avec l’équipe, je rédige moi-même le clip que j’aimerais, c’est à dire je leur transmets le synopsis avec ce que j’ai envie de raconter. Et eux, le refont à leur sauce, puis on retravaille des trucs ensembles. Au début, j’aime bien avoir ma base.

LFB : On sent dans tes clips que tu as une esthétique personnelle, tu es facilement identifiable. Est-ce que cela vient de toi ou plutôt de l’équipe avec laquelle tu travailles ?

J : Etant donné qu’on est encore un peu au début, c’était quand même beaucoup de discussions avec mon label, par exemple. Pour savoir à peu près dans quelle direction on allait. Mais, c’est sûr que je savais vers quoi je ne voulais pas aller. J’ai plutôt éliminé des pistes. Je pense qu’au niveau de l’image c’est toujours en construction.

LFB : Dans tes clips et surtout dans -12°C, on retrouve des références à la pop culture, est-ce que c’est des choses qui t’ont influencée ou c’est purement de l’esthétisme ?

J : C’est sûr que cela rentre bien dans l’esthétique. Après j’ai utilisé un film qui est devenu un Disney et je sais pas, mais je pense que le truc un peu dessin animé, enfant, cela me parle, les trucs un peu de filles naïves, les histoires d’amours et tout cela.

LFB : Maintenant on vous parler de ta musique, personnellement, je trouve que ta musique sort un peu de la masse musicale actuelle. Ta musique rappelle aussi des ambiances un peu plus anciennes, à quel moment tu as trouvé cet équilibre dans ta musique ?

J : J’ai moi-même l’impression de partir dans tous les sens. Mais au final, je crois que c’est l’écriture qui permet de centraliser tout cela. J’écris un peu de la même façon pour chaque chanson et je pense que c’est cela qui fait le lien entre les différents styles. Et puis après, moi c’est juste que j’ai pleins d’influence différentes et je voulais pas forcément me priver de faire des trucs que j’aime. Donc, je me suis dit si j’ai envie de faire des trucs trap, je vais le faire et si j’ai envie de faire des trucs soul, je vais le faire aussi.

LFB : Tu viens de parler de ton schéma d’écriture, comment tu bosses ? Tu es d’abord plus sur la partie écriture ou plus à la recherche d’une bonne prod ?

J : J’aime bien faire les deux en fait. C’est plus facile quand tu reçois une prod, parce que cela te parle direct ou cela peut t’inspirer une histoire ou autre chose. Mais en vérité, parfois j’aime bien écrire, toute seule, chez moi même quand y a pas de musique derrière. Je note des petits trucs et puis je me dit que cela sera sympa de le glisser dans un texte à un moment donné. Donc, voilà, je suis plutôt des deux écoles.

LFB : Du coup là il y a un EP qui vient de sortir, et dans la majorité des morceaux, tu évoques des relations amoureuses, mais loin des histoires à l’eau de rose, celles que t’évoques sont souvent bien plus complexes. Pour l’écriture, tu te bases sur du réel, sur tes histoires, celles de tes proches ou alors tu te bases sur autre chose ?

J : La plupart du temps, j’aime bien partir d’histoires réelles, généralement de choses que moi j’ai expérimenté. Et ensuite, si j’ai envie, je peux un peu grossir les traits pour que cela soit romancé pour la chanson. Donc ouais, c’est un peu un mélange, mais cela reste très introspectif.

LFB : Dans les divers articles où l’on parle de toi, tu es souvent décrite comme une fille du digitale, du coup, à quel point internet a joué un rôle dans ta vie et dans ta carrière ?

J : C’est un point majeur, c’est vraiment le début parce que je commençais à partager ma musique avec SoundCloud, forcément je me suis créée une mini communauté, si on peut dire. C’est grâce à Internet qu’on a pu me contacter au début pour ceci ou pour cela. C’est comme cela que j’ai rencontré mon label, que j’ai pu faire des concerts. Et aussi, j’aime bien tout ce qui est production,montage, je suis un peu une geek. Je reste longtemps sur mon ordi pour faire de la musique, je m’enregistre chez moi, je fais des prods chez moi. Entre logiciel et soundcloud, je pense que c’est pour cela que je suis un peu digitale.

LFB : Tu dis que t’es inspirée par plusieurs styles et donc par plusieurs artistes. Quels sont ceux qui t’ont le plus inspiré pour trouver ta patte actuelle ?

J : Y a pleins de choses. Déjà, il y a les trucs que mes parents écoutaient quand j’étais plus jeune. Mon père, il a toujours écouté de la chanson française. Il aime bien Barbara, Françoise Hardy, ce genre de choses, M, etc. Après moi j’ai écouté beaucoup de RnB, on va dire de « new RnB« , comme The Weeknd, FKA Twigs, ce genre de chose quand j’étais au lycée. Et aujourd’hui, je pense que c’est le rap français actuel qui est très inspirant. Et tout cela fait un mélange un peu bizarre.

LFB : Au début, tu as pas eu peur d’arriver avec une proposition différente de ce qu’il se faisait ? Ou justement c’était une volonté de ne pas coller au standard ?

J : Je me suis archi pas posée cette question. J’essayais juste d’avoir un minimum de confiance en moi pour pouvoir partager ce que je faisais, parce que je l’aimais et parce que je trouvais cela cool et que mes potes me disaient que c’était cool aussi. Donc, je sais pas, je me suis pas senti comme trop différente de ce qui se faisait aujourd’hui, en tout cas je le vois pas comme cela. Mais si tu le dis, tant mieux peut-être.

LFB : Parce que justement, quand je t’écoutes je suis souvent pris à contre-pied.

J : Ouais, je pense aussi que déjà, si on parle des choses un peu trap c’est quand même un truc un peu restreint dans la gente féminine aujourd’hui. Et puis si on parle des textes aussi, parfois, je vais parler de choses assez personnelles, sans vraiment me dire que cela peut choquer des gens, mais au final, je raconte juste ma vie.

LFB : Comme tu viens de le dire, tu as aussi des morceaux assez énergétiques, un peu comme Longtemps, qui a mon sens est calibré pour la scène. Du coup est-ce que c’est une volonté de ta part de porter ce projet sur scène ?

J : J’aimerais bien remonter sur scène là si je pouvais. Donc oui je compte faire de la scène avec toutes ces chansons. En plus, on est en train de monter un live avec deux musiciens pour essayer d’alterner justement entre les morceaux un peu trap et les titres un peu plus instrumentaux. Du coup, j’aurais bien voulu être sur scène aujourd’hui. Après on a prévu des scènes plus tard dans l’année, je pense que là, il y aura en plus des nouvelles sorties, des nouvelles chansons, donc cela va être cool.

LFB : La quasi-totalité des morceaux du projet sont assez différent musicalement. As-tu voulu profiter de cet EP pour montrer de quoi tu étais capable sur différents style pour dans le futur trouvé ta couleur musicale ou alors c’est cette diversité que tu aimes et que tu continueras d’exploiter dans tes futurs projets ?

J : C’est une bonne question. Je crois que oui je voulais vraiment montrer « ce que je pouvais faire » dans différents styles musicaux sur cet EP là. Mais par la suite, j’essaye de faire un truc un peu plus, on va dire, cohérent où je reste dans un style. Mais en fait, je me rends compte que c’est pas moi en fait. Je me rends compte que j’aime vraiment quand il y a de la diversité et je pense qu’au final, mes autres projets ressembleront un peu à cet EP, il y aura aussi pleins de sonorités différentes.

LFB : Sur Première Fois, tu es en solo sur tous les morceaux. Des collaborations sont-elles prévues ou tu comptes restée seule musicalement ?

J : Je prévois des collaborations. Là, justement, comme les choses vont assez vite, on est en train de préparer la suite et on valide des chutes et y a quelques rappeurs que j’aime beaucoup et avec qui j’ai envie de travailler. Et puis, il y en a aussi que je connais depuis longtemps, des rappeurs de ma ville, avec qui je vais re-travailler du coup. Donc oui, il y aura des collaborations, c’est sur.

LFB : Pour cloturer, que peut-on te souhaiter pour la suite ?

J : Pour le coup je sais pas (rires), de continuer comme cela, moi je trouve que ça va pour l’instant. Et de raconter de nouvelles histoires et de sortir de la musique.