Isha et Tonino, de l’humanité au Delta.

Dans le cadre d’un événement culturel nommé In-Out, Isha a marqué la jeune salle namuroise du Delta par sa prestance. La première partie, Tonino, a bien chauffé le public accompagné du beatmaker de renom Dee Eye.

In-Out, c’est un projet qui veut traverser les murs durs du milieu carcéral (In) pour créer un lien avec la société (Out). Du 17 novembre jusqu’au 5 décembre, des rencontres sont prévues dans le milieu carcéral, en privé et puis par la suite, en out, avec des conférences, des films, des débats et bien évidemment des concerts. C’est donc grâce à ce projet qu’après avoir rencontré des détenus des prisons de Namur et Andenne, les rappeurs Tonino et Isha sont venus se produire sur la scène du Delta. Leurs prestations étant accompagnées par des vidéos de ce qu’ils ont pu vivre pendant leur journée, cela a ajouté une bonne dose d’humanité à un show déjà très humain.

Il est 21h quand Tonino, natif de la ville de Namur, foule le sol presque neuf du Delta. Accompagné par son beatmaker au palmarès bien fourni, Dee Eye. Depuis quelques années dans le milieu du rap, il enchaînera ses anciens sons avec des sons pas encore parus. Une belle manière d’allier carte de visite et de donner envie d’écouter son futur projet. Le pari est donc plus que réussi pour lui, le public ressort convaincu et conquis. Que cela soit par l’ambiance old school, par ses textes pointus et personnels ou encore par sa capacité à pouvoir enchaîner les flows sur différentes instrumentales. Le public a pu découvrir un artiste complet, relativement à l’aise sur scène et bien accompagné par un beatmaker de génie sachant s’adapter à tous les terrains.

Son set se termine, et est suivi d’un mini-reportage dans lequel certains détenus vont expliquer leur rapport au rap dans le milieu carcéral. Pas un bruit dans la salle, personne ne sort, tout le monde reste bouche-bée devant tant d’humanité et de bienveillance. Un quart d’heure après ce moment poignant qui a touché toute la salle, le DJ d’Isha arrive sur scène et d’un coup l’ambiance est remise au centre des débats. En seulement dix minutes et avec l’aide des morceaux d’Hamza, 13 Block ou encore Josman, il arrive à convaincre toute la salle qui n’attend plus qu’un homme : Isha. C’est quand le début de l’instrumentale du morceau Durag commence que le public sent que l’artiste est proche. De fait, il rentre sur scène et l’éclabousse par son charisme et sa prestance naturelle. Le show ne fait que de monter en puissance, un début en douceur qui passera de Au grand jamais à Idole (son featuring avec le parisien Dinos, ndlr) sans oublier ce bon vieux Frigo Américain. Le turn-up se fait ressentir avec les bangers Domamamaï et Tosma. Mais le concert atteint son apogée sur un morceau à l’accent bien sudiste, Oh Putaing ! Après cette bonne dose de pogo et d’énergie, il est temps de calmer les esprits car il est déjà 23h30. Isha aggripe le pied de micro et se met face à la scène, avec à ses côtés son batteur et meilleur ami d’enfance Stan. Ensemble et avec beaucoup de nostalgie et d’authencité dans les yeux, ils interprétent La vie augmente. A la fin de ce morceau, les lumières s’éteignent et l’artiste s’en va, mais le public non, attendant désespérément un dernier morceau qui n’arrivera jamais.