In/Out, quand rap et incarcération se recontrent avec Frenetik

Faute à la crise sanitaire, il aura fallut attendre deux ans pour que cet événement organisé par Le Delta voit à nouveau le jour. C’est à Namur, en Belgique qu’il prend place. Dans un premier temps en allant à la rencontre du monde carcéral avec un artiste qui se produira dans un second temps sur scène. Cette année c’est Frenetik qui s’est collé à l’exercice. Retour sur cette soirée riche en rap et en émotions.

Justin Colige

Non loin de la ville de Namur qui havraise la salle du Delta se trouve la prison d’Andenne. C’est entre ces deux endroits que le rappeur de la capitale belge Frenetik a passé sa journée. Débutant avec les détenus, il a pu parler avec eux, transmettre son art et aussi les écouter sur leur mode de vie derrière les barreaux. Tout cela a été compilé en quelques capsules vidéos dévoilée lors du concert de ce dernier au Delta le même soir.

Sous les coups de 21h le public arrive, une ambiance assez intimiste commence à se créer dans l’attente du rappeur. Sa DJ une fois sur scène, il lui faut peu de temps pour arriver sur Virus-BX 19 un des titres qui lui a permit de gagner en visibilité grâce à une aisance et une plume qui ne laisse pas les esprits insensibles. Il enchaine avec des morceaux plus récents issus de son album Jeu de couleurs comme Blanche-Neige. Il n’en faut pas plus pour que le public commence à se chauffer aux rythmes de sa trap agressive.

Avant de faire monter la sauce, une petit pause s’impose avec la première capsule vidéo tourné durant la journée. Frenetik explique le déroulé de sa journée avant de lancer la place aux détenus. Ces derniers expriment leur parcours de vie et leur conditions en prison, insistant sur l’importance d’esquiver le passage par la case prison et de profiter de chacune des libertés dont on jouit en étant à l’extérieur de ces bâtiments froids et austère. Le rappeur apparait touché, prolongeant ses paroles en incitant lui aussi son public à réfléchir sur ce sujet.

Le regard droit et la posture ferme, il se prépare à débiter les paroles de Infrarouge. Une performance à nouveau maitrisée qui amène le public à le suivre sur le refrain. Réceptif, l’assemblée semble aussi bien connaître les morceaux de son EP, Brouillon sorti l’année passé que ces derniers singles.

Une seconde série de vidéos plus tard, c’est cette fois accompagné du pied de micro et des notes de piano de Sofiane Pamart avec le poignant Noir sur blanc. Le public apprécie la prestation mais n’a en tête qu’un titre, Ragnarok et sa double instrumentale drill signée Chuki Beatz. C’est donc ravi qu’il voit Frenetik sauter dans la foule et interprété ce titre soutenu directement par ses spectateurs.

J’fume des garettes-ci et j’bois du rhum sec
Là d’où je viens, on dit « nonante sept »

Frenetik – Ragnarok

L’ambiance continue à s’enflammer avec la pluie de featurings jouée par Frenetik. Les voix de Jul ou encore Gazo sont au rendez-vous, malheureusement ce n’est pas le cas pour les artistes mais ça n’empêche pas le bruxellois de gérer sa foule toujours aussi réceptive. Le concert touche à sa fin et avec lui une dernière vidéo où est présenté un proche de Frenetik incarcéré, finissant avec émotion pour le rappeur soutenu par son public.