Hunter : « Au final, on fait de la musique »

En plein développement, Hunter passe le cap du premier projet avec Club 111. L’occasion d’en apprendre plus sur ce jeune belge qui semble avoir un avenir tout tracé dans le monde de la musique. On est donc revenu sur ses débuts, sa manière de travailler et également sur ses envies pour le futur.

Adèle Boterf

LFB : Comment tu vas avant la sortie de ton tout premier projet ?

Hunter : Franchement, assez sereinement parce que je suis vraiment content du projet. Je suis plus impatient qu’autres choses, j’ai vraiment envie que les gens l’écoutent.

LFB : Pour ceux qui ne te connaitrait pas encore, est-ce que tu saurais un peu te présenter ?

H : Hunter, un jeune de 19 ans qui raconte sa vie en morceau, fan de rap tantôt de la Sexion d’Assaut, de Nekfeu, d’Orelsan, de Booba et tantôt des Beatles, de Queen.

LFB : Passage obligé pour te présenter, on va vite revenir sur ton parcours et donc à 1 minute 2 rap. Comment tu as vécu cette aventure qui t’as apporté beaucoup de visibilité ?

H : Extrêmement bien ! Pour le peu de parcours que j’ai eu, 1 minute 2 rap a vraiment été, je pense la plus grosse étape de ce petit parcours que je suis en train d’entamer. J’ai vu cela comme un énorme tremplin. C’est une plateforme sur laquelle j’ai pu m’entrainer, tester des choses, voir ce qu’est un public qui n’est pas forcément le mien et qui l’est devenu. En fait, j’ai pu conquérir un public, c’est ça que j’ai vraiment aimé avec cette plateforme et ce concours, c’est qu’il y a des abonnés de plus en plus nombreux chaque mois qui sont là pour assister à des freestyles et des démos d’artistes, parce qu’il y a des rappeurs, mais il n’y a pas que ça, il y a des gens qui chantent aussi. Je pense d’ailleurs avoir bien mélangé le chant et le rap dans ce concours. C’est à chaque fois des auditeurs que tu vas venir séduire et qui après viennent te suivre sur ta page et qui vont s’intéresser à ce que tu fais plus en profondeur en allant sur ton Spotify, ton Youtube. Ce qui va t’apporter plus de visibilité.

LFB : Est-ce que t’as pas peur que tout au long de ta carrière on te rattache à cette aventure ?

H : Non, je suis super fier. Cela fait partie de ma carrière donc c’est normal que je sois rattaché à cela. Mais pas que à cette aventure parce que bien évidemment maintenant je sors des morceaux et cela fait un moment que j’ai arrêté le concours mais je suis super fier d’y avoir participé. La génération avant nous ils ont les Rap Contenders et nous on a eu 1 minute 2 rap, à l’ère digitale. Je suis super fier, en plus j’y ai porté les couleurs de l’album, je suis super content d’avoir participé à cette aventure.

LFB : Cette aventure elle t’as apporté beaucoup de visibilité alors que t’es encore jeune. Comment t’as réussi à garder les pieds sur terre alors que ton mode de vie devenait beaucoup plus professionnel ?

H : Tout d’abord, je dirais que certes cela m’a apporté beaucoup de visibilité mais ça reste toujours assez modeste, je pense qu’il n’y pas de quoi perdre la tête, dans le sens où je sors de chez moi très tranquille, je vais faire mes courses tranquillement, je suis même loin d’être une star du net. Après, c’est sur que ça fait hyper plaisir de voir des gens me reconnaitre et écouter ma musique. Je pense que c’est cela qui me fait le plus plaisir. Je me concentre plus sur cela que sur les gens qui me suivent sur les réseaux. C’est ça aussi que je me prends pas trop la tête au niveau de la starification.

LFB : Tu disais que tu pensais avoir bien mélangé rap et chant dans ce concours et cela se retrouve aussi dans le projet, tu as toujours aimé chanté ?

H : Oui, depuis tout jeune j’ai toujours eu une envie de chanter. Après, à l’adolescence c’est plus simple de rapper que de chanter devant ses potes, donc je me suis mis au rap, j’ai fait mes armes et puis voilà. Au final, on fait de la musique que cela soit du rap, du jazz, de la pop, de l’électro, peu importe. Donc pour moi, mélanger le rap et le chant dans un morceau comme Dessine ou Hélicoptère puis mélanger le rap et l’électro dans Flex ou en reprenant un riddim mondialement connu comme Lady et rapper et chanter dessus, je pense qu’au final c’est juste de la musique. Et je pense l’avoir assez bien fait tout en respectant les codes de chaque musique, en tout cas j’espère avoir réussi ce pari.

LFB : En plus, tes mélodies sont souvent originales et diversifiées, comment tu les travailles ?

H : Je te dirais que c’est vraiment spontané, la prise de tête elle vient pour que cela soit le plus spontané possible. J’essaye de me prendre la tête au maximum pour que ce qui sort ne soit pas une mélodie trop travailler mais je me prends plus la tête sur les instrumentales parce que j’écrit dessus, j’écris jamais mon texte en avance. C’est toujours la musique qui m’inspire, d’où les mélodies spontanés. En fait, je me prends la tête pour avoir des instrumentales qui me permettent d’être spontané.

LFB : On va rentrer un peu plus dans le projet maintenant. On t’y retrouve seul, est-ce que c’était une volonté de ta part ?

H : Je dirais que oui et non. C’était une volonté d’avoir un premier projet axé sur moi parce que je trouve que déjà huit titres c’est pas énorme, sachant qu’il y en a trois qui sont sortis avant. Je voulais vraiment que les gens puissent se concentrer sur moi et ma technique? Je voulais leur présenter mon univers avant de faire rentrer d’autres artistes dans mon univers. Je pense que de toute façon, les collaborations vont venir sur de prochains projets et je pense que ça sera surtout des collaborations avec des mecs de mon groupe, des gens avec qui je roule tous les jours parce que ça sera plus naturel. Ma musique elle est assez « homemade » et je veux qu’elle le reste y compris dans les featurings.

Adèle Boterf

LFB : Par contre tu t’es quand même entouré de gros beatmakers, était-ce important pour toi de travailler avec des gens déjà installés ?

H : En vrai, cela s’est fait au feeling. Je t’avoue que j’ai la chance d’être signé en maison de disque, j’ai un super directeur artistique qui m’a beaucoup accompagné sur le projet et m’a présenté pleins de personnes. C’était sympa de travailler avec beaucoup de gens connus. Mais, au final c’est pas forcément avec eux que je me suis senti soit le plus à l’aise, soit avec qui j’ai fait les meilleures choses, à l’exception de Dany Synthé qui est un beatmaker qu’on ne présente plus et avec qui j’ai eu la chance de réaliser le projet. J’ai fait le projet avec pas mal de beatmakers qui sont pas hyper connus, comme mon meilleur ami d’enfance qui n’a juste jamais placé avant de travailler avec moi. Marlin, un mec super qui est un musicien instrumentiste. Fleetzy qui a déjà travaillé avec pas mal de gens, Don Moja, Chuki Beatz qui est le plus gros après Dany Synthé. Donc c’est un peu de tout, c’est au feeling.

LFB : Tu tentes plusieurs choses sur le projet, tu as notamment repris l’air de Lady, un hit des années 2000, d’où elle t’es venue cette idée ?

H : Franchement, c’est un délire de studio. J’ai eu la chance de rencontrer Nemir en studio quand j’étais à Paris et on était avec un beatmaker qui nous faisait écouter des morceaux et à un moment, il nous fait écouter la boucle de guitare de Lady. Là je trouve le sample chouette et j’en parle à Nemir qui est super partant et de là, on a commencé à travailler le morceau. A la base c’était un featuring mais cela n’a pas sur se faire, du coup j’ai réécrit quelques parties pour l’interpréter moi tout seul. Du coup, c’est né d’un délire en studio.

LFB : Il y a aussi des ambiances plus électroniques sur le projet, je pense à Flex, est-ce que c’était une façon de montrer toute ta palette artistique en touchant à différentes influences ?

H : En vrai, c’était pas calculé mais c’était une volonté avec le projet de montrer à quel point je peux être éclectique mais c’était pas non plus la course à avoir des choses super différentes. Ca ramène un peu à ce que je disais avant, le fait que je fais de la musique assez naturellement. Marlin qui est à l’origine de Flex, à la base c’est un DJ électro avant d’être producteur. Un jour en studio, on faisait rien de fou, on ne trouvait pas la bonne inspiration pour la production, aucune instrumentale m’inspirait pour topliner. Puis, par accident, Marlin me sort cette boucle de son ordinateur, un riddim qui est vraiment électronique qu’on pourrait reconnaitre entre mille, et ça m’a directement inspiré. En plus, il l’a arrêté parce qu’il avait pas fait exprès de le mettre et je lui ai demandé de le laisser car ça m’inspirait. De là, on a plié le morceau et c’est un de mes titres préférés du projet.

LFB : Quand on est un jeune artiste, c’est pas toujours évident de construire son propre univers. Penses-tu qu’avec ce projet tu as déjà une vision de ce que pourrait être la sauce Hunter ?

H : Je pense que la patte d’un artiste, c’est un peu comme le style d’une personne, chacun à le sien et il varie en fonction de comment tu te sens et de la mode du moment, même si tu t’y intéresses pas. Je pense que tout est lié et tout nous influence directement ou indirectement. Je te dirais que j’ai mon propre style du fait que j’écris moi-même tous mes morceaux, je parle quand même de ma vie et je suis assez maitre de ma direction artistique. Ca veut dire que je vais un truc si j’ai envie de le faire et si j’ai pas envie, je le fais pas. Mais non, je ne saurais pas te dire ce que la sauce de demain sera parce que ça dépend de ce qui va m’arriver demain mais j’ai déjà quand même pas mal de morceaux de prêt.

LFB : Penses-tu quand même avoir passé un cap avec ce premier projet ?

H : Je ne pense pas l’avoir ressenti comme un cap parce que comme je te disais, là je le ressens et j’ai hâte de le ressentir comme un premier pas assez modeste dans la cour des grands. Je pense que c’est une carte de visite assez cool. J’ai juste hâte que les gens l’écoutent.

LFB : Pour le moment en Belgique, il y a beaucoup d’artistes qui arrivent avec leurs univers. Cet engouement pour ce qui se fait en Belgique t’as t’il pousser à sortir quelque chose ?

H : Je faisais du rap quand c’était pas encore à la mode, les gens voulait même pas rapper avec moi, il se moquaient limite de moi quand je disais que je voulais commencer à rapper. Il y avait ce truc où en Belgique, cela plaisait pas, on me disait souvent qu’en Belgique personne perçait. Puis il a eu cet engouement avec Damso, Roméo Elvis, Caballero & Jeanjass qui ont commencé à percer. C’est dans cette veine là que j’ai commencé à poster mes premiers freestyles sur Instagram, même avant. Ca a pas vraiment influé sur cela mais je suis super content que la Belgique ait enfin cette reconnaissance qu’elle mérite et cette lumière sur elle. Je trouve qu’il y a des artistes formidable et il y a pleins de mecs qui ont commencé comme moi, avant que ça soit à la mode et qui mérite aujourd’hui d’être exposé et de sortir des projets.

LFB : Tu as dit à plusieurs reprises que tu faisais partie d’un collectif, le Nekketsu Klan, pour eux aussi il y a des choses qui se préparent ?

H : On a pas encore de label en tout cas pour le Nekketsu Klan mais oui on a un collectif où il y a plus que des rappeurs, il y a des gens qui gravitent autour de cela et c’est justement le Club 111, une des raisons du titre de mon EP. Mais il y a pleins de choses qui se préparent, je pense à mon acolyte Godson qui préparent pleins de choses. Il est très très chaud en freestyle sur Instagram et qui a montré aussi qu’il était plus fort que cela sur les plateformes de streaming. Comme il dirait « la suite c’est pire ». Pareil pour Néo qui a balancé un mini EP de trois titres et qui balance des titres assez fréquemment sur YouTube, il a fait pleins de freestyles. Le seul qui est encore un peu timide c’est Sonjay parce qu’il prépare son truc et justement il prépare sa sauce. Mais le Nekketsu va envoyé. Je suis pas le seul à me bouger.

LFB : Pour finir, que peut-on te souhaiter pour la suite ?

H : Que les gens écoutent le projet et des concerts, on en a tous besoin.