Rencontre avec Hippie Hourrah

En fin d’année passée, nous avions rencontré les garçons de Hippie Hourrah pour leur première tournée française. Alors qu’ils seront de retour la semaine prochaine pour présenter leur album Exposition Individuelle, on partage avec vous notre rencontre avec les québécois.

portrait hippie hourrah

La Face B: Comment ça va?

Hippie Hourrah: Pas pire! (rires) Ça va super bien.

LFB: C’est votre dernière date en France, vous êtes venus présenter votre musique. Comment s’est passée votre tournée? 

Gabriel: Ça a bien commencé avec les Transes, je pense que pour une première tournée en France c’était parfait.

Miles: C’était super, il y avait du monde à chaque spectacle. On a bien joué! (rires)

LFB: Votre album est sorti il y a un peu plus d’un an, à une période où il n’y avait pas forcément de shows. Comment vous vivez ce “décalage”, de faire enfin vivre cet album sur scène? Quelles transformations voyez-vous dans votre musique?

Miles: C’est sûr qu’on l’a créé de manière un peu “produced”, on n’a pas vraiment joué le dernier album ensemble. Le jouer en groupe, ça prend différentes formes et c’est très cool. On a fait beaucoup d’improvisation.

Cédric: On a eu la chance de le jouer pareil. L’album est sorti et on a eu la chance de jouer des shows, de définir ça allait être quoi l’approche live, pis clairement comme Miles disait c’est comme assez improvisé. Il y a un côté vraiment interactif avec le vibe du spectacle. En ce moment, on commence à jouer de nouvelles pièces pour la sortie du prochain. L’album d’il y a un an, on a quand même une bonne manière de le jouer live et puis là on est en train de développer la suite pour l’année qui s’en vient. 

Gabriel: On a pas voulu attendre de faire vivre nécessairement le premier, on tombe tout de suite au prochain. On en fera un troisième quand ça sera le temps d’en faire un troisième (rires) 

LFB: Votre façon de travailler a évoluée? Du fait de pouvoir travailler les morceaux sur le live et de les faire vivre avant de les figer? 

Gabriel: Comme Miles l’a dit, le premier n’était pas joué ensemble et le dernier qui va sortir au printemps l’est plus. 

Cédric: En fait, on avait en tête le live pour le deuxième album et on essayait à un certain niveau de récréer cette énergie là sur le record.

Gabriel: De toute façon, je pense que les chansons vont tout le temps évoluer d’une manière, on ne sait pas trop comment mais c’est ça qu’on aime bien je pense, d’improviser pis ne pas trop savoir où ça s’en va.

LFB: Si je vous dis que pour moi votre musique est un mélange d’influences des années 60 mais avec une production qui reste hyper moderne, est-ce que c’est une vision qui vous convient?

Gabriel: Ouais, ça me va!

Cédric: Ouais, je trouve ça cool en fait que tu dises hyper moderne parce que des fois les gens regardent juste le design de la pochette et restent avec une idée qu’on fait juste du psychédélique 60s quand dans le fond ce n’est pas du tout le cas. Donc oui, c’est volontaire qu’il y aie vraiment une influence psychédélique mais qu’en même temps ça aille chercher dans pleins de trucs contemporains.

LFB: Dans les méthodes d’enregistrement, j’ai l’impression que vous êtes très attachés à l’époque : l’album sonne très bien, il n’y a pas forcément de grain ou de choses comme ça, on voit qu’il y a vraiment l’utilisation des outils modernes, de ce qui se fait maintenant. 

Gabriel: Un peu des deux. Un peu un mélange des deux? Il y a du digital, en même temps il y a de l’édition aussi, ce n’est pas que des tapes parfaitement jouées, c’est retouché, il y a des effets… Absolument. En même temps, les sons à la source restent quand même assez vintage parfois, certains instruments au moins. Après, toute la production et le traitement ne le sont pas. 

Cédric: C’est assez juste! 

LFB: Justement, vous en parliez, est-ce qu’avec le nom Hippie Hourrah et le fait qu’on vous aie tout de suite mis dans une case psychédélique, vous vous êtes retrouvés dans un certain piège par rapport à ce qu’on imagine de vous? 

Gabriel: Non, je ne pense pas. De toute façon, à la base ça finit toujours psychédélique ce qu’on fait. Je comprends, surtout en utilisant un nom de même, mais c’était humoristique à la base, parce qu’on n’est pas hippies. Il y a comme un second degré au nom.

Cédric: En même temps, on se moque du truc même si on aime le faire. 

LFB: La référence de votre nom est déjà humoristique à la base, elle est déjà sur le second degré.

Miles: Exact.

portrait hippie hourrah

LFB: Quand j’écoute votre musique, j’ai l’impression que le psychédélisme est plus utilisé pour faire voyager que comme une référence sonore absolue. J’ai l’impression que c’est vraiment plus dans le sens prise de drogue et un truc qui t’envoie ailleurs…

Gabriel: Bien répondu, ça! C’est super bien dit (rires) 100%.

LFB: Cette idée de voyage, comment vous la travaillez? J’ai l’impression que chaque morceau est créée d’une manière différente avec une émotion différente à chaque fois.

Cédric: Ça dépend des chansons, ça dépend qui a composé à la base la chanson, ça dépend d’un peu tout. Mais comme tu dis, toutes les chansons sont différentes, surtout sur le premier album en fait. On a fait ça par moments, il y a des choses qu’on a enregistré dans son local, après dans son studio, d’autres au bar… Ça fait que c’est sûr que ça change avec les prises de son pis les vibes des chansons. Sur le premier album, on a aussi beaucoup de pièces que j’avais écris dans le passé qu’on a retravaillé. On a essayé de fusionner tout ça ensemble, c’est pour ça qu’on a aussi rajouté des interludes entre les chansons un peu “yoga”. Le prochain aussi est très différent mais je pense que le son ressemble un peu plus. 

Gabriel: Je pense qu’il y a un mélange entre les chansons et les parties instrumentales qui sont comme des points de départ vers d’autres univers. On s’efforce de créer des univers variés, instrumentaux qui vont toujours aboutir à quelque part d’autre, finalement.

Miles: Tout le temps des grandes finales, c’est pas voulu (rires)

LFB: Sur chaque morceau, il y a vraiment des envolées instrumentales.

Miles: On a essayé de ne pas trop en faire sur le deuxième album pis ça n’a pas fonctionné (rires)

Cédric: C’est vrai que sur le premier album il y a une toune avec des rototoms pis de la cornemuse… Celle-là, je ne pense pas qu’on est arrivés à refaire ça ou aller si loin (rires)

Miles: Il y a beaucoup de travail pour peu d’écoutes en fait. Il n’y a sûrement pas grand monde qui a écouté ça, mais on a travaillé super fort (rires) 

Cédric: Ou pas écouté jusqu’à la fin (rires)

Gabriel: Il y a comme 6 minutes et 12 views (rires)

LFB: Finalement, c’est un peu le but d’un premier album aussi, vous vous êtes fait plaisir (rires)

Cédric: Faire n’importe quoi sans faire n’importe quoi.

LFB: Tu parlais des paroles et des textes que tu avais écrit, j’ai l’impression que sur ce premier album les textes sont volontairement abstraits, comme si en fait c’était un peu flou et que chacun pouvait s’approprier les histoires que tu racontais. 

Cédric: Oui pis non, mais oui en général. J’écris souvent avec Ralph Elawani, on mélange nos idées. Il y a toujours un petit côté absurde, ça va avec le concept et nos personnalités. Je n’ai pas tant de messages à passer. J’ai de la misère avec le premier album, je ne me rappelle presque plus c’est quoi les tounes (rires).

Gabriel: Mais l’affaire, c’est que des fois c’est des trucs précis, mais il y a de la latitude dans la manière que c’est écrit. Les gens écoutent et peuvent prendre ce que t’as pris et l’emmener ailleurs aussi. 

Cédric: Je trouve qu’il y a un peu plus de travail là dessus sur l’album qui s’en vient.

LFB: Il y a énormément d’humour aussi dans ce que tu écris.

Cédric: Toujours.

LFB: On a l’impression que les émotions que tu essaies de capturer sont plus importantes que le sens du texte.

Gabriel: Bien dit!

Cédric: Ben oui, tes questions sont trop bonnes pis tu réponds à tes questions en même temps tout le temps (rires) C’est parfait! T’as bien pigé. Ça fait longtemps qu’on n’a pas écouté le premier album car on sort tout juste du deuxième, on était dans un autre monde. 

portrait hippie hourrah

LFB: On peut en parler, il y a un titre qui vient de sortir qui s’appelle “Les murs”…

Cédric: Il y en a un prochain qui va sortir bientôt!

LFB: Je trouve qu’il y a une vraie évolution, où est-ce que vous avez voulu emmener votre musique dans cet album qui arrive?

Cédric: Je pense que c’est un peu la même chose, comme Miles ou Gab disait on a voulu emmener le live au centre, et plus jouer ensemble. On voulait qu’il y aie plus de chansons rock.

Gabriel: Ou plus rapides, l’album bouge beaucoup. Tu ne peux pas tellement de fier à Les murs pour imaginer l’album qui s’en vient, c’est une chanson parmi tant d’autres. 

LFB: Est-ce qu’il y aura encore des pièces instrumentales? 

Miles: Trois. 

Cédric: Il y a des tounes un peu instrumentales où quelqu’un raconte une histoire par dessus à travers l’album. 

LFB: Du coup, vous avez quand même essayé de faire un “concept”?

Gabriel: On s’en reparle au mois d’avril! (rires) Un petit peu de suspens. 

LFB: On en parlait tout à l’heure, cette idée de se retrouver toujours avec la moitié des chansons en instrumentales, ça vous est tombé dessus comme ça? 

Gabriel: C’est qu’on avait 5 tounes pour faire un album (rires)

Cédric: Il y a une habitude aussi du live qui est déjà en place.

Gabriel: En live c’est pareil, on fait exactement la même chose sauf que des fois c’est plus long, on finit les chansons et on se met à jammer. 

Miles: Surtout quand il faut jouer une heure (rires)

LFB: Ce qu’il y a d’intéressant, c’est qu’au final les morceaux ont plusieurs vies. Il y a tellement de variations…

Cédric: Deux-trois chansons par chanson 

Miles: Ça se fait comme naturellement. 

Gabriel: C’est ce genre d’idées qu’on a, on finit la toune pis là on entend comme un autre affaire qui commence là pis c’est tellement bon que finalement on continue plus longtemps. 

Cédric: Ou on avait une autre chanson qu’on avait changée pis re-changée, et on ne savait plus quoi faire avec ce bout là. On s’est dit “ça, ça va durer 30 secondes sur l’album” pis finalement ça dure 3 minutes. Dans le fond on n’a pas de méthode, on est juste cons (rires)

Gabriel: Sur le prochain album, il y a fallu couper plein d’affaires car toutes les tounes finissaient vraiment longues pis ça ne rentrait pas. Trop de matériel!

LFB: Ça pousse les gens à l’attention sur votre musique, comme on est un peu décontenancé.e.s et qu’on ne sait pas trop sur quel pied danser on est obligé.e.s d’écouter jusqu’au bout et se concentrer sur chaque morceau. Je trouve ça hyper intéressant. 

Cédric: J’ai l’impression que ça fait ça ou exactement le contraire. Soit les gens sont poussé.e.s à écouter jusqu’à la fin et se demander ce qu’il se passe, soit l’inverse.

LFB: Il y a chez vous un truc hyper rare dans la musique québécoise moderne, c’est que tu n’effaces pas ton accent quand tu chantes. C’est naturel ou un acte politique? (rires)

Cédric: Je pense que ça se fait juste naturel, j’ai toujours chanté de même avec le nez enrhumé tout le temps. Habituellement, les gens demandent pourquoi je chante pas en anglais… C’est pas réfléchi. J’essaie de chanter un petit peu mieux. Il y a des groupes qui mettent du trémolo dans leurs voix et ça ne veut pas dire que parce que tu chantes comme ça, tu parles comme ça. Je pense que j’essaie de faire une espèce de poésie et de choisir mes mots, mais j’aime ça placer des mots québécois et des expressions. Tu dis que je chante avec un accent québécois, mais au Québec il y a plein de monde qui disent que je chante à la française! Mais je chante comme ça naturellement, sans réfléchir. Je fausse comme ça, naturellement (rires) 

Gabriel:Je fausse en québécois(rires)

Cédric: Je suis né de même, c’est plate je suis né juste une fois.

LFB: Qu’est ce qu’on peut vous souhaiter avec la sortie de votre second album? 

Gabriel: Du succès?

Cédric: Une plus grosse van de tournée, pas de flats, pas de show annulé… (rires)

Miles: Du champagne, des Gravol

Cédric: Ça serait cool que l’album fonctionne.

Miles: Moi j’aimerais juste ça qu’il y aie le plus de gens possible qui l’écoutent. 

Gabriel: Pis le plus de gens possibles qui viennent aux spectacles! 

Cédric: Pis plus de journalistes qui écoutent l’album avant de faire des entrevues (rires)Salut, comment votre groupe a commencé?” 

LFB: Une dernière question que je pose toujours, est-ce que vous avez des coups de cœurs ou choses récentes que vous avez aimé, musique ou non? 

Miles: Moi en musique, ce sera l’album de Steve Lacy, il est vraiment cool

Gabriel: Il est super bon! 

Cédric: Moi ça serait le restaurant à côté de chez nous qui fait des bonnes petites nouilles (rires) Je niaise. Mais il a dit pas nécessairement de musique! 

LFB: C’est important les nouilles. 

Gabriel: L’affaire que j’ai le plus écouté récemment, c’est un album de Thelonious Monk, c’est le soundtrack du film Les liaisons dangereuses, je pense que c’est un film français et je l’ai jamais vu. 

Photos : Cédric Oberlin

Hippie Hourrah est en tournée en France en cette fin mai :

25 mai – Le Foudre @ Tours

26 mai – Jokers’s Pub @ Angers (off Lévitation)

27 mai – FIMU @ Belfort

28 mai – FIMU @ Belfort