Hey Hey My My : « on s’est dit, il faut casser le truc et aller plus loin »

Mardi soir, on est allé à la rencontre de Julien Garnier, la moitié du binôme d’Hey Hey My My, qu’il forme avec Julien Gaulier. Vélo plié près de la table, détendu, nous entamons une petite discussion sur le rock indé, les groupes guitare/voix et les salles où jouer avec des publics passionnés et avertis. Hey Hey My My, c’est 4 albums dont le premier date de 2007, c’est l’histoire de deux potes biberonnés au rock des années 90, c’est deux gars qui se laissent porter par leurs imaginations, la gratte à la main dans un canapé en plein confinement et qui en tirent douze titres géniaux. La chronique de l’album High Life est ici. 

La Face B : Salut Julien, tu vas bien ? Dis- moi, il y a une petite tournée en ce moment ?

Julien Garnier : Ouais depuis le début de l’année, on est allé à Lyon Nyon , … Lyon haha, Clermont Ferrand, ce samedi on va en Bretagne, après on sera à Paris le 15 après St Nazaire, Angers, et puis, et puis on attend d’autres dates.

LFB : C’est important de faire découvrir l’album, faire découvrir les titres?

JG : Oui là, l’album est sorti, on est au début du live. Donc on va défendre notre album sur la route et maintenant ce qui serait cool, c’est d’arriver à décrocher quelques dates pour l’été en festoch’.

LFB : Les musiciens sont les mêmes avec qui vous tournez ?

JG : Ouais ouais, enfin c’est pas tout à fait le même batteur sur l’enregistrement mais sur le live, oui.

LFB : Il a fallu 10 ans pour sortir British Hawaii, deux ans pour High Life. C’est l’adage quand on veut on peut?

JG : Beh en fait, c’est vrai qu’on a mis 10 ans après notre deuxième album, on a pris notre temps chacun a eu des chemins un peu,… pas séparé, mais … . L’autre Julien (Gaulier) a eu sa vie familiale, moi j’ai pas mal voyagé et donc ça a été un temps de composition bien dilaté dans le temps mais c’était important d’y retourner tranquillement aussi. Ce qui est pas mal sur le temps long, c’est qu’en fait du coup, on prend vraiment les meilleurs titres. On ne s’est jamais vraiment arrêté de composer mais par contre on était sur un rythme tranquille de composition et surtout il y a eu beaucoup de versions de titres. Ça nous a permis de réunir un peu le meilleur de ces 10 années pour en faire un album.

LFB : Donc c’est une liberté que vous vous êtes donnée ?

JG : Oui, bon c’est vrai qu’ en plus on avait plus de label. Après le deuxième album, assez rapidement, notre ancien label a été en difficulté et donc au moment d’enregistrer British Hawaii on avait plus de label. Ça, c’était au tout début de l’aventure du troisième album. Par contre, on a eu la chance que Vietnam ait vraiment récupéré le projet, c’était super, ce qui nous a permis de faire une sortie avec un label. Ça justifie le temps long et donc on était pas pressé par une sortie avec un timing précis.

LFB : Ce nouvel album vient il aussi du fait de cette période? A la sortie de British Hawaii vous vous êtes dit, mince on a plein de bons trucs dans les cartons. Il faut en faire quelque chose?

JG : Comme on a sorti British Hawaii pile au début du confinement, le 20 mars, forcément il n’y a pas eu de date de concert, donc il y a eu de la frustration même s’il y a eu une bonne écoute sur les plateformes. Très rapidement, c’est surtout l’autre Julien, qui a dit qu’il ne fallait pas perdre de temps, il faut tout de suite réécrire des titres pour ne pas rester sur la frustration de ne pas avoir pu défendre l’album. Il a été assez bon la dessus, je le salue au passage. Il m’a un peu botté les fesses. On s’y est remis du coup, en plein confinement, un temps propice à l’introspection. Je pense vraiment qu’il avait raison, on avait le temps pour créer, échanger et se mettre en ordre de bataille.

LFB : British Hawaii était un peu l’aboutissement d’une combinaison rock et folk, qu’en est il de High Life?

JG : Oui  c’est vrai, il y avait un mélange un peu des 2 premiers albums, mis à notre sauce alors que le quatrième on est sorti vraiment de notre zone de confort par d’autres apports. Que se soit dans les paroles avec Zac qui est canadien et poète et au niveau du son on voulait partir un peu à l’aventure aussi. Sortir du tout maîtriser, lâcher prise, s’ouvrir et avoir un dialogue avec Romain Clisson qui a réalisé l’album. Grâce à lui on a fait des choix un peu plus radicaux qu’on aurait pas osé.

LFB : C’est vrai qu’il y a plein d’ingrédients qui gravitent et qui viennent un peu d’ailleurs, comme dans First Embrace où il y a vraiment comme un son de boom dans le fond, ou Blue avec des notes de blues slidées. Et pourtant, le tout mélangé en fait finalement un album assez homogène ?

JG : Oui c’est vrai, l’homogénéité vient du format chanson pop, pas plus de 3 minutes et c’est vrai qu’on essaye d’investir un univers un peu particulier. First Embrace c’est ça, une espèce de boom lycéenne, c’est intéressant de recréer cette ambiance là. Blue, c’est en effet un blues avec des riffs au slide mais revisité, ce sont tout plein d’éléments qui nous ont permis d’aller plus loin.

LFB : Il y a une piste complètement instrumentale dal Canale et même une chanson en espagnol Carolina. Ça donne des choses quand même très différentes?

JG : Ouais c’est ce qu’on voulait. Alors pas forcément au tout début où on avait pas d’idées très précises mais assez vite on s’est rendu compte qu’on avait des titres avec des univers différents. Moi j’aime pas trop ce concept trop poussé de cohérence d’album et justement je pense que l’évolution par rapport à l’album précédent où il y avait vraiment une homogénéité au niveau du son et là on s’est dit faut casser le truc et aller plus loin.

LFB : J’ai l’impression que c’est la somme de ces univers qui fait cette fois la chose homogène. C’est ça?

JG : Ouais je pense qu’au début on a pas d’idée. Moi, c’est comme ça que je compose je m’assoie dans mon canapé, je ramasse ma guitare en bois et je rêvasse. Et sans qu’on le commande, un univers arrive. Par exemple Carolina, c’est plutôt Julien Gaulier qui a fait l’instru et moi j’ai ajouté une mélodie de voix et des paroles. Au début c’était en anglais et puis, … puis finalement c’est venu en espagnol par ce que quelque jours avant j’avais fait une soirée où il y avait pas mal de musiques latino et ça m’avait pas mal marqué. En plus j’ai vécu au Mexique et j’adorais le côté un peu romantique au premier degré, des chansons d’amour dans des camions au Mexique. Il y a un truc super touchant. C’est des images qui arrivent et ce qui est super, c’est de le saisir tout de suite car souvent la première image est la bonne. Et là dessus Julien me dit Banco.

LFB : Entre vous, il n’y a pas de rôle déterminé? L’un qui écrit l’autre qui compose ?

JG : Non l’idée peut venir soit l’un soit l’autre mais l’autre apporte toujours sa patte, son avis, ses arrangements. Dans le passé on a déjà l’un le complet, l’autre le refrain c’est déjà arrivé. Très vite on échange et on structure ensemble.

LFB : Mais vous n’avez peut-être pas les mêmes inspirations et les mêmes références, si ? comme ce que tu viens de dire sur Carolina

JG : Il y en a plein d’autres, genres High Life. Là c’est l’autre Julien qui avait une idée assez précise un peu psychédélique un peu hippie et moi, ça m’a parlé donc j’ai essayé de traduire à la guitare cette idée là. Après les inspirations, c’est vrai qu’on chante toujours en anglais mais ça pourrait changer, ce n’est pas un dogme. C’est l’inspiration qui vient toujours en anglais parce que forcément c’est notre culture, la musique qu’on écoutait à l’adolescence. On a eu des parcours similaires en goûts musicaux donc c’est un peu normal qu’on se rejoigne. On est assez vite d’accord sur une faute de goût, on est assez raccord là dessus.

LFB : Ils s’appellent comment les deux Juliens entre eux ?

JG : Ah c’est horrible au début on s’appelait par nos noms de famille, mais… euh … vis à vis de la presse on s’appelle par nos prénoms hahaha.

LFB : Il y a un troisième Julien en plus sur scène

JG : Tout à fait Julien Zenetti notre bassiste qui nous suit depuis le deuxième album. Oui ça fait un bout de temps qu’on est avec lui. Trois Julien et un Antoine

LFB : Il y a quatre clips pour cet album.

JG : Cinq ouais, c’est luxueux.

LFB : Une dernière question. On parlait de références de ce que tu écoutais plus jeune mais aujourd’hui, qu’est ce que tu écoutes, qui t’interpelle?

JG : Il y a un groupe qui s’appelle Sleaford Mods que je trouve assez chouette. C’est vraiment un genre de hip-hop punk qui doit venir de UK. Je ne sais pas exactement, j’ai très peu d’informations, mais je trouve que ça pulse.  Ça me rappelle un peu les années 90, forcément revival en tout cas, j’adore dans le ton gouailleur. Après dans les trucs un peu plus mainstream, Rosalia j’ai trouvé ça pas mal. Il y a vraiment quelques titres que j’aime bien. J’écoute aussi ce genre de choses parce que ça ouvre aussi le champ des possibles. Nous on a une étiquette un peu indé, et moi, ce que je trouve marrant c’est d’écouter un peu de tout. Pour moi la chanson parfaite elle est pas forcément indé. Bien sûr entre ces deux exemples ça n’a rien à voir.

Crédit Photo : Jonathan Le Monnier

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