HAELIUM, et l’exploration musicale de Recovery

Après avoir disséminé sur la planète Internet des morceaux depuis 2018, HAELIUM a sorti son premier EP, Recovery. Quatre titres fascinants, teintés de beaucoup d’onirisme, à la fois fondamentalement organiques et magnifiquement synthétiques. Plus qu’une simple écoute, c’est un voyage dans son imaginaire. C’est très beau. 

On ne sait pas grand chose d’HAELIUM, ni d’où il vient, ni son nom, ni sa couleur préférée ou son parfum de glace favori. Tout ce qu’on sait de lui, c’est que, outre le fait qu’il porte très bien la moustache, son univers musical est fascinant, bouleversant. 

Recovery est une invitation au voyage, un pas dans son imaginaire, dans un monde qu’il a créé de toutes pièces. 

L’EP s’ouvre avec Keep Going, un titre d’une teinte musicale complexe, dont les contours sont flous et les qualificatifs difficiles à trouver. Le morceau est à la fois très lunaire, planant, propulsant dans des songes venues d’ailleurs, dans un imaginaire lointain. Une voix lointaine vient caresser l’ouïe, mystique, magique. Et puis, à côté de ce sentiment d’enchantement, le son est bruyant, presque sombre. On entend la multitudes de couches d’instruments, de percussions, parfois presque tribales. C’est à la fois très organique et très synthétique. 

Playgrounds est un grand morceau. Peut-être le plus bouleversant de l’EP, à la fois planant et électrifiant. Cinématique, le titre instille des images de cascades, d’explosions au fin fond d’une grotte magique. Il en ressort une forme d’urgence, de spontanéité. On est embarqué sur une barque, dans cette cascade mystérieuse, suivant les mouvements de l’eau. Abandonné, envoûté. On est perdus entre fiction et réalité, comme si nous étions face à un décor onirique, merveilleux, qui se distord, se divise en pixel, disparaît et se recompose en slow motion. Une forme d’Inception musical, comme si la vie s’observait dans un kaléidoscope. C’est fascinant, à la fois brutal et très doux. 

Feel The Same rajoute encore un peu au génie de l’artiste, plus robotique, plus noire, presque trappe. Il y a un chant lointain qui s’infiltre, des harmonies comme des supplications. On ferme les yeux, et on suit cette courbe sensible qui oscille en obscurité et lumière, comme le fil des sentiments. Sa musique explore notre intime, les peurs, les joies, la chaleur, le froid. 

C’est une musicalité bouleversante, enivrante. Elle est là, douce, sinueuse, s’infiltrant en nous, discrète, furtive, se nichant dans l’inconscient. En ressort une forme d’urgence, d’immédiateté. On ne sait plus si l’on doit s’allonger par terre, là, tout de suite, sur cette roche qui griffe ou sur cette pelouse qui caresse. On ne sait pas si l’on doit se lever, laisser le corps onduler sur des mouvements incontrôlés, automatiques. On vibre sur la mélodie, on oublie. Et puis, lorsque le titre arrive à son apogée, qu’il explose, on se sent en vie. 

Que vous soyez là, dans votre fauteuil, profitant des ondes de votre enceinte, ou bien ici, assis dans le métro, là maintenant, vous n’êtes plus là. Vous êtes ailleurs, sur une falaise, fouetté par le vent et les gouttes de pluie, ou sur dans une grotte, mystérieuse, préservée de tous. 
Ce n’est pas de la musique, c’est une immersion, une expérience, un voyage.