Grosse guitare et coupe mulet : Blondi Beat Rousse va vous faire marrer

Il faut le dire, la période actuelle n’est pas forcément la plus joyeuse pour le monde de la musique et on est pas loin de la sinistrose. Heureusement, au milieu de ce marasme ambiant, un homme se lêve, prêt au combat. Sa mission : nous divertir et nous faire rire. Son nom : Blondi Beat Rousse. Son album : Chansons pour salle des fêtes.
Découverte d’un artiste drôle, attachant et doué.

Pour paraphraser une femme politique qui nous file la nausée à chaque apparition, et faire un brin de provocation gratuite, on pourrait commencer notre chronique par ceci : ils sont partout, dans les villes, dans les campagnes … les groupes de reprises.
À chaque fête de la musique, dans les bars, dans les campings, certains dimanche soirs au Supersonic, les cover-bands sont partout, avec plus ou moins de bon goût et de talent… On aurait presque envie de leur rendre hommage face à tant d’abnégation et de passion pour la musique, même si le plus souvent, cela tourne clairement à la catastrophe.

Alors, quand on a entendu parler de Blondi Beat Rousse et de ses reprises de Aline ou d’Étoile des neiges, on a eu un peu peur, on a même fait un petit pas en arrière avec la ferme intention de nous retourner et de faire comme si tout cela n’avait jamais existé.
Et puis… Et puis on a regardé le tout d’un peu plus prêt, on a regardé sa dégaine, de la coupe mulet au t-shirt de cyclisme façon Le Vélo de Ghislain Lambert. On a remarqué son regard un peu fou et provocant et le nom de son album Chansons pour salle des fêtes, ce qui a continué à nous titiller l’esprit. Fatalement, le coup de grâce nous a frappé par surprise lorsqu’on a découvert que le bonhomme était signé chez Deaf Rock, mère patrie de Structures, Alpes et Last Train. On s’est dit qu’il y avait forcément un truc et que ses chansons pour salle des fêtes méritaient bien au moins une écoute. Grand bien nous a pris, Blondi Beat Rousse est sans doute un des projets les plus drôles et frais de ces derniers mois.

Si l’on se fie à la bio de Blondi Beat Rousse, son objectif principal est de nous faire sourire. L’idée est simple mais pourtant pas facile dans une époque ou le cynisme et le premier degré sont devenus les maîtres mots. Et pourtant, la mission n’est pas seulement réussie, elle est relevée avec brio. Car tout au long de l’écoute, c’est un sourire permanent qui nous barre le visage, quand on est pas occupé à reprendre avec lui certains des titres. Plus qu’une moquerie, chansons pour salle des fêtes est un hommage amoureux à tout un pan de la culture de la fête française, celle que l’on vit avec des amis, une bière à la main et les rires en fond sonore. L’album, derrière ses airs goguenards, se transforme ainsi en véritable bulle nostalgique, nous ramenant à des souvenirs adolescents, des premières vacances aux premières cuites.

Avec ses faux airs de Jeff Tuche, en bien moins insupportable que le chanteur de Thérapie Taxi, Blondi Beat Rousse nous fait du bien tout simplement. Une batterie qui tabasse, une guitare qui défonce, un concept qui pousse le délire jusqu’à imiter les remerciements à la fin de chaque titre et une sélection de chansons qui fera forcément le bonheur de tous les amateurs de mauvais goûts en soirée, chansons pour salle des fêtes est un bonheur en douze chansons qui réveille autant qu’il amuse.

Car au delà de la blague, il y a un vrai travail de réinterprétation et un véritable amour pour les chansons choisies. Ainsi, impossible de bouder son plaisir face à la version barbare de La Queuleuleu ou de voir la poupée qui dit non, Aline ou Étoile des neiges devenir des hymnes bruyant entre le heavy metal et le punk rock. Tant est si bien qu’on regrette clairement que le bonhomme ne soit pas allé au bout du délire en reprenant les chansons dans leur intégralité.
Bref vous l’aurez compris, si Blondi Beat Rousse ne se prend pas vraiment au sérieux, il nous offre un petit plaisir d’une quinzaine de minutes qu’on a pas envie de nier. Vous avez dit plaisir coupable ? On est pas vraiment d’accord car il n’y a rien de coupable à aimer Blondi, la preuve, on relance l’album et on chante avec lui Le petit bonhomme en mousse.