Nos meilleurs moments aux Francofolies de La Rochelle – Acte 2

On peut le dire avec bonheur, et un peu de soulagement aussi : on est retourné en festival. On était il y a peu à l’édition 2021 des Francofolies de La Rochelle. Plutôt que de viser la grande scène, on a préféré les découvertes et les retrouvailles. On vous raconte nos meilleurs moments en trois actes de cette année un peu spéciale. Tout de suite, la seconde partie de notre report.

Crédit : Caroline Jollin

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Magenta

Lorsqu’on pense à Magenta, un mot nous revient facilement en tête : la fragilité. Elle est au centre de leur musique, bien ancrée dans les questionnements et les histoires qu’ils traitent au milieu de cette imposante fureur musicale d’un projet électronique fait de prime abord pour nous faire danser mais sans jamais oublier de laisser place à la réflexion et aux émotions.

Cette fragilité, elle était là avec eux sur scène et c’est sans doute tant mieux. Cela s’explique sans doute par le fait que c’était leur quatrième concert, mais on pense que la réponse était aussi un peu ailleurs. Bien loin de vouloir apporter un visage de perfection et d’efficacité plus que tout, ces garçons là, comme ils en avaient l’habitude dans une autre vie, utilisent leur failles pour insuffler la vie. Car c’est surtout ça qu’ils nous offrent, une offrande à la vie, un élan fraternel qui existe sur scène et qui finit fatalement par nous atteindre dans le public.

Sur scène, en une petite heure, ils nous ont tout de même montré qu’ils en avaient sur la pédale. Le show était assez carré pour nous impressionner, jouant parfaitement la carte du spectacle aussi bien sonore que visuel, avec cet écran en fond de scène qui balance des images, aussi bien de leur clips que des montages vidéos qui se lient à la perfection aux lumières d’ambiances qui nous assaillent. Musicalement, dans ses moments les plus « dansants », le groupe impressionne aussi. Il faut dire que des morceaux tels que Boum Bap, Assez ?, Faux ou leur géniale reprise de Stardust ont tout pour emporter les foules et c’est une belle réussite avec un mur sonore électronique.

Mais, parce qu’on est du genre à en demander plus, c’est lorsque les émotions nous assaillent que le groupe nous convainc totalement. Et l’enchainement fabuleux orchestré avec Intimité, Nikki et Tom Tom Club nous aura permis de toucher du doigt cette envie que le groupe porte en lui : des larmes sur la piste de danse et le cœur qui explose sous les BPMs. Et que dire de l’impossible Honda Wave, tsunami de sentiments assez fou et interprété à la perfection avant que le concert ne se termine sur l’inestimable Monogramme, lente montée en puissance où l’amour, la colère et l’unité se mêlent dans une danse sans fin.

Avec ce concert, on aura eu la sensation d’assister à un programme en construction, quelque chose qui ne demande qu’à s’améliorer au fil des dates et à nous transporter sur les dancefloors. On en est sûr, des concerts en configuration debout devrait les aider dans cette entreprise un peu dingue et nous, on sera là pour voir ça.

crédit : Caroline Jollin
crédit : Caroline Jollin
crédit : Caroline Jollin

Aurus

Vous le savez déjà, sur La Face B on adore privilégié la découverte. Et on peut dire qu’aux Francofolies, on est plutôt gâté puisque le festival nous offre en parallèle tout au long de l’année Le Chantier des Francos, son dispositif de détection. On avait donc hâte de découvrir certains artistes de cette sélection et parmi eux, il y avait Aurus.

Et une nouvelle fois, la déception n’aura pas lieu. Ce qui frappe dès le départ c’est cette voix à la fois puissante et fragile, elle est un guide dans la nuit et dans l’incertitude des chansons qu’il nous offre. Il faut dire que celles-ci sont de véritables aventures, des terrains accidenté dans lesquelles ont pourrait facilement se perdre, entre les cuivres grandiloquents et des percussions absolument folles qui seraient du genre à nous entrainer dans une danse de possession qui nous pousserait jusqu’à la transe.

Et c’est dans cet espace rempli d’inconnus et de danger qu’Aurus excelle bien aidé en cela par ses camarades Baptiste de Chabaneix et Anthony Winzenrieth. Si la formation peut paraitre réduite au vu de l’ambition musicale du projet, il n’en est rien tant ces trois là nous offrent un spectacle totale et intense qui nous aura mis à genoux.

Sur scène, les titres de son premier EP prennent ainsi tout leur sens, notamment Momentum ou l’excellente Scalp qui nous auront clairement forcé à nous lever de nos sièges. Et que dire de cette reprise géniale du American Boy de Estelle, qu’il aura passé à sa propre sauce pour ajouter une bonne dose de sensualité et d’imprévu à ce petit tube groovy.

Aurus nous aura donc offert un moment hors du temps, entre force et douceur et où, la aussi, la fragilité trouve une place bien à elle pour exister et se diffuser. Un instant de beauté qu’il reproduira lors de sa balade chantée. Alors que se profile l’arrivée d’un premier album pour la rentrée, on suivre avec beaucoup d’attention la suite brillante de ce colosse au cœur tendre.

crédit : Caroline Jollin
crédit : Caroline Jollin
crédit : Caroline Jollin

Ian Caulfield

On peut le dire de manière franche et honnête : le concert n’était pas commencé qu’on était déjà conquis. C’est à dire qu’on l’aime beaucoup notre Ian Caulfield et on ne manque jamais une occasion de le lui dire et en voici une nouvelle preuve.

Il faut dire qu’on l’a beaucoup suivi, on a vu son projet grandir et on a l’impression qu’il a atteint une sorte de forme idéale sur scène, bien aidée en cela par ses deux camarades Alexis et Simon. Ainsi, en ajoutant aux percussions et à la guitare des sonorités de synthétiseurs et de basse, la musique du garçon s’offre un corps bien plus organique et chaleureux qui permet de mettre en avant sa voix si particulière et ses histoires douce-amère où les mots ont autant d’importance que le son.

Car c’est bien là la plus grande force de Ian Caulfield, avoir réussi à digérer ses influences anglo-saxonnes pour les mettre au service d’un texte en français. Si cela a l’air assez évident, le dosage est souvent assez casse gueule qu’il est important de le signaler quand la réussite confine au petit miracle. C’est d’ailleurs lorsqu’il reprend la chanson d’un autre, J’ai 10 ans de Souchon, que ce joli travail d’alchimiste est le plus évident.

Pour le reste, les versions live des titres déjà sorti prennent un step assez important, que ce soit la très dansante Ne te retourne pas ou la plus chargée en émotions Tu me manques tandis que Pas grand chose, jouée en première, reste ce petit tube assez fondateur et évident.

Mais c’est fatalement du côté des nouveaux morceaux de son premier EP à venir que notre attention se porte. Des histoires intimes, poétiques et touchantes, parfois un peu étrange comme la boule au ventre ou de vrais cris du cœur comme à la mode ou Besoin d’aide, le garçon prouve qu’il est un conteur d’histoire formidable ainsi qu’un véritable esthète sonore.

Le show se termine par un de nos petits plaisir scénique avec Ian Caulfield : Plein d’imagination et son refrain qui nous colle à la tête depuis bientôt un an et demi (notre dernière rencontre scénique datant de février 2020).

C’était écrit, mais il est important de le préciser : le charme persiste et augmente même et cette nouvelle formule à trois aura prouvé toute sa nécessité. On a désormais hâte de le retrouver et on le promet, on attendra pas un an et demi pour ça.

crédit : Caroline Jollin
crédit : Rarolin Cougeole
crédit : Caroline Jollin

November Ultra

Soft & Tender. Voilà comment on pourrait parler de notre rencontre sur scène avec November Ultra. Tout est ainsi résumé dans le premier titre d’une artiste à nul autre pareil. Avant le concert, on disait en plaisantant qu’on ne manquerait pas son concert car on avait de pleurer et de fondre comme des chocolats au soleil. Et si nous ne sommes pas devins, on peut dire avec un peu de recul qu’on avait clairement vu juste.

Il faut dire qu’il est impossible de ne pas tomber sous le charme de cette jeune femme qui semble nous entrainer dans un monde parallèle. Un monde où les couleurs font la norme, où on peut être volubile, souriant et se mettre tout le monde dans la poche en un clin d’œil tant est si bien qu’on avait qu’une envie : faire de November Ultra notre meilleure amie et partir vivre avec elle, les histoires qu’elle nous raconte.

Notamment celles de son grand père hyper connecté avec qui elle a l’habitude de chanter des chansons un peu triste en espagnol, avant de reprendre la dite chansons, maria de la o, et nous laisser sur le cul en nous rappelant une chose absolument essentielle en concert : peu importe la langue, le rythme ou le lieu, tout ce qui compte ce sont les émotions qui sont partagées.

Et des émotions, il y en a eu à en revendre avec ce moment hors du temps, cotonneux et chaleureux, portés par les petites merveilles musicales que sont Miel, Soft & Tender et The End ou les petites nouveautés qu’elle nous offre avec une mention spéciale pour la superbe I Talk To Much.

L’histoire se terminera forcément par une standing-ovation et des larmes partagées et cette idée toute simple, elle aussi tiré de Soft & Tender : après un concert comme celui-là, on se sent forcément beaucoup mieux. Comme si le poids de la vie avait disparu pendant un instant. Et pour ça, on peut juste dire merci November Ultra.

Crédit : Caroline Jollin
Crédit : Caroline Jollin
Crédit : Rarolin Cougeole

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