Format Court #71 : Gwendoline, Quantum Quantum, Vestes

Chez la Face B, on adore les EPs. On a donc décidé de leur accorder un rendez-vous rien qu’à eux. Aujourd’hui, dans notre nouvel épisode de format court, on vous parle des dernières sorties de la scène indé française avec Gwendoline, Quantum Quantum et Vestes.

Gwendoline – Sans Contact

pochette gwendoline

Sans contact Gwendoline, vraiment ? Permettez nous d’en douter. Parce que sur la scène actuelle, c’est sans doute le groupe qui nous touche le plus. Une façon d’analyser le monde, de conter le désespoir qui nous envahit tous et d’enclencher malgré tout une certaine envie de révolte dans nos esprits.

Parce qu’on est tous shootés aux antidépresseurs, ou qu’on noie nos pensées dans les pintes de bière, ou qu’on se termine dans des soirées sans sens et sans intérêt pour avoir la sensation de vivre, la musique de Gwendoline nous frappe comme un uppercut. Elle est un reflet, une image à peine brouillée de nos quotidiens.

Dans ces trois nouveaux morceaux, le duo persiste et signe, crache à la gueule d’un monde où les humains se déconnectent, où les petites envies égoïstes prennent le pas sur les besoins communs. Un monde où le réseau le plus important est celui de notre téléphone, et pas celui d’un entourage qui nous comprend.

On pourrait penser qu’il y a de l’ironie, du recul, une sorte de grâce désespérée de garçons au bord du monde qui s’apprêtent à se jeter. C’est ce que nous laissent penser Loin de moi, morceau à la gloire de ces losers pathétiques qui dominent désormais le monde et Start-up Nationale qui tire à boulet rouge sur une société de surconsommation, gentrifiée et solitaire, le tout sur des nappes synthétiques propres à Gwendoline.

Monolithique et Cynique ? C’est ce qu’ils veulent nous faire croire. Mais débarque 1 new 2 pc et les oripeaux tombent. Brutalement sincère, violente vérité d’êtres qui font tout pour ne pas sombrer, le morceau, qui se vit comme une lente montée angoissante, dévoile pleinement Pierre et Mickael dans ce qu’ils ont de plus cru, triste, et finalement vivant.

Sans Contact, Gwendoline ? Jamais et tant mieux. Parce qu’on manque de ce genre de groupe auxquels s’attacher, alors lorsqu’ils sortent de l’ombre, on les chérit comme jamais. Prenez vous Gwendoline en pleine gueule, c’est sans doute la meilleure chose que vous aurez à faire en ce début d’année.

Quantum Quantum – Mirage

pochette quantum quantum

La vie est-elle est un mirage ? La vie est-elle un rêve ? On ne sait pas trop, mais si tel était le cas, on aimerait beaucoup que sa bande originale soit le premier EP de Quantum Quantum.

Drappés d’une aura de mystère et d’un brin d’ésotérisme, les cinq morceaux de Quantum Quantum tentent de décoder la science des rêves et pour cela, ils nous emmènent autant chez Lewis Carroll que chez Tame Impala.

Un mélange explosif et envoûtant, en français dans le texte, qui nous dresse le portrait d’un monde aux contours flous, dans lequel on peut rencontrer des personnes, des astres et des Hôtels.

Mirage, le morceau qui donne son titre à l’EP, est l’exemple parfait de tout ce qui fait le sel de Quantum Quantum : des synthés chaleureux, une session rythmique maîtrisée et folle, des guitares surprenantes, et une voix androgyne qui cherche plus que tout à nous envoûter.

Une danse chamanique qui fait vibrer le psychédélisme comme rarement en France, et nous entraîne dans un voyage au coeur de leur esprit, et du nôtre aussi.

Et le charme fonctionne à fond, que ce soit dans la langueur de La Rencontre, dans l’epic-pop d’ Hôtel Le Mouvet, ou dans le charme presque désuet du Rêve d’Alice et ses cuivres parfaits.

Sommeil Sommeil finit d’achever de réveiller totalement notre désir, et ne nous donne qu’une envie : rejoindre le monde merveilleux de Quantum Quantum.

Dans le genre, on n’avait pas autant kiffé depuis le premier album album de Biche. Un beau compliment pour une musique qui ne mérite pas moins.

Vestes – Prestissimo

pochette prestissimo vestes

En Italien, prestissimo peut tout à la fois dire « très vite » ou « très bientôt ». Les deux idées collent parfaitement aux garçons de Vestes.

« Très bientôt« , c’est ce qu’ils nous répétaient souvent lorsqu’on leur demandait quand arriveraient leurs morceaux. « Très vite« , c’est la sensation que nous donnent ces 6 morceaux qui ne dépassent jamais les 3 minutes.

Une sensation d’urgence qui envahit nos oreilles, comme si Prestissimo devait trouver le moyen le plus simple et direct d’atteindre nos cœurs. Entre Motorama et le meilleur de The Drums, la mission est totalement réussie. Une formation simple et évidente, pour des morceaux aux mélodies accrocheuses qui n’ont clairement pas de temps à perdre, et c’est tant mieux, notamment pour l’excellente interlude instrumental qu’est peurs.

On se laisse donc embarquer dans ces petites ritournelles de pop très bien troussées avant, d’étrangement, prendre notre temps pour les digérer. Car si ces petites perles sonores nous font secouer la tête et les épaules, elles ont un arrière-goût de mélancolie et de tristesse qui nous marque aussi durablement.

Car ici, on parle beaucoup de pertes, d’amour désabusé, de sentiments évanescents et de promesses brisées. Des choses pas forcément évidentes, mais qui, lancées sur ce tempo et grâce à la plume et au vocabulaire très direct de Simon, percent avec facilité les protections les plus endurcies.

Ta promesse, Laisser couler, c’est la fin … Il y a un paquet de choses à exorciser, ou à tenir à l’écart, et le faire en musique semble avoir été la bonne idée des garçons de Vestes. En utilisant le français, le message se fait ainsi plus simple, audible et surtout, bien plus sincère.

Prestissimo est un premier EP doux-amer qui touchera autant le corps que le cœur, et qui nous laisse avec l’envie de dire une chose toute simple à Vestes : à « très bientôt »

Crédit couverture : Clémence Catherine Photographie