Format court #45 : Khazali, Kartell, Contrefaçon

Chez La Face B, on adore les EPs. On a donc décidé de leur accorder un rendez-vous rien qu’à eux dans lequel on vous présentera une sélection d’EPs sortis récemment. Aujourd’hui, on vous parle des dernières sorties de Khazali, Kartell et Contrefaçon.

Khazali – Going Home

Nouvelle signature de Kitsuné Musique, Khazali nous livre son premier EP Going Home. Nous le rencontrons lui et son univers au travers d’un flegme et d’une tendresse communicative au creux de souvenirs à la fois personnels mais dont l’émotion demeure universelle.
Le jeune anglais est à la fois compositeur et chanteur, nous l’avions d’abord découvert avec un premier morceau You’ll be the one, une sucrerie dansante bien cadencée et suffisamment chaleureuse pour nous embarquer dans un univers empli de douceur.

Khazali est arrivé à la musique presque par accident, l’écriture et la poésie étaient jusqu’alors pour lui un moyen de contrer et contrôler l’anxiété à laquelle il faisait face, c’est par un concours de rencontres et d’inspirations que le jeune artiste s’est donné la possibilité de s’exprimer par la voix et de donner du corps à ces écrits qui jusqu’ici n’avaient pas été interprétés.

A l’écoute de l’EP, on réalise tout de suite que Khazali sait jouer avec sa voix, elle couvre tous les plans des morceaux et arrive à embrasser la musique pour nous faire ressentir à la fois la mélancolie profonde de son oeuvre mais aussi une ambivalence avec l’euphorie qui caractérise son univers et sa propre personne.

Les morceaux de Khazali sont évolutifs et n’ont aucun mal à nous transporter, on parle vulgairement d’indietronica mais ce serait dommage de ne le qualifier que de la sorte, on retrouve bien évidemment des vocalises à la Sampha, des envolées électroniques à la Little Dragon, mais Khazali c’est surtout la promesse d’une caresse musicale et d’une insouciance retrouvée.


Khazali nous fait voyager dans un univers qui nous est familier, celui de l’adolescence, période de doutes, de peurs et d’incompréhensions, seulement l’artiste nous y fait songer par le prisme d’une pop émancipatrice.
Elle sonne comme un foyer, un refuge, un lieu plein de « Comfort » dans lequel la mélancolie laisse place à une certaine forme de rêverie positive.

Kartell – Daybreak

Après avoir tourné pendant plusieurs années dans différents pays et continents, l’artiste Tourangeaux Kartell sentait qu’il lui fallait explorer une nouvelle phase de son projet artistique.
C’est donc depuis 2018 que Kartell façonne le son de Daybreak, un EP aux inspirations diverses à la croisée du RnB, de la funk et de la bedroom pop mais avec cette cohérence et cette imagerie qui viennent structurer le projet autour d’un élément, le soleil.

C’est d’ailleurs tout le travail auquel s’est attelé le studio de création Bureau Mondial avec une pochette rappelant cet univers ensoleillé mais aussi le duo de réalisateurs Fifoul qui nous offre à l’image la transposition des nuées solaires et de la vie exposée aux quatre rayons. A cet effet, on ne peut que vous conseiller l’excellent clip de Time qui dégage cette chaleur à tel point qu’on peut la ressentir directement dans nos pores.


En plus de savoir créer une musique vivante et profondément attirante, Kartell sait s’entourer pour sublimer sa musique, on retrouve pas moins de quatre featurings sur l’EP avec notamment le langoureux et sensuel Time en collaboration avec Qendresa et Coops.
Que dire de All In, morceau avec Che Lingo qui groove à n’en plus finir et de Crossing Paths le morceau avec SG Lewis maître absolu des nuées musicales, un morceau qui nous rappelle avec émotion les riffs de basse si enjoués du groupe scandinave Liss.

Kartell nous livre un EP calibré pour le partage, aussi personnel que communicatif, l’évocation d’un voyage au creux de nos souvenirs, la douce sensation d’un liserai de soleil sur notre visage, un sourire que l’on esquisse et un sentiment de paix intérieure bien guidée par ces fameuses lignes de basses tout au long du projet.

En clair, Daybreak est le premier rayon de soleil d’un morne hiver, revitalisant, réconfortant et par dessus tout empreint d’une chaleur sublime.


Contrefaçon – Mydriaze Remixes

Il y a des choses dont on se méfie comme la peste et les albums de remix en font clairement parti. Encore plus quand il est question de s’attaquer à un album qu’on a particulièrement apprécier, comme ce fut le cas pour le Mydriaze de Contrefaçon.

Seulement, ces garçons là étant eux aussi adeptes de la relecture, on se disait que la sélection serait qualitative et éviterait l’écueil de la contrefaçon au profit de relecture ambitieuse et puissante. L’excellent remix de Rave à Versailles par Bagarre, uppercut dans le son et dans le texte, envoyé en éclaireur nous avait d’ailleurs bien rassuré sur ce point : On allait voir ce qu’on allait voir et se retrouver face à collection intéressante, variée et intelligente. Et effectivement c’est le cas.

Et ça commence fort avec Grand Soleil qui allie les deux facettes de Contrefaçon sur son remix. En allait sampler l’énergie punk du discours anarchique de Tyler Durden dans Fight Club, ils renforcent et amplifie la puissance cinématographique de Evol, la transformant en épopée brutale et violente, ouvrant cet EP de manière grandiose alors que SUNSET s’accapare Parade, l’un des titres les plus lumineux de Mydriaze pour le transformer en ode mélancolique avec un texte blindé de questionnement et de doutes comme si le levé de soleil se transformé d’un coup d’œil en fin de journée.

L’intérêt de cet exercice est aussi de voir comment un morceau peut vivre de manière différente selon le regard et le goût de l’artiste qui le remixe. Ainsi si Lazerpunk offre un remix assez balisé à DETER, Pogo Car Crash Control nous offre une petite sauvagerie faite pour réveiller les morts. Deter se transforme ainsi en « Déterre moi » et rajoute une couche de violence à un morceau qui n’en manquait déjà pas. On sent ici toute la folie et la nature même du groupe qui se déverse dans la musique de Contrefaçon.

De la même manière, Atoem offre à Arp une vision plus atmosphérique, hypnotique et onirique tandis qu’à notre plus grand étonnement Mokoa nous embarque sur un dancefloor 70’s avec une interprétation disco et imparable qui, on en est sûr, fera remuer tous les corps qui poseront les oreilles dessus.

Si on rajoute à cela le banger de Murdër et la conclusion en forme de feu d’artifice de Falhaber avec E171, ce Mydriaze Remixes permet d’offrir un regard nouveau sur ces titres qu’on connaissait si bien et de nous rappeler surtout comme l’album de Contrefaçon était une petite aux influences et humeur diverses et rempli de subtilité. Un moyen parfait de nous faire patienter en attendant la suite des aventures sonores et visuelles du quatuor.