Format court #43 : Iliona, Melvin Ross, Lowky

Chez La Face B, on adore les EPs. On a donc décidé de leur accorder un rendez-vous rien qu’à eux dans lequel on vous présentera une sélection d’EPs sortis récemment. Aujourd’hui, direction la Belgique avec les dernières sorties de Iliona, Melvin Ross et Lowky.

Iliona – tristesse

Roxane Diamand

L’exercice du premier projet n’est jamais facile, encore plus quand on est une jeune artiste et qu’on ne sait pas si l’univers qu’on propose va plaire.

Avec Tristesse, la belge Iliona propose un univers déjà bien affirmé tout au long des huit titres. Maitre de sa direction artistique, elle a réussi à ancrer ses textes dans une ambiance mélangeant plusieurs influences, en résulte une patte singulière et particulièrement bien travaillée.

Cette maturité n’est pas exclusive au thème abordé mais se ressent également dans les choix musicaux. Les compositions sont souvent aériennes et teintés tantôt d’une obscurité glaciale et tantôt d’un rayon de soleil. Ce qui rend les émotions dépeintes par Iliona très visuel et donc la plongée dans son univers plus aisée.A l’aise avec la mélancolie, elle exprime ses sentiments vis-à-vis des relations amoureuses avec un oeil à la fois juvénile, comme sur Les Tulipes et extrêmement mature. Une dualité qui reflète bien la jeune femme de vingts ans.

Iliona apporte une touche de modernité à sa musicalité avec des instrumentales jouant entre la noblesse du piano organique et des effets de voix digitaux comme sur le morceau Reste, ce qui donne à sa musique une réelle singularité. Elle essaye donc d’apporter sa touche à la variété française ce qu’elle fait à merveille notamment sur Moins Joli.
Le projet compte aussi des notes plus électroniques à l’image de Marguerite.

Ce projet fait voyager entre les diverses émotions que peut ressentir cette jeune artiste. A travers chacune de ses chansons, on peut être touché par les histoires qu’elles racontent en y trouvant ce qui nous parle. Une sensibilité qui vient essentiellement de son timbre de voix envoutant.

Arrivé avec un premier projet aussi complet et touchant relève de tout le potentiel qui regorge en la jeune artiste.

Melvin Ross – Miel

Malick Majid

Entouré d’une scène musicale plus que dynamique à Charleroi, Melvin Ross vient de livrer son Miel avec cet EP ensoleillé de cinq morceaux.

Identifiable grâce à sa voix grave, il la marie à merveille avec la douceur des instrumentales du projet. C’est cette voix qui va balisée la diversité du projet en affirmant la singularité du jeune belge.

Dès Ephémère sa fine patte se fait remarquer avec des propos originalement formulé et jouant entre la pertinence et l’ironie.
Proche de son équipe, il a décidé d’inviter un autre artiste assez actif en ce moment, CestCalvin sur le titre Percer.
Très musical, le projet emmène dans une vibe très ensoleillée sans tomber dans la recette commerciale qui peut se faire. Une volonté de se démarquer également par ses ambiances musicales se dégagent de ces cinq titres.

L’imagerie autour du miel se retrouve même dans la tracklist avec le punchy Guette Le Miel. Une imagerie qui ne fait que renforcer la direction artistique que Melvin Ross veut insuffler à sa musique. Ce qui traduit également son envie de Percer qui revient à plusieurs moments durant le projet.

Une évolution se fait sentir et les basses de son univers commence tout doucement à se dessiner. En continuant de travailler à ce rythme, il ne serait pas étonnant de faire de sa voix un instrument à part entière et asseoir toute sa singularité.

Lowky – Neurasthénie

Fatigue, anxiété, perte de joie de vivre, voilà quelques des symptômes de la Neurasthénie. Un syndrome sombre qui a touché Lowky et qui se retrouve en fil rouge de ces trois titres.

Dès No Love, on ressent cette froideur obscure porté à la fois par l’instrumentale mais également par les mélodies toujours très originales et percutante du jeune artiste. Une précision dans le travail qui se retrouve également dans le mix qui porte le projet dans une autre dimension.

Comme le titre le laissait présager, les thématiques abordées sont sombres. La fatigue pour la vie se fait ressentir, une fatigue qui semble être causée par les multitudes de pensées noires qui parasitent Lowky. Face à lui-même, il se confronte à ses démons les plus intimes pour tenter de réparer son « coeur brisé » comme il l’explicite sur Ciel Rose. Un combat qu’il tente de guérir par la musique, chose qu’il appuie sur le même titre.

C’est souvent en se confrontant à leurs démons que les artistes pondent les oeuvres qui les représente le plus. En ce qui concerne Lowky il est difficile de dire si ce projet le représente déjà, mais il constitue dans tous les cas une carte de visite de très bonne facture. Il y maitrise son univers tout en imposant sa patte aidé par ses textes et ses mélodies. En seulement trois morceaux il a déjà livré une synthèse solide de ce dans quoi il excelle.