Format Court #3 : Okala, Arche, Dogs For Friends

Chez La Face B, on adore les EP. On a donc décidé de leur accorder un rendez-vous rien qu’à eux dans lequel on vous présentera une sélection d’EP sortis récemment. Troisième rendez vous aujourd’hui dans lequel on plonge dans les émotions d’Okala, Arche et Dogs For Friends.

Okala – First Step

Un coup de foudre, ça arrive souvent sans prévenir. En musique, alors que l’éphémère est malheureusement devenu un mode de consommation trop commun, il se caractérise par les poils qui se hérissent, une attention qui ne trouve son centre que dans ce qui se passe dans nos oreilles et finalement l’envie d’écouter un titre à l’infini pour en découvrir toutes les facettes, pour l’ancrer en nous et finalement le transformer en une partie de nous. C’est exactement le genre de sensations qui sont venues nous habiter lorsqu’on a découvert Forbidden Love de Okala. On pourrait parler des heures de ce morceau, de sa lente montée en puissante, de cette voix tendre qui met un temps à arriver, laissant évoluer cette ambiance de pop de chambre qui nous envoute et nous cajole, nous confrontant à une émotion rare et prenante. Le titre évolue, mouve, dans une pop qui semble si simple mais jamais simpliste, qui ne se refuse pas le droit à l’expérimentation. Heureusement pour nous ce titre n’est pas un coup d’épée dans l’eau et les trois titres qui l’accompagnent dans ce bien nommé First Step sont à l’avenant. Une pop aérienne, planante et prenante qui pourrait sans soucis devenir la mélodie d’un rêve qu’on espère vivre le plus souvent possible. Alors que Forbidden Love cloture le voyage, 7 AM nous en ouvre les portes et joue lui aussi sur plusieurs facette, grandissant comme un souffle qui finit par se transformer en cri, la douceur laissant place à des penchants folks pour finir sur une brutalité électronique assez inattendue. First Step se fait plus physique, avec un synthétiseur plus en avant et une guitare électrique bien sentie et à des harmonies vocales classieuses. De part ses expérimentations, la musique d’Okala nous fait la sensation de Beach Boys qui auraient été bercés au son de Radiohead et de Blur. Lion’s Den semble être un condensé des autres morceaux, logique quand on sait que c’est avec ce titre qu’Okala s’est présenté au monde, l’émotion y est folle, portée par un piano qui nous comprime le coeur et fait monter les larmes dans nos yeux. Ce premier pas est donc une jolie réussite, navigant dans des terres anglo-saxonnes sans jamais les singer, Okala affirme la patte d’une musique qui n’en finit pas de nous surprendre. On en demandait pas tant.

Arche – Le A

Si on l’orthographie correctement, au milieu du A, il y a un trou dans lequel peut passer l’air, au travers du quel on peut sans doute regarder le monde. Si on prend Le A de Arche, la donne est un peu plus différente. Bien loin du vide, leur premier effort est plutôt bien rempli d’une musique ou la guitare se taille la part du lien mais ou les synthétiseurs ne sont jamais loin. En son milieu, on trouve Back To The Sun, leur morceau phare, celui qui éclaire la nuit et qui nous emmène tambour battant dans l’univers des quatre lyonnais, Une grosse basse pour le rythme, des harmonies vocales et un titre qui nous pousse autant à la danse qu’au chill le plus tranquille, ce titre de Arche a les allures de la petite pépite pop qui égaiera n’importe qu’elle soirée, qu’elle se déroule dans un appartement parisien ou sur une plage bercée par la lune, un soir d’été. Autour du titre central, ces jeunes gens modernes brossent un style qui ne se refuse rien, basculant autant dans la pop que dans le psychédélisme ou dans des variations plus douce qui n’hésite pas à laisser des titres relativement court respirer. On vibre sur Le A, titre quasiment instrumental qui laisse exprimer des tendances tropicales, My Only ramène en nous le soleil qui disparait un peu trop souvent dans le ciel (on est du nord ou on ne l’est pas …). Alors que Dream Alone se fait un peu plus onirique et on se plait une nouvelle fois à entendre les voix se mêler les unes aux autres pour nous pousser vers une transe aussi inattendue qu’explosive sur l’incroyable Stop Losing. Vous l’aurez compris, Le A de Arche est majuscule, la preuve d’un groupe qui s’amuse et nous emmène avec lui là ou il veut aller, alors un conseil : laissez vous guider.

Dogs For Friends – Fatboy

Il est de ces artistes qui ont le pouvoir d’avoir déjà tout retranscrit de nos chimères, on tombe par un heureux hasard sur leur disque et tout devient limpide. Fatboy, c’est ce ciel noir, immense et immuable, dans lequel les étoiles viennent finalement s’imposer, elles s’élargissent et fondent délicatement dans nos yeux, on absorbe le vide et on contemple les charognes de nos pensées, on se balance en silence dans les mystères de notre existence avant de revenir, indemne et presque soulagé à notre réalité. C’est en quelque mots la force de cet EP, des mélodies profondes ou les accords de basse et de guitare viennent porter et élever presque religieusement une voix grave mais pourtant si suave. Ecouter cet EP c’est être capable d’accepter nos sentiments et nos situations au travers de quatre morceaux, estimer que l’on a besoin de quelqu’un à ses côtés et l’exprimer “I know I’m an emotional, any fucking times I cry” dans Aynidya, un titre si évident car “Aynidia by my side”. Dogs for friends c’est cette musique glaciale qui donne si chaud, un temps j’aurai voulu les comparer à la coldwave de Motorama mais c’est définitivement quelque chose d’autre, comme un sentiment étrange qu’on lie à un constat. Ce constat c’est celui de la difficulté de nos songes, mais la certitude que la vie reste malgré tout douce à respirer. Notre âme si délicate reste guidée par des rencontres et des moments de vie et de partage, c’est en tout cas un des message de Coldsun, lorsque tout s’effondre, il reste ce soleil froid qui vient guérir notre coeur. Découvrir ce disque c’est en quelque sorte se rassurer, se conforter, se rendre compte de notre chance et se laisser porter par la mélodie émancipatrice. Pour imager la musique de Dogs For Friends rien de mieux qu’une flamme de bougie qui se noie dans la cire, qui lutte, vacille, mais jamais ne s’éteint.