FONTAINES D.C. « C’est cette peur de ne plus être capable de créer qui a donné l’ambiance générale de l’album »

C’est en pleine promo de leur nouvel album A Hero’s Death que nous avons pu croiser le chemin des plus irlandais des punks. Entre deux répets pour le Arte Eccho nous avons eu le privilège d’échanger sur leur vision de la musique, leurs vies chamboulées, et la façon dont ils sont accueillis en France.

Ces derniers devront passer deux semaines en confinement une fois retourné en Angleterre, preuve de leur engagement sur cet album. Ils seront donc bloqués tous les cinq en studio afin de composer et écrire, ce qui n’annonce (pour nous) que le meilleur: de nouveaux titres qui rythmeront nos pensées. 

C’est donc avec Tom Coll, le batteur du groupe, et Conor Curley, guitariste, que nous avons pu nous isoler un instant. Mais c’était sans compter Carlos O’Connell qui prenait visiblement beaucoup de plaisir à rouler en boucle dans le hangar avec la voiture golfette pendant sa propre interview. Après avoir tenté d’embarquer ses acolytes dans la mini-voiture, le vrombissement de sa ballade devient un fond sonore. 

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LFB: Hello les gars! Tout d’abord un immense merci d’être en France pendant cette période particulière. On commence avec la base: Comment définiriez-vous votre musique?

CC: Oh question difficile… Je dirais vraiment que c’est la combinaison de tout ce que nos influences personnelles vont ramener, tout ce dont notre groupe est fait. La musique en général, la littérature, le cinéma… C’est véritablement la jonction de nos cinq esprits, ce point de rencontre qui fait ce qu’on crée. 

LFB: Vous êtes tous des amateurs, voir des auteurs, de poésie. Pourquoi avoir choisi la musique comme moyen d’expression? Qu’est-ce que cela apporte « de plus »?

TC: On jouait tous de la musique depuis que nous étions jeunes, et au final nous sommes arrivés à la poésie beaucoup plus tard, vers mes 20 ans personnellement. On jouait tous dans des groupes, et la poésie était un moyen de créer totalement différent, et extrêmement inspirant. La poésie a toujours une énorme influence sur nous.

LFB: A Hero’s Death est un véritable changement dans votre musique. C’est une porte vers la liberté et une quête pour l’indépendance. Le message de ne pas être influencé par les autres et d’affirmer ses propres convictions apparait dans presque tous les titres. Comment ce message vous est apparu et pourquoi il semble si important aujourd’hui?

CC: Je pense qu’il reflète exactement l’état d’esprit dans lequel nous étions l’année dernière. Nous étions tellement en tournée… Et c’était fantastique! Réussir à vivre de notre musique, c’est ce que j’ai toujours voulu. Mais c’était épuisant de voyager autant, et à partir d’un moment on pouvait avoir ce sentiment de perdre une part de son indépendance, et en perdant cela on a peur de perdre sa capacité à être créatif… Nous étions chaperonnés absolument partout où nous allions! On a envie d’être soi-même, d’avoir ses propres sentiments. C’est sans aucun doute cette peur de ne plus être capable de créer qui a donné l’ambiance générale de l’album.

TC: Oui on avait des gens constamment autour de nous, et nous étions sans arrêt ensemble… On avait un peu l’impression que nos cinq consciences étaient devenues qu’une. Vous commencez à trouver ça difficile de voir qu’il vous manque pas mal de vos propres pensées. Être seul devient extrêmement important. C’est totalement l’angle de l’album.

LFB: Quels artistes ont eu une influence sur cet album?

TC: Il y en a pas mal puisqu’on a beaucoup écouté de musique alors que nous étions en tournée l’année dernière. Beaucoup de musique plus «chill», bien plus qu’avant d’écrire l’album précédent. C’est aussi pourquoi le nouveau est plus mélodique. Et de la musique de cow-boy.

CC: Ouais cow-boy!!

TC: Ouais on adorait écouter de la musique country, des trucs de cow-boy, alors qu’on se baladait à travers les pays. C’est génial aussi! 

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LFB: L’album est représenté par la mort de Cuchulainn, héros de la mythologie irlandaise et symbole de l’insurrection de 1916. A quel point cet évènement est essentiel pour vous et les Irlandais?

TC: Cette statue est en fait un mémorial pour l’insurrection de 1916. Elle se trouve à la poste centrale de Dublin, qui fut le quartier général des rebelles pendant l’évènement. Je crois qu’elle a été placée là pendant les années 60 (1935 NDLR) mais si elle a été construite dans les années 20 par Olivier Sheppard. Elle représente véritablement le renouveau de l’Irlande: passer d’une domination britannique à un état libre. Une histoire renforcée et illustrée par la mythologie de Cuchulainn… On s’est dit que ce serait vraiment une pochette très cool, surtout reliée avec le nom de l’album: A Hero’s Death. C’est un véritable héros pour les Irlandais.

LFB: Surtout que la statue représente le moment précis où il s’attache à un poteau pour mourir debout…

TC: Comme on le souhaite tous!

LFB: Vous avez enregistré les premiers titres aux Etats-Unis, mais vous n’avez pas apprécié le résultat final. Quelles sont les raisons? Qu’avez vous voulu changer?

CC: Oui on a enregistré les premiers essais à L.A. Et ce n’est pas que c’était véritablement mauvais! Mais cela ne convenait pas à notre son. Peut-être que c’était beaucoup trop policé, que ça sonnait trop « L.A. ». C’était très important du coup pour nous de revenir à Dan Carey pour produire l’album une nouvelle fois. Et c’était véritablement une expérience agréable de revenir au même endroit, de connaitre les gens avec qui on travaille. C’était comme un sentiment de « revenir à la maison ». Donc oui, toute cette expérience L.A. n’était pas véritablement nous. 

LFB: Le clip de A Hero’s Death est une vraie superproduction, alors que d’autres ont été réalisés par vous-mêmes durant la quarantaine. Est-ce que cela a changé la façon dont vous voyez votre musique et la façon dont vous voulez la traduire en images?

CC: On n’avait pas le choix de s’adapter tu sais… Les restrictions de la quarantaine étaient tellement sévères à cette période. Tout ce que nous pouvions faire c’était prendre une caméra, et Grian, et trouver des endroits pas loin de chez lui. Mais cela a beaucoup changer notre perception de ce que devait être un clip. C’est cette simplicité qui, de mon point de vue, a donné ces clips aussi uniques et puissants. 

LFB: Vous préférez donc ce format?

CC: Je pense que c’est vraiment cool d’être capable de faire ces trucs avec un budget aussi bas, surtout quand on compare avec le prix que coûte un clip normalement. C’est juste dingue qu’à chaque fois que tu veux lancer une chanson ça coûte un bras, pour payer des acteurs qui interprèteront la chanson etc. Je pense que c’est véritablement un business-modèle bien plus réaliste d’être capable de faire un clip avec une seule caméra. Je ne suis pas porté sur les affaires, mais on se sent mieux de ne pas avoir à dépenser une fortune dedans. 

LFB: Et c’est assez punk ce côté do it yourself…

CC: Ah mais totalement!

LFB: Vous avez un profond attachement à l’Irlande bien sûr, mais aussi les Etats Unis. Que pensez vous de la France?

CC: La France c’est génial!

TC: Oh j’adore la France.

CC: J’adorerais pouvoir parler un peu mieux la langue du pays où l’on voyage. Je pense que ça « débloquerait » pas mal de choses pour nous. Surtout quand on vient aussi souvent. On est absolument tombé amoureux de la France quand nous sommes venus lors des tournées. Les gens sont tellement gentils, ils prennent vraiment soin de nous. Et toute cette nourriture! Après les concerts… C’était toujours génial.

TC: La nourriture sur les shows est juste incroyable… Vraiment toujours le level au-dessus! En Angleterre et Irlande on a genre des sandwichs au fromage et c’est tout. Ici c’est un étalage de choses délicieuses. On se sent comme des rois ici! 

LFB: Aujourd’hui on voit un merveilleux retour de la scène punk en Angleterre particulièrement, tel que Idles, Girl Band, Murder Capital ou Shame. Comment est ce que vous vous placez dans cette dynamique? 

CC: Oh, je pense qu’avant on aurait répondu que nous sommes assez différents de tous ces groupes. Mais la réalité c’est que notre public va probablement voir ces mêmes concerts, parce qu’en soit c’est le même monde et quelque part le même style de musique. Je suis véritablement heureux pour tous ces groupes de voir ce qu’ils font, leur musique est géniale et ils touchent les gens. Pour en connaitre certains je sais qu’ils travaillent énormément sur leurs albums et le mix final. On est peut être un peu différent dans le sens où l’on s’est adouci, on est peut-être un peu plus lent, plus grunge dans cet album. T’en penses quoi Tom?

TC: Exactement la même chose. On a vraiment de la chance d’être catégorisé dans le même monde que tous ces groupes, ils sont tellement géniaux. Je comprends pourquoi, cependant on a chacun nos spécialités! Tous ont leur propre truc et ils le font parfaitement. C’est bon d’être dans le coin!

LFB: Vous avez eu quelques découvertes musicales ces derniers temps? 

CC: On était tellement pris par notre album que j’ai réalisé que le peu de temps que j’ai eu pour écouter de nouvelles choses, c’était plutôt des vieux trucs… J’ai par exemple adoré l’album de Sorry, mais là je me sens un peu en dehors du truc… J’adorerais découvrir des groupes français par contre!

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LFB: Quelle est votre relation avec la scène? Comment vivez vous d’en être éloigné depuis la pandémie et de ne pas savoir quand vous y retournerez? 

TC: Je ne pensais pas que cela me manquerait d’être en tournée, mais c’est vraiment le cas en faite… On a fait un concert hier soir, et c’était la première fois que nous jouions devant des gens depuis… mars je pense? Six mois à peu près. Et même si c’était assis, avec des gens masqués, ce qui était un peu bizarre, j’étais obsédé par les lumières… Voir tous ces flashs illuminer les visages, c’était tellement hypnotisant, quelque chose que je prenais pour acquis! Maintenant je pense que je vais jouer en concerts d’une façon totalement différente que l’année dernière. Je vois tout cela avec un oeil nouveau, tout comme le fait de pas tout prendre pour acquis. C’est définitivement quelque chose de positif! Jouer avec ses potes c’est quelque chose de génial, mais quand on voit un groupe de gens bouger comme une seule personne, c’est un truc tellement cool à voir. C’est ce qui me manque le plus.

CC: C’est peut être un peu égocentrique, mais ça me manque tellement de jouer de la guitare super fort… Juste jouer de la façon dont on le sent! Quand on est en studio on construit quelque chose, on doit être rigoureux. Mais quand on est en concert, qu’on joue fort, on est véritablement tous ensemble! Ouais ça me manque, juste faire du bruit…

LFB: Grian Chatten, votre chanteur, a appelé à supporter les artistes dans ce contexte particulier. Pouvez-vous expliquer le but et comment nous pouvons aider les musiciens?

TC: Si vous aimez un artiste, achetez juste le tee shirt ou un truc du genre. Comme on ne peut plus aller dans les concerts, juste vraiment profiter de la musique… Et si ça vous tente, achetez le tee shirts! J’en ai acheté tellement qu’au final je ne porterais jamais et trainerons chez moi!

LFB: Et lesquels du coup?

TC: Une affiche et un tee shirt Girl Band! Et un tee shirt Kneecap! Un trio de rap irlandais, un peu le seul rap que j’écoute… Ils poussent pas mal les frontières du langage!

CC: C’est clair que eux, ils sont véritablement uniques! Ils ont bien sur des tas d’influences Hip Hop assez classiques. Mais ils rapent en irlandais, et comme ils viennent de Belfast ils parlent énormément de drogues ou citent l’IRA. Ils sont véritablement inventifs.

LFB: Un immense merci pour votre temps. On espère découvrir l’album très prochainement sur scène!

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ENGLISH VERSION

LFB: Hello guys, thank you so much to be here in France during this weird time! Let’s begin with the foundations. How do you define your music? 

CC: Oh tough question… I would say that it’s a kind of combination of all our personal influences will bring, all that make our band. Music in general, literature, films… This is really the meeting point of our five minds, this center point of creation. 

LFB: You are all lovers, and writers, of poetry, why did you choose music as a way of expression? What does it bring «more»?

TC: We were all playing music since a young age, and came to poetry quite late, my 20 personally.  We were all playing in some bands, and poetry was kind of different for me, and very inspiring. Poetry has still a great influence on us. 

LFB: A Hero’s Death operates a great change in your music. It’s a door towards freedom and quest for independence. The message to not let be influenced by the others and to affirm your own convictions emerges in almost every title. How this message came to you and why it seemed so important today?

CC: I suppose that it reflects exactly the condition we were last year. We were in tour so much… And it was amazing! Making our living for playing music, it was what I always dream for. But it was exhausting to travel every day, and starting a while we had this feeling that our independence is sleeping away and by loosing that, you lose your ability to be creative… We were kind of chaperoned all around these places! You want to be yourself, feel your own feelings. This is this fear to not be able to write music anymore which give this general feeling of the album.

TC: Just being around people constantly, being together all the time… Yours consciousnesses kind of become one. You find hard that you are missing a lot of your own thoughts you know.  Being alone is very important. It’s totally the angle of the album. 

LFB: Which artists had an influence on this album?

TC: There is quite a few as we listen a lot of music when we were touring last year. We were listening much more «chilled out» music than before we write the first album. This is why the new one is kind of more melodic. And cow-boy music. 

CC: Oh yeah cow-boy!!

TC: We loved to listen country music, cow-boy things, when we were hanging around countries. It’s great too!

LFB: The album cover represents the death of Cuchulainn, hero of the Irish mythology  and symbol of the insurrection of 1916. At what point this event is essential for you and Irish people in general?

TC: That statue was a memorial statue for the 1916 rising. It’s in the General Post Office in Dublin, the rebel headquarters. I think this statue was chosen in the 60s (1935 NDLR) even if it has been made in the 20s by Olivier Sheppard. I think it just kind of represent the new state of Ireland: moving from a British oppression to a free state. A story reinforced by the mythology of Cuchulainn… We thought it will be a great cover, especially with the title of the album: A Hero’s Death. He’s a real hero for Irish. 

LFB: Especially that the statue represents the moment while he attaches himself to a pole to die standing…

TC: Like we all want!

LFB: You recorded the first titles in the United States but you didn’t like the finish. What are the reasons? What did you want to change?

CC: Yes we did the first trial in L.A. And it wasn’t really bad or anything! It just didn’t really suit our sound. Maybe it was too polish, too L.A. sounding. So it was really important to come back to Dan Carey to do the album again. And it was really a nice experience to come back to the same place, to know the guys you will work with. A real «coming home» feeling. So yeah that all L.A. wasn’t really us. 

LFB: The music video for A Hero’s Death is a kind of super production, while some of yours music videos were realized by yourself during the quarantine. It was the first time? Does it change the way you saw your music and the way you wanted to translate it into image?

CC: I think we just kind of have to adapt you know… The quarantine restrictions were so severe at the time. All we kind really do is to send a camera, and Grian, to a place besides his house. It changes a lot about our idea of what we want a music video to be. It’s this simplicity that, in my opinion, creates very unique and powerful videos.

LFB: So you prefer this kind of music videos?

CC: I think it’s really cool to do that’s stuff in low budget production. Because music videos cost so much money you know. It’s a crazy thing that each time you want to release a song you need a bunch of money to get some actors interpreting your song… It’s a lot more realistic business model to be able to do these music videos with only one camera. I am not business inclined, but it’s feel better to not have to spend so much money in a music video.

LFB: And it’s kind of punk this Do It Yourself thing…

CC: Exactly yeah!

LFB: You have a profound attachment with Ireland, but also United-States. What do you think of France?

CC: France is great!

TC: Oh I love France. 

CC: I wish I could speak more the language of the country we travel in. I think it could kind of «unlock» the country to us a bit more. Especially that we are coming so much. We found in love of being here when we start touring. People are so nice, they look after us so well. And all the food! The aftershows, it was always amazing!

TC: The food on the show is just unbelievable… Always next level! They don’t do that in UK or Ireland, you have like a cheese sandwiches or something and that’s it. Here it’s an all spread of amazing things. We feel like royalty!

LFB: We see a wonderful comeback of the punk stage this days in England and Ireland, like Idles, Murder Capital, Girl Band or Shame, how do you place yourself in this dynamic? 

CC: Oh, I think before we would have answered that we are kind of doing different stuff. But the reality is that our public is going to see the same shows, because you know we are in the same world, and sort of the same type of music. I am just really happy for these bands to be able to do what they do, they are doing really great music, they touch people. I know from meeting them that they work a lot on their album and their mix. I think we might be a little different in the way we get softer, maybe slower, grungier on this album. What do you think Tom?

TC: We are very lucky to be put in the same world that all this bands because they are absolutely amazing. It’s make sense, but they are all doing their own thing and do it great. Good to be around!

LFB: Do you have some musical discoveries you fall in love with this past weeks?

CC: We were involved so much in our album that we realized that I didn’t have the time to listen new things, much more old stuff… I loved the new bands like Sorry for example, but i feel out of touch now. I would love to find some french bands!

LFB: What is your relationship with the stage? How do you live to be far from it since the pandemic and not to know when you will get back?

TC: I didn’t think that I will ever miss touring but I actually really do… We did a show last night, and it was the first time we played in front of people since… march I think? Six months like. And even tho it was a sited show, with people wearing the masks, I was obsessed with the lights… Seeing all this flashes on people’s faces, it was such an hypnotic thing I just took for granted! I think I will play live show in a very different way that last year. I see it with fresh eyes, as not take it for granted. It’s a very positive thing! I think playing together with your mates is such a great moment, but when you see like a group of people moving as one it’s such a cool thing to see. That’s what I miss anyways. 

CC: It can sound so egocentric, but what I miss is to play very loudly. Just play what I feel! When we are recording, you try to construct something and you need to be straight. But when you are on stage, playing loud, we are really together. Yes I miss this, just making noise…

LFB: Grian Chatten called out people to support the artists in this context. Could you please explain the aim and how we can help the artists?

TC: If you really like an artist go buy their tee shirts or something. As you can’t go to shows, just consume the music and enjoy it…. And if you feel it, go buy the tee shirt! I afford so many, I will never wear it, they will be just in my house!

LFB: Which tee shirts you bought?

TC: A Girl Band print and a Girl Band tee shirt! And a Kneecap teeshirt! An Irish rap trio, the only rap I listen… They are pushing the borders of Irish language for sure.

CC: Yes just them! They are very unique! They definitely have a lot of classic Hip Hop influences. But they do it in Irish, and as they come from Belfast, they speak a lot about the IRA, and the drugs. They are very inventive. 

LFB: Thank you so much for your time. We hope to discover the album very soon on stage!