FOAMS : « On crée de la musique d’après soirée »

Des catastrophes, de nos blessures et de nos peines il peut sortir quelque chose de fantastique. Se servant de la musique comme catharsis, le groupe d’électro (un peu rock) Foams a décidé de vous mettre une claque autant musicale que sentimentale. Aussi généreux qu’enthousiastes et complices, nous avons eu la chance de les rencontrer dans leur studio pour parler solo de claviers, retours de soirées douloureux et en prime, de l’espoir pour ceux qui ont renversé leur bière sur leur ampli. Entrevue avec le groupe Foams au sujet de leur EP Are you satisfied?

Foams
Foams – crédits: non_deux_non

LFB : Hello Foams ! Comment allez-vous ? 

Foams : Vachement bien !

Anatole : On rentre d’un concert, on est heureux que ça reprenne ! 

Alex : Je suis ultra détendu là… On a passé des semaines compliquées, mais aujourd’hui tout va bien ! 

LFB : Vous avez une histoire de groupe assez particulière… Juste pour replacer un peu le contexte, comment vous êtes-vous rencontré ?

Anatole : Paul et moi on est cousins. (rires du groupe)

Paul : Cousins éloignés ! On a une cousine en commun. Enfin je n’ai jamais vraiment compris si on avait vraiment un lien de parenté. (rires)

Sophia : Ils ont décidé qu’ils étaient cousins autour d’une bouteille de whisky. (rires)

Anatole : On ne se connaissait pas, on s’est croisé et on a eu envie de créer un groupe. Un truc de lycée, on avait 16 et 18 ans. Ferdinand était aussi dans mon lycée, puis par des jeux de hasard on a rencontré le reste du groupe. Alex par une connaissance et Sophia car on l’a vu en concert et on l’a repêché.

Sophia : Paul est venu me voir me disant qu’ils avaient un groupe et pas de chanteuse, je les ai rencontrés et on s’est plus jamais quittés depuis. (rires) Je faisais du rock psyché au Maroc, on venait de temps en temps à Paris faire des concerts mais certains sont restés au Maroc alors ça n’a pas tenu.  

LFB : De quelles influences musicales êtes-vous issus chacun ?

Alex : Du rock psyché aussi, mais surtout du rock progressif, 70’s, anglais. Entre Pink Floyd et Led Zeppelin

Paul : Ferdinand et moi on est plus stadium rock. Ados on adorait Muse, Queen… Puis tout le rock anglais des années 2000 comme Arctic Monkeys. Plus récemment, toute la pop française 2010-2015 !

Anatole : Un peu les mêmes influences, a part le stadium rock… Le rock des années 2000, le classic rock avec les Rolling Stones, les Beatles, Led Zep…. En plus de ça, mon père était le directeur d’un théâtre où l’on jouait beaucoup de classique. J’ai passé mon enfance et mon adolescence baigné dans cet univers. Cela ne se retrouve pas forcément dans nos influences mais ça m’a forcément marqué. Comme toi Alex non ?

Alex : Tout à fait, ma mère est chef d’orchestre à Madrid et j’ai grandi dans le classique. J’ai eu ma phase ado où je voulais plus en entendre parler mais on y revient toujours. 

Sophia : Personnellement j’ai grandi entre le rock anglais de mon père et les musiques de cabaret. Ma mère était danseuse et m’a abreuvé et bercé de ses chorégraphies, de scène, de paillettes, de Moulin Rouge.

Paul : De façon plus générale et commune, on peut aussi parler de la French Touch. Plus tardivement, mais un point commun entre nous tous.

Alex : C’est sûr qu’en Espagne on n’écoutait pas ça, c’était du reggaeton depuis 20 ans alors qu’ici ça vient d’arriver. Forcément, ces groupes électros minimalistes et ultra puissants comme Gesaffelstein, Carpenter Brut, Sebastian, Justice c’est une claque ! 

Foams: Ghost Town live session

LFB : Vous aviez donc débuté un groupe de rock, puis une inondation vous a fait perdre tout votre matériel. Comment avez-vous réagis sur l’instant ? 

Foams : Le déni !!

Alex : Première réaction : « Qui a mis de l’eau dans l’ampli ? »

Anatole : Non accusateur ! « Pourquoi tu as mis de l’eau dans l’ampli ? » (rires)

Alex : Mais non !! Je prends l’ampli de guitare et l’eau coule par terre.

Sophia : On jouait le week-end de la coupe du monde, on a déposé nos instruments dans notre salle de repet et on est parti voir le match. On est revenus deux semaines plus tard, il y avait une trace monstrueuse de moisie, les cartons en lambeaux….

Anatole : On venait d’acheter un nouveau système son.

Sophia : On a passé la repet à vider l’eau des instruments, on les a mis à sécher pendant deux mois et on a croisé les doigts. Entre-temps on s’est vraiment posé la question si c’était un signe du destin pour que l’on arrête la musique ou si c’était le moment de se réinventer. On a bricolé sur ordi, en empruntant des claviers à droite à gauche. La transition a commencé à ce moment-là. 

LFB : Est-ce que c’était une évidence de se tourner vers la musique électronique ? Après tout, vous auriez pu retourner au rock ! 

Alex : Pour être honnête, quand je suis arrivé dans le groupe vous aviez déjà une volonté de faire du rock électro. Il y avait déjà Ferdinand au clavier !

Anatole : Au début il n’y en avait pas du tout. Ferdinand était à la basse, parce qu’on avait besoin d’un bassiste.

Sophia : Pauvre Ferdinand !  (rires)

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Foams – crédits: non_deux_non

Anatole : C’est seulement après un an d’ancienneté du groupe qu’on l’a découvert au moment où l’on est partis en Croatie. Il y avait un piano et il a commencé à jouer du Mozart avec les doigts qui courent partout. J’étais en mode : « Mais préviens ! » (rires)

Paul : On était tous tiraillés entre nos influences, et l’électro a été un terrain d’entente commun. Les mélodies pop de Sophia, le kick électro, et l’agressivité rock mise sur les claviers.   

Alex : On a abandonné la batterie, la guitare et la basse, mais en vrai on a pas abandonné le rock. Les solos de claviers c’est des réflexes de rockeurs. 

LFB : Sophia, tu as été séparée du groupe plus de six mois, comment avez-vous continué de travailler pendant cette période ?

Paul : Sophia est partie étudier en Norvège et nous avions déjà des dates de signées. Les organisateurs ont été d’accord que l’on enregistre sa voix et on a écrit tout un nouveau set électro, des remix de nos titres. 

Sophia : Entre-temps, je suis partie avec un minuscule clavier et j’ai commencé à composer en piano voix. J’ai écrit un titre et j’étais terrorisée que ce soit nul. J’ai eu Paul au téléphone qui m’a encouragé à nous l’envoyer. Je l’ai fait, et immédiatement j’ai fermé mon ordi pensant qu’ils allaient me juger. Et ils n’ont pas répondu. (rires) Trois jours après, ils m’ont envoyé un morceau avec en petit mot « on a tenté quelque chose ». C’était Good Night, et remixé quasiment de la même manière que la version actuelle. Une évidence, le début de toute la série de morceaux qui ont été composés pour cet EP. Du piano voix transformé.  

J’ai aussi eu le début de Ghost Town et Vital Vibration que j’ai pu jouer au groupe en rentrant à Paris. J’avais que le refrain qui tournait en boucle sans avoir le reste. J’ai donné le bébé un peu trop vite, et je ne savais plus pourquoi j’avais créé ce morceau. Les gars avançaient sur la prod et moi je bloquais sur les paroles. C’est le moment où l’on s’est retrouvé physiquement ensemble qu’on a tout débloqué et accouché de l’EP.

Anatole : Les paroles de Sophia sont ultra importantes pour nous. On va les écouter attentivement, débattre, s’imprégner, jusqu’au moment où l’on est d’accord sur le sens et que l’on compose. Souvent Sophia vient avec seulement le début, et elle attend de voir ce que l’on en pense pour écrire la suite avec nos interprétations. 

Alex : On a trop essayé de composer à l’aveugle. Faire de la musique pour faire de la musique. Mais tout cela manque de sens !

Sophia : On n’exprimait rien dedans. En partant des paroles, on a trouvé quelque chose à dire dans la musique. Au lieu de fumer une clope ou boire une bière je me mets devant mon clavier. C’est très brut ! Et on peaufine tous ensemble. C’est important que l’on porte la même musique et le même sens. 

Alex : On est pas des poètes du XIX ème qui mettent les mots dans le marbre. (rires)

Sophia : On choisit ensemble l’histoire que l’on veut raconter.

Foams: Losing My Mind live session

LFB : Et du coup c’est quoi cette histoire ?

Sophia : Il y deux faces : la façade, et le moment où j’ai écrit ces chansons. Comme pour la pochette de l’EP, il y a la face maquillée qui te raconte ce que tu as envie d’entendre, et la part d’ombre, le pourquoi. 

Le pitch global, c’est le moment où tu arrives dans une grande ville et ce sentiment d’étouffement et d’indifférence générale. C’est un cri, un appel à l’aide. C’est pour cela que l’on a appelé l’EP Are you Satisfied ? car c’est le moment où l’on répond « non. » Une prise de conscience. Ghost Town raconte cette vie de machine, métro boulot dodo. Good Night permet de prendre du recul et de s’isoler car on ne se reconnait pas dans ces gens. Les angoisses remontent et t’empêchent de dormir. Losing My Mind est le moment où tu cherches des solutions pour aller mieux, mais que tu souhaites t’éclater la gueule pour oublier. On veut extérioriser son mal être. Vital Vibration est la révélation, tout ce sac d’ennuis et de traumas que l’on ne digère pas on ne pourra jamais le jeter. Il faut apprendre à l’apprivoiser et en faire quelque chose. Notre solution, c’est d’en faire de la musique. On rend hommage à celle-ci, mais aussi au théâtre, au cinéma, à la peinture et la sculpture à travers nos live sessions. On peut faire quelque chose de bien à partir des choses les plus pourries en nous. 

Ensuite il y a toutes les petites histoires derrière ! Ghost Town représente pour moi ce moment où j’étais en Norvège dans un pays que je ne connaissais pas et que je me demandais vraiment ce que je foutais là. J’ai finis par faire un parallèle avec Paris, l’opposé en terme de vie, et je ne savais pas où me positionner entre les deux. Ce qui les reliait cependant, c’est ce sentiment d’étouffement que je ressentais. En Norvège, le soleil ne se couche pas. Je n’arrivais pas à dormir, et c’est pour cela que j’ai composé Good Night. Des nuits blanches qui me rendaient folle ! « I can’t sleep at night, I am only lying awake” tournait en boucle dans ma tête avant que je le couche par écrit à deux heures du mat. 

Paul : Quand le soleil se lève quoi. (rires)

Alex : : Il y a quelque chose de très littéral dans la façon d’écrire de Sophia, une matière très premier degré et très brute qu’il faut polir mais qui laisse ainsi une grande place à l’interprétation. Losing My Mind parle plutôt d’une anecdote personnelle, une soirée où j’étais totalement fracassé puisque c’était la première fois que je prenais de la drogue de synthèse. (rires) Je me suis littéralement réveillé à 5h du mat à poil à Boulogne contre un lampadaire. Pas de chaussures, mais miraculeusement mon téléphone et mes clefs. Le « A look » de la chanson, c’est parce qu’une nana angoissait dans la foule et nos regards se sont croisés et je l’ai pris dans les bras pour se rassurer. On ne s’est jamais revu bien sûr. Mais ce « a look » peut être pris de façon un peu angoissante. Il faut l’élever un peu plus.

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Sophia : On est hanté par quelque chose tout le long de l’EP. Vital Vibrations est le morceau le plus perso puisqu’il raconte en partie mon enfance au Maroc. Quand je dis que « je suis assise à la fenêtre », je suis vraiment assise à la fenêtre et je fume des clopes en secret. (rires) J’ai écrit tous mes premiers textes là-bas. Je cherchais un moyen d’exprimer ce que la musique représentait pour moi. Je suis tombée sur le Om, qui serait le son qui aurait crée l’univers dans la culture Hindoue, puis sur son synonyme anglais vital vibration qui exprime à l’exactitude ce que la musique représente pour moi. Une vibration vitale, un puit sans fond dans lequel on peut s’abandonner. Bon les gars n’ont pas partagé mon enthousiasme immédiatement. (rires) Le refrain est la dualité que tu peux ressentir dans la musique. « Si tu n’étais pas là je serais déjà sans doute au paradis. Ou peut-être que c’est toi qui me mets six pieds sous terre ». Bon ok, en français on dirait du Johnny. (rires) Mais c’est vraiment cette dualité, cette question récurrente si l’on a vraiment envie de faire de la musique pour vivre. Les chœurs à la fin représentent cette libération sacrée.  

Alex : Toutes les voix en chœurs sur les morceaux sont angoissantes. A la fin, elles reviennent de façon majeures, positives, comme si on les avait apprivoisées. C’est un peu un EP diagnostique. C’est ok de dire que ça va pas, même dans une société du wellbeing. On voit trop tourner des vidéos insta avec des gens qui te conseillent de faire ton yoga le matin, ton petit planning etc… Tout le monde est positif, content, mais en faite non ça va pas ! On se met vraiment la pression !! 

Sophia : Dans la Dance musique aussi ! C’est toujours « je croise un mec trop sympa et je l’emballe » et t’as juste envie de dire « NON. » Tu es sur la piste de danse, mais ça ne va pas en fait, tu ne te sens pas à ta place. On ne voulait pas forcément faire de la musique qui va passer en boite de nuit, on voulait parler de ce moment où l’on rentre chez soi. Ce retour seul, où l’on déprime un peu. Dans ces moments je me rappelle la larme à l’œil tout ce par quoi nous sommes passés, et que l’on a bien évolué. (rires)

Alex : Ou à 7h du mat dans le métro pour aller à ton job de merde qui te paye ton loyer. A ce moment là tu écoutes Vital Vibration pour aller mieux. 

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LFB : C’est intéressant cet aspect santé mentale. Avec la crise du covid, c’est la première fois que l’on a parlé de ce sujet et que l’on a dit que c’était ok de pas aller mentalement. 

Alex : Totalement. C’est horrible cette fausse positivité. Quelqu’un qui râle va mieux que quelqu’un qui garde tout pour lui. 

Paul: Cet EP est arrivé à un moment où l’on se posait beaucoup de questions, on sortait de l’adolescence, et être adulte veut dire que tu t’acceptes tel que tu es, avec ce que l’on porte de négatif aussi. 

Anatole : On s’est accordé cette thérapie. C’est notre démarche. 

Sophia : C’était aussi le moment où tout le monde jugeait notre choix de vie « tu sais que tu vas galérer, tu ne vas pas avoir d’argent etc »

Alex : « c’est quoi ton vrai métier » (rires)

Sophia : On a dû se poser la question si on voulait être un groupe du dimanche ou nous. Et j’emmerde cette société, c’est vital pour nous ! On est sincères, on n’essaye pas de se cacher, ce sont des choses qu’on ressent. Un vrai processus. Pendant l’enregistrement j’étais enfermée dans le noir et je pleurais toutes les larmes de mon corps. Grâce à ça j’ai sorti quelque chose d’expiatoire et j’étais prête à avancer.

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LFB : C’est l’histoire de votre groupe aussi, d’une catastrophe vous réussissez à créer de la musique qui vous correspond plus et vous a permis de vous déployer. 

Anatole : On voulait s’appeler Catastrophe mais c’est déjà pris. (rires)

Alex : C’est tout à fait ça, notre histoire personnelle et celle de notre groupe !

LFB : Est-ce que le fait de se tourner vers l’électro a changé votre rapport au live ?

Foams : MAIS TOTALEMENT !

Alex : Avant, comme tout bon groupe de rock on faisait une jam qu’on structurait, et maintenant c’est l’inverse. On se prend le chou comme des malades sur l’ordi avec des tonnes d’aller retours, et à la fin on se demande « Eu en faite on joue ça comment ? ». Une approche intellectuelle. (rires). 

Anatole : Ce qui est fun aussi, c’est qu’il n’y a plus de partis fixes avec chacun son instrument. On se répartit les claviers. (rires) 

Alex : A par Ferdinand, de toutes façons on est tous mauvais. (rires)

Anatole : Autre différence, on accorde aussi énormément d’importance au rendu final. Quand nous étions un groupe de rock on pensait plus à l’attitude. Et en bon guitariste soliste mon premier réflexe était de monter le volume de mon ampli. 

Alex : Et de mettre un chapeau. (rires)

Anatole : Maintenant l’importance c’est ce qui arrive au public. Dans les retours, dorénavant on demande le master. Et je pense que c’est lié au fait de vouloir passer un message.

Sophia : Notre live, on met un temps fou à le préparer. « On part de là, et on veut amener le public là. » En ce moment on commence shiny, et c’est de plus en plus dark. Les morceaux sont très différents en studio et en live. On réfléchit énormément à l’émotion que l’on a envie de produire. Une vraie cohésion, une plus grande narration.

Anatole : Alex qui s’occupe de toute la production fait aussi un énorme taff pour perfectionner le set concert après concert. 

Sophia : C’est vrai on fait tout nous-mêmes, même en concert l’ingé son a rien à faire. (rires) On veut sonner comme nous on a envie de sonner. 

Alex : ça nous est déjà arrivé que le mixage ne nous plaise pas, puisqu’on nous avait mis dans des cases et qu’il y avait des codes à suivre. On mixe tous ensemble, et même si je ne suis pas le meilleur mixeur, au moins ça nous ressemble à nous. 

Sophia : On a du mal à nous mettre dans une case en plus. Pas assez électro, pas assez rock, pas assez pop…

Alex : Foams c’est du banger vocal ! (rires)

Anatole : Faudrait qu’on passe une semaine avec un ingé son pour qu’on lui raconte toutes nos névroses afin qu’il réussisse à nous mixer comme on le souhaite. (rires)

Sophia : « alors moi quand j’étais petite… »

Alex : « Mais du coup je te mets de la réverb ou pas ? » (rires)

LFB : Quel est le titre le plus cool à jouer sur scène justement ? 

Paul : Mon gros gros kiff c’est Ghost Town ! La version live est bien étirée, avec un gros drop, le public est tout de suite pris !

Anatole : J’adore jouer Loosing My Mind, mais Good Night c’est le moment où je me sens à fond dans le live. J’oublie tous les enjeux techniques. Je lâche les chevaux. 

Alex : Moi c’est le moment où j’ai encore du stress parce que je ne connais pas encore à fond ma partie. Si je la connais trop bien je me fais chier. (rires) J’ai besoin de cet enjeu un peu maso. (rires)

Sophia : Loosing My Mind est assez violent, on voit la réaction du public qui se dit « ça fait presque mal » et que tu as envie de leur répondre « OUI ! » (rires). Quand je chante Good Night les gens chantent en général et ça me touche énormément, je n’aurais jamais imaginé ça à 13 ans. Dance est très personnelle, je prends la parole avant et c’est très émotionnel, je me retiens de pleurer. Je suis souvent possédée par mes morceaux. 

Foams: Good Night live session

LFB : Vous avez sortis une live session dans un atelier d’artiste ou salle de concerts pour chaque titre. Pourquoi ce choix de lieu et comment s’est passé ces collaborations ?

Anatole : On cherchait à illustrer l’idée de la page blanche. La société impose un peu un chemin et il y a un moment où l’on décide d’en sortir. C’est le moment de la page blanche. Commencer à jouer de la musique, prendre du plâtre et commencer à façonner une sculpture, le premier coup de pinceau des peintres… Pour imager ce moment, on s’est immergé dans des lieux d’artistes au moment où ils sont confrontés à cette page blanche. Sans eux donc, seulement leur solitude. L’atelier de peinture c’est l’atelier de ma mère, pour la sculpture c’est celui de Roseline Granet où l’on a passé la journée entourés de ces œuvres incroyables. Les plâtres qui sont d’une intense fragilité mais aussi d’une énergie formidable. Sauf celles de la fin qui sont le résultat final, la musique accompagne ainsi le cheminement de l’artiste. Il y a aussi la salle de théâtre vide où les acteurs répètent, et le Hasard Ludique dans lequel on filmait le tournage et toute l’équipe qui nous suivait. 

Sophia : On voit toutes les coulisses d’un tournage, les housses, les fils, l’équipe, guillaume le réal dans un miroir. C’était absolument magique d’être dans ces lieux de créations. Anatole a eu l’idée.   

LFB : Un truc qui m’a amusé, au Hasard ludique et au théâtre du lycée franklin vous êtes plus dans le public que sur scène…. 

Anatole : Toujours dans cette idée de feuille blanche, on a voulu montrer le processus et non produit final sur la scène. Comme un metteur en scène assis seul sur les sièges vides afin d’imaginer les décors et les placements.

Sophia : Je vois ça aussi de façon très humble. Une forme de respect par rapport aux lieux qu’on a pu investir. 

Paul: C’est aussi une forme d’universalisation du message. Sur scène c’est forcément les artistes. Si l’on est dans le public, tout le monde peut s’y projeter. 

Alex : On essaye d’être sincère et naturel sans être dans l’exacerbation du moi et de l’égo trip. Je ne critique pas ça parce que beaucoup de gens aiment s’identifier à des figures très fortes, mais ce n’est pas nous. On est plus cash. 

LFB : Quels sont vos projets pour la suite ?

Paul : Du live à fond !!!

Alex : On part deux semaines pour composer, on a déjà 4 débuts de chansons pour le prochain EP et on va pouvoir évoluer ensemble. On parle longtemps, on se connait mieux, de vraies thérapies de groupes. On passe une après-midi autour d’une table à se raconter nos névroses, un moment à cœur ouvert très important pour moi.

Sophia : Un EP est un moment très figé dans le temps. Ça fait du bien de sortir de cet EP afin d’aller à l’étape d’après, aux nouvelles sensations et émotions. Qu’on puisse creuser !

Anatole : Un clip aussi ! 

LFB : Est-ce que l’on peut dire que vous êtes satisfaits ? 

Foams : Grave ! (rires)

LFB : Merci Foams ! Hâte de danser sur vos titres !

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Foams – crédits: non_deux_non

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