Fils Cara : une poésie urbaine et céleste

Alors qu’il dévoilera demain son nouveau titre Hurricane, La Face B a décidé de revenir sur le tout 1er EP de Fils Cara : Volume, paru il y a quelques mois déjà.

EP VolumeFils Cara

Fils Cara, sélectionné au Prix Chorus et au Chantier des Francos [avant que tous les festivals ne soient reportés], est la toute dernière signature du label Microqlima, qui a notamment révélé des artistes comme Pépite, Isaac Delusion et L’Impératrice. Un label qui laisse plutôt les artistes se développer comme ils le souhaitent, et c’est ce qui a convaincu le jeune Marc, alias Fils Cara.

Car Fils Cara n’a pas toujours été Fils Cara, il y a quelques temps, Marc, de son prénom, avait un projet qui s’appelait Klë, en référence au peintre germano-suisse Paul Klee (1979-1940). Et il avait justement été repéré avec ce projet, avec un titre mentionnant ni plus ni moins qu’Ariane Mnouchkine, la célèbre metteuse-en-scène française et fondatrice du Théâtre du Soleil. Paul Klee, Ariane Mnouchkine, Constantin Brancusi également, quand on voit la pochette de son EP… autant de références intellectuelles qui ne pouvaient qu’attiser la curiosité des professionnels et du public. Des références riches de culture et d’inspiration pour Fils Cara, un artiste au profil autrement plus littéraire, s’il en est.

Une école de cinéma à Lyon, des cours d’anthropologie à la fac… voici le background de Fils Cara. Mais aussi la culture sicilienne dans laquelle il a baigné depuis l’enfance, lui : Marc, fils de Cara – diminutif du prénom de sa maman, Carmela – d’où son pseudo. Et voici pourquoi son univers visuel est si minutieux. Les clips de Nanna, Contre-Jour et Cigogne forment un tryptique visuel : chaque vidéo décline le même procédé, un tableau vivant, à la verticale, qui se révèle au fur et à mesure, grâce à un long travelling arrière. Le rendu est extrêmement élégant et délicat. L’univers de Fils Cara se dévoile presque de manière cryptique, à chaque clip, peaufiné à la perfection, on découvre une myriade de petits détails et de références spirituelles, mythologiques et célestes.

Mais Fils Cara a aussi une autre facette, celle d’un jeune homme originaire de Saint-Etienne, qui a aussi connu le travail d’usine en arrivant à Paris, préparateur de commande dans une chaîne de froid… Un dur labeur qui lui aurait inspiré pas mal de textes. Et effectivement la musique de Fils Cara est hybride entre chanson française et hip hop urbain, entre rap et pop rêveuse… mélangeant allégrement un phrasé très poétique à de l’argot beaucoup plus urbain.

Volume commence par les trois singles de Fils Cara : Contre-Jour, puis Nanna qui est une métaphore filée sur la Lune (Et vu comme t’es magnétique tu dois en soulever des mers Nanna // Comment puis-je te soulager du poids des mots ? // Nanna j’suis assez libre // S’il faut qu’tout tourne autour de toi Laisse-moi tourner autour de toi // Comme un satellite), Cigogne un titre qui appelle la filiation et dont les paroles donnent tout l’air d’une introspection (Plus on m’aime et plus je me sens coupable // J’crois que c’est parce que j’ai grandis sans toi).

Puis vient Sans filtre qui commence comme un énumération et où il se livre un peu plus avec cette rengaine Sous mes failles y’a des faillesLes Honoraires, qui commence par un souvenir, où il semble parler à son soi plus jeune, lorsqu’il venait d’avoir 18 ans et se complaisait dans une forme de solitude (T’es pas tout seul non // En quarantaine // T’es pas tout seul // Ouais l’âme en peine // T’es pas tout seul non // En quarantaine // T’es pas tout seul non) Le 6ème titre est un featuring avec le rappeur Zed Yun Pavarotti : Argo. Fils Cara enchaîne avec CFC, soit « Cara Football Club » (Cara Football Club // C’est ma saison j’fume un clope // Cara Football Club // Y’a tous mes zins sur un curb) ! Et de terminer par J’m’en vais.

Ce 1er EP : Volume, est sorti le 17 janvier dernier, avec 8 morceaux au compteur. La plupart des arrangements vocaux et piano ont été réalisés par le frère même de Fils Cara : Francis. Dans les coulisses de cet EP, on compte également le producteur Osha (MHD, Zed Yun Pavarotti), Zed Yun Pavarotti lui-même – comme l’a vu précédemment – qui viennent tous les deux de Saint-Etienne également, et Simon Gaspard Côté.

Couverture : Pierre-Emmanuel Testard