Rendez-vous en juin au Festival Levitation !

Parmi nos programmations coup de cœur de cette année 2022 riche en festivals, il y a l’empreinte rock éclectique et résolument assumée du Festival Levitation. Cette nouvelle édition se déroulera du 3 au 5 juin, avec Kevin Morby, The Brian Jonestown Massacre, Kim Gordon, Gustaf ou encore Black Country, New Road. Nous avons à cette occasion pu échanger avec Marion et Christophe, co-programmateur·rices sur le festival.

Crack Cloud

LFB : Vous organisez Levitation dans une nouvelle configuration comparé aux précédentes éditions, qu’est ce que cela change de votre côté ?

Marion : Pour la deuxième fois on passe en extérieur car du coup ça faisait plus sens d’être au printemps pour des questions évidentes de météo. Et on sait aussi qu’en juin il y a quand même un plus gros trafic d’artistes, notamment car il y a beaucoup de gros festivals dont Primavera etc. On avait envie en tout cas de pouvoir profiter de la venue de ces artistes via ces festivals. 

LFB : Comment travaillez-vous conjointement sur la programmation de Levitation ? Cela fait combien de temps que vous travaillez ensemble dessus ?

Christophe : Honnêtement je ne sais pas (rires)

Marion : Je vérifierai, mais ça doit être la cinquième ou sixième édition que l’on fait ensemble. Et on travaille main dans la main sur la programmation, et aussi avec Rob, qui lui programme le festival à Austin, avec qui on échange régulièrement sur la programmation.

LFB : Et justement à ce sujet, le festival à Austin a-t-il une grande part de responsabilité dans les enjeux de programmation ? Ou ce sont plutôt des conseils, des recommandations ? Arrivez-vous à vous retrouver avec des artistes communs également ? 

Marion : Oui on garde la main, tout simplement parce qu’on est en Europe, qu’on est en contact avec les agents et promoteurs en France. Ensuite c’est en grande partie validé par Rob, après on est vraiment sur la même longueur d’ondes artistiquement, on s’entend bien, c’est très fluide. Il reste à l’origine du festival à Austin, donc il est consulté évidemment. Aussi il nous propose des idées, nous envoie des infos sur les groupes etc. Donc on est beaucoup dans l’échange. 

Christophe : Ce qui se passe, et qui est important à savoir, c’est que quand il nous donne le droit d’utiliser leur nom qui est une marque – car Levitation est une marque – tout ce qui relève de l’artistique, que ce soit la programmation ou la DA (artworks etc.), car tous les ans on cherche un artiste différent pour produire une affiche qui a du sens par rapport à la musique que l’on défend. Et tout cela se fait beaucoup avec Austin, qui nous relaie beaucoup niveau communication, ils annoncent nos dates, notre programmation etc. Ça nous donne une communication « monde ». On doit être en accord avec ce qu’ils font eux – on va pas faire passer Clara Luciani parce que ça marche en France. Mais on reste très européens nous aussi, on fait en sorte d’avoir beaucoup d’artistes français, même si à Austin ils en font aussi. On a nos propres caractéristiques, mais quelqu’un qui fait le festival à Austin, se reconnaitra dans la programmation qu’on a en France et inversement. Ce chapeau cohérent ça permet à Rob de nous laisser la main. C’est une relation de confiance, des fois il nous fait découvrir des groupes français, et nous on lui fait découvrir des groupes européens, chacun a ses connexions, et chacun les utilise. On est pas juste un festival français en juin, on a pas mal d’étrangers qui viennent, on a des gens qui viennent de toute la France. L’idée c’est que le Levitation France soit le pendant du Levitation Austin américain. 

LFB : Tu parle justement de cette présence française sur scène, c’était important pour vous de défendre cette nouvelle scène dans votre festival ?

Marion : Oui totalement, d’autant qu’il y a peu de festivals qui défendent ces esthétiques là aujourd’hui en France. Certains groupes ça fait des années que l’on discute avec eux, et à un moment c’est une évidence qu’ils doivent passer par le festival. Là je pense à des groupes comme You Said Strange, ça fait longtemps qu’on en discute, Stuffed Foxes aussi, donc si nous on les fait pas, on voit pas quel autre festival qui défend ces esthétiques pourrait le faire. Et aussi ce n’est pas arrivé ces dernières années avec la pandémie etc., mais il me semble aussi que des fois Rob a découvert des artistes français qu’il a ensuite fait venir à Austin.

Christophe : Oui totalement ça a été le cas de La Femme, de groupes comme ça, après la difficulté qu’il y a pour un groupe européen en tant que Français c’est d’aller aux États-Unis, niveau logistique, c’est bien plus simple dans le sens inverse en faisant venir des Américains. C’est des conditions compliqués, s’il y avait pas toutes ces barrières administratives il y aurait beaucoup plus de groupes français programmés au Levitation Austin. Et c’est dommage car on a quand même beaucoup de bon groupes, de bons artistes etc. J’ai envie de dire s’il n’y avait pas ces difficultés, il y aurait beaucoup plus de groupes exportés, notamment à Austin. C’est une scène où ce qui est important c’est vraiment la musique et non pas d’où tu viens. 

Marion : La preuve avec les Levitation Sessions qu’ils font avec Slift cette année par exemple.

LFB : Quel·les sont les artistes que vous êtes particulièrement fièr·es de voir tourner, vos coups de cœur ? 

Marion : Il y en a plein, après c’est clair que d’avoir Kim Gordon sur le festival cette année c’est pas anodin, d’avoir Kikagaku Moyo, qui avait annulé il y a quelques années, on est hyper contents de les avoir, surtout qu’a priori ça va être leur dernière tournée. Je pense que ce sont deux bons exemples. 

Christophe : Après pour parler plus largement, les coups de cœur c’est au public et aux médias de les donner ! Mais à un moment ce qui était intéressant pour nous avec cette prog, en passant de deux à trois jours, mine de rien c’est dix groupes en plus et donc ça permet d’ouvrir ton spectre de musiques et de défendre quelque chose de bien plus large. C’est à dire qu’entre un Pond, Kevin Morby, Kim Gordon, Brian Jonestown Massacre, mais aussi d’autres plus petits groupes, bah cette année on a des choses plus folk, ou plus psychés, ou plus rock experimental. Ça permet aussi d’avoir une palette bien plus large. L’année dernière en deux jours sans doute on aurait pas fait Kim Gordon et Pond ou Kevin Morby, en tout cas la proposition artistique aurait été moins forte. Quand tu passes de 17-18 groupes à 26-27 groupes, tout d’un coup nous ça nous a permis une richesse et un éclectisme qui fait sens. On ne demande pas aux gens d’aimer toutes les têtes d’affiche, mais voilà si t’aimes bien Kevin Morby tu découvriras d’autres choses aussi. Et tous ces groupes français qu’on avait pas fait depuis longtemps car à un moment il y en a vite trop, là ces groupes qu’on est content de mettre en avant se positionnent mieux sur trois jours, car ça nous tient à cœur. 

LFB : Il y a aussi un réel éclectisme dans votre manière de programmer, avec beaucoup plus de femmes que dans d’autres programmations de festival, on remarque qu’elles restent assez marginalisées dans les musiques rock.

Christophe : Nous ça a toujours été le cas en fait, on ne cherche pas à répondre à une mode ou a des quotas. On répond en priorité à des projets intéressants, l’idée c’est d’avoir des artistes féminines intéressantes et pas de faire ça pour remplir des quotas absurdes. On s’interdit rien d’un côté ou d’un autre, en fait ça dépend vraiment des actualités. Nous je pense ce que l’on doit défendre c’est la cohérence artistique, l’intérêt artistique, et défendre des choses dans lesquelles nous on croit. Pas en terme de succès commercial, mais dans lesquelles on croit en termes de musique. À un moment c’est aussi ne rien s’interdire en termes de d’où tu viens, qui tu es etc. Et à un moment donné cette liberté de programmation on l’a toujours eu et on l’aura toujours, et on ne l’a pas parce que le ministère de la culture s’est réveillé il y a trois ans sur cette thématique. Après on est dans des styles aussi ou des fois le choix des propositions est pas toujours évident etc, mais la base de la musique c’est la diversité de ce qui est proposé. On ne s’est jamais dit qu’il manquait des femmes dans la prog, on s’est appuyé sur une nécessité de représentations de genres musicaux.

Marion : On a aussi changé de période, on a plus de trafic de groupes et mathématiquement on a aussi plus d’opportunités et de choix et ça se ressent grandement dans la programmation à ce niveau-là.

Christophe : On a quand même besoin de groupes ancrés dans le trafic européen le Levitation n’est pas dans une économie donc on a besoin de gens qui sont en Europe, qui sont actifs etc. Et là c’est vrai sur juin cette année particulièrement, tout d’un coup ça nous donnait des opportunités bien plus compliquées fin septembre. 


LEVITATION FRANCE – ANGERS / Du 3 au 5 juin 2022 au Chabada – Informations et réservations