(exclu) Partez devant : l’oisiveté pop de Gabriel Tur

Si on jette un regard au CV de Gabriel Tur, on réalise que le garçon est ce qui se rapproche le plus de l’Artiste avec une majuscule : Directeur de compagnie, auteur, compositeur, interprète, acteur, réalisateur… le garçon a un CV qui ferait rougir n’importe quelle personne saine d’esprit.
Après plusieurs années à le préparer, il annonce aujourd’hui l’arrivée de son premier EP Papillon Blanc. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, il l’accompagne d’un nouveau titre Partez Devant, fresque ambitieuse sur l’oisiveté. Et c’est à découvrir en avant première sur La Face B.

crédit : Margaux Corda

Depuis notre plus jeune âge, on nous répète à l’envie, pour bien l’ancrer dans nos esprits encore malléables et naïfs : il faut bien travailler dans la vie. L’idée du travail devient alors peu à peu rattacher aux sensations de bien être et d’épanouissement. Mais est-ce bien réel ? Doit on travailler pour vivre ou au final est-ce qu’on vit pour travailler ? La question mérite d’être posée, surtout à notre époque et après la période que l’on vient de vivre, on peut se le demander : Et si la réponse se trouvait dans la décroissance ? Et si l’oisiveté tant décriée par certains, pouvait au final trouver une place plus importante dans nos existences ? Il n’y a au final rien de mal à vouloir profiter de notre vie plutôt que de la laisser dans des carcans qu’on a érigés pour elle et qui au final créent plus de frustrations que de bonheur réel.

Cette idée est au cœur de Partez devant, le nouveau titre de Gabriel Tur. Artiste aux multiples talents, il s’est inspiré d’une pièce du même nom, créée par par Quentin Hodarra pour le collectif Le Grand Cerf Bleu. Prenant le rôle d’un garçon qui préfère vivre sa vie plutôt que de la subir, il nous offre une balade pop aussi poétique que politique dans laquelle il fait l’éloge de l’oisiveté. À travers ce personnage, il nous raconte donc le bonheur de ne « rien faire », ou plutôt de faire les choses comme on l’entend : écouter les criquets, lire, peindre, regarder la vie de sa fenêtre … Toutes ces choses finalement essentielles à l’existence puisqu’elles créent des barrières entre notre vie et notre rôle dans la société. Le tout nous est offert sous la forme d’une longue ballade pop, d’abord sous la forme classique d’un piano voix mais qui voit au fur et à mesure de sa montée en puissance l’arrivée d’un violon et d’une batterie qui prennent de plus en plus de place jusqu’à devenir omniprésents et prendre la place de la voix, comme pour quantifier une sorte de folie qui gagnerait en importance jusqu’à laisser le chaos prendre totalement la place.

Visuellement, Delphine Et Moi apporte une bonne dose d’étrangeté au titre. Si on suit la vie tranquille de Gabriel dans une maison de campagne, suivant ainsi ses activités favorites de la peinture au bain en passant par la danse et la fête, un élément perturbateur apparait à plusieurs reprises : un être étrange, qui semble être une antithèse totale de notre protagoniste tout en lui ressemblant étrangement, habite discrètement les plans et l’histoire, glissant ça et là des petits papiers à l’intention de Gabriel. Ces mots, comme un puzzle, deviennent une phrase qui résume un peu toute la pensée du héros. C’est de cette manière que le clip souligne, comme un jeu de miroir, la différence entre la personnalité de tous les jours et celle qui existe dans le milieu du travail. Deux entités qui finissent fatalement par se réconcilier. On vous laisse découvrir tout ça ci dessous… Partez devant, nous on reste avec Gabriel Tur.