(Exclu) Nor Belgraad sort le grand jeu

On ne va pas se mentir : 2020 aura été tout sauf une année heureuse pour les amoureux de musique, et surtout pour les musiciens. Très peu de concerts et une situation qui ne semble pas vouloir s’améliorer. Alors, on prend les éclaircis dès qu’elles se présentent dans notre ciel un peu gris. Et parmi ces percées nuageuses, Nor Belgraad débarque et ramène, avec malice, un peu de bonheur et d’énergie dans notre quotidien avec Can’t Play, premier titre d’un album prévu pour 2021. Le tout à découvrir en exclusivité sur La Face B.

C’est assez drôle comme un morceau peut avoir un double sens selon l’époque à laquelle il vient trouver le chemin de nos oreilles. Quand on écoute Nor Belgraad faire vibrer son Can’t Play, on ne peut s’empêcher de penser à notre époque, où les salles de concerts sonnent étrangement vides, ou les traces de sueurs ont disparu de nos chemises et ou les tasses de thé ont remplacé les pintes de bière dans nos mains en ces soirs d’automne où le monde vibre d’habitude autant que nos tympans, porté par une énergie folle qui nous permet de combattre le froid.

Forcément, on pense à tout ça, et on est sur qu’eux mêmes y pensent un peu, mais derrière ce nouveau titre, se cache un autre message, un message sans doute plus autobiographique et personnel et qui touche pas mal de jeunes musiciens en développement : l’impossibilité de jouer. Quand une date s’annule au dernier moment, quand un tourneur préfère donner la tête d’affiche ou la première partie à un groupe plus hype, mais pas forcément plus bon, en vous laissant sans aucune gène sur le bord de la route.

À tout cela, Nor Belgraad répond avec un morceau ravageur: Can’t Play. Et justement Nor Belgraad ne joue pas, le groupe ne cherche pas à se glisser dans les tendances, mais juste à être lui même et à proposer une musique sans compromis, sans rien cacher de ses ambitions, de son talent et de ses envies. Bien influencé par une scène New Yorkaise qui continue à nous faire furieusement danser, de LCD Soundsystem à Talking Heads en passant par The Rapture, le trio nous cartonne les oreilles sur une lente progression électronique, portée par une basse dingue et une colère qui finit par exploser et se fracasser à l’attitude de droopy-dandy qui émane de Clément et sa nonchalance pas vraiment feinte. Can’t Play nous offre 4 minutes 30 de bonheur, un refrain entêtant qu’on reprend dès la première écoute et un titre qui entrera on en est sûr dans bons nombres de nos playlists.

Pour accompagner ce morceau, Nor Belgraad, non sans un humour certains, nous offre une vidéo, tournée entre les murs du légendaire bar Le Motel, ou le groupe … joue. Ainsi, dans des plans fixes qui s’enchainent comme des petits tableaux, le groupe évolue et s’amuse de son image mais aussi des mots. Entre partie de jenga, postures de rockstars désabusés et invité canin qui vient foutre un peu le bordel, Nord Belgraad nous offre le grand jeu, et nous on plonge dedans.