(EXCLU) Luke Anger navigue entre Réel et Virtuel

Le monde évolue, les technologies avec lui. Le sablier s’écoule et l’humain se déconnecte de plus en plus de lui-même pour se connecter à l’immatériel. Mais qu’en sera-t-il du futur ? C’est cette question qui résonne au cœur de Réel Virtuel, le nouveau titre de Luke Anger à découvrir en exclusivité sur La Face B.

Installe-toi dans ton canapé. Enfile le casque et allume-le. Le monde autour de toi disparaît et le noir se fait. Tout d’un coup une lumière, éblouissante, tu n’es plus chez toi mais sur la Lune, ou alors tu deviens un oiseau, tu chasses les dinosaures dans un monde imaginaire et pourtant si réel… Tu pourrais aussi revivre les moments les plus heureux de ton existence, redevenir un enfant, ou retrouver ceux que tu aimes et qui ne sont plus là. Le choix est total et t’éloigne progressivement du réel, de ton quotidien et d’un monde qui part à la dérive. Le virtuel prend le dessus sur toi et la ligne devient de plus en plus floue.

C’est cette ligne, ce futur pas si heureux que Luke Anger décide d’explorer dans Réel Virtuel. Le titre, futuriste et cotonneux, est en réalité un poème tragique qui agit comme une mise en garde.
Sur des nappes de synthés associées à une guitare qui reprend parfois le lead, il nous guide désabusé dans un univers sombre et presque dystopique. Sans refrain, le titre se joue comme des chapitres, des instants entrecoupés de moments instrumentaux.

Du futur, Luke Anger nous raconte dans une lettre au passé ce que le monde devient. Tout d’abord, les enfants ne jouent plus, le monde est vide, les connexions entre les humains ont fini par disparaître, si bien qu’ouvrir les yeux face au réel devient finalement inutile tant le virtuel est devenu le quotidien de l’univers. Les yeux fermés, le monde se diffuse et le temps disparaît, avec une voix féminine qui semble nous guider vers l’anesthésie totale (et qui n’est pas sans rappeler le Space Oddity de David Bowie). Enfin, c’est en anglais que Luke Anger termine sa chanson, langage universel pour un Dieu qui semble avoir disparu, laissant l’Humain à sa propre déliquescence.

La vidéo, réalisée par Alexander Norton & Luke Anger, joue de cette alternance entre univers futuriste et le New York que nous connaissons, entre un monde spatial où la Terre semble avoir disparu et les souvenirs doux d’une époque qui semble à la fois si lointaine et si proche. La réalisation joue sur les flashs, le flou et le mode lenticulaire pour nous perdre et nous retrouver. Les souvenirs se font de plus en plus troubles, sans doute trop utilisés pour pouvoir garder réellement leur teneur et leur saveur. Il faudra donc choisir. Réel Virtuel ?