(Exclu) Faggia navigue désormais à vue avec monde flottant

Une fois la nuit tombée, le compositeur et producteur français Faggia se perd dans les méandres de son Monde Flottant. A travers trois pistes post-modernes et exotiques, ce premier EP nous plonge dans des aspérités musicales tribales qui créent un trou de ver entre le passé et le futur. La Face B vous dévoile en exclusivité ce premier EP, l’aube étincelante de son avènement dans l’électro.  

Cover par Vincenzo Fratelli

L’actualité musicale de Faggia est assez dense en ce début d’année et annonce de grands rendez-vous pour la suite. Vous avez peut-être déjà entendu son nom nottament grâce à son premier groupe STAMP,


Cette fois-ci, Faggia impose sa patte seul et la formule n’est plus la même, montrant ainsi toute la palette créative du compositeur. Ses inspirations puisent dans la spiritualité : l’ukiyo, terme bouddhique signifiant Monde flottant. Une philosophie qui nous enseigne que l’ensemble des plaisirs terrestres, nos sens et nos pensées sont éphémères, changeants ou encore évanescents. Ni fixe, si stable, notre monde est ainsi en fluctuation permanentes. Un passé oublié et un futur incertain se retrouvent ainsi mêlés dans un courant nuageux, perdu face au néant. 

Photo par Julie Oona

Faggia ne se trouve pas tout à fait seul dans cette aventure puisque son ami de longue date Paul Void(STAMPAl-Qasar) pose sa batterie sur les morceaux. Ses coups diaboliques permettent de donner encore plus de cohérence et de puissance à la musicalité initiale.

C’est ainsi que les trois titres sont assez divers dans leur approche. Le premier, nommé Feu Béton, navigue dans l’ère urbaine et industrielle à la Nine Inch Nails, se rapprochant aussi des séries de clip « This Is Quarantine » d’Arnaud Rebotini composés durant le premier confinement. L’urgence y est permanente et oppressante jusqu’à la moitié de la piste où apparait un air oriental détonnant. Apparaît dès ici une vision ultra cinématographique de l’électro, où apparaissent paysages spectaculaires et une gestion de la tension absolument parfaite. On est tenus en haleine, sans répits. 

Premier titre sorti, Ruine fait ici appel à des sens singuliers et élémentaires avec des sonorités tribales qui pulsent au rythme des percussions. Des grésillements viennent distordre le son avant de laisser place à des synthés plus vaporeux. Les tambours se font frénétiques, telle une transe tribale alors que se rajoute des voix à l’aura sacrée. Fin tout en grâce dans une envolée suspendue afin de faire retomber la tension et laisser le souffle saccadé des danseurs reprendre un rythme viable. Mélange des genres, entre les synthés ultra modernes et des sonorités primitives, mais aussi expérience frénétique, ce titre est un catalyseur d’émotions. 

Il y a enfin le titre éponyme de l’EP, Monde Flottant, pour clore cette exploration d’une courte dizaine de minutes. Plus vaporeux, enchanteur et incertain, le compositeur offre une montée crescendo du rythme pour stimuler les battements cardiaques telle une transe. Un son qui s’avère plus dansant, légèrement en rupture avec les précédents

L’ambiance nous rappelle un univers post apocalyptique aussi brûlant que le désert de Mad Max, l’œuvre de George Miller, dans son ambiance tribale et la tension permanente procurée par les titres. Surfant sur le dancefloor de Carpenter Brut, l’EP se transcende dans un trip sous forme de pèlerinage spirituel. Face au néant, le passé apporte un refuge protecteur face au futur incertain.  

Faggia a tout de l’artiste prometteur, exigeant avec lui-même et débordant de créativité. Monde Flottant n’est qu’un début dans son exploration personnelle et musicale et nous suivront avec avidité la suite de ses projets.