(Exclu) Alias met les voiles

Il y a des morceaux qui demandent plusieurs écoutes avant de les comprendre et de les apprécier et il y en a dont la première écoute emmène dans un imaginaire qui nous est d’emblée familier, qui nous fait nous sentir « chez nous ». Lady Friend, le premier single d’Alias que nous vous présentons aujourd’hui en exclusivité, fait partie de ceux-ci. La chaleur de la voix, les paroles simples et directes, et un son psychédélique aux teintes de road trip 70’s, nous font tomber sous le charme…

Mettre les voiles et entrer dans l’univers chaleureux d’Alias, se laisser imprégner par la basse chaude et épurée et la voix gorgée de réverb et se laisser emporter vers d’autres horizons… Avec Lady Friends le groupe canadien basé à Montréal nous embarque dans une errance psyché en quête d’équilibre dans l‘évasion. L’histoire d’un loner, qui n’est bon ni avec lui-même, « You’ve never been good, neither to yourself” (Tu n’as jamais été bon, avec toi-même non plus) ni avec les femmes qu’il croise sur son chemin et qu’il prie dans le refrain (« Lady friend always bring me back home »), mais qu’il laisse tomber pour accomplir sa quête personnelle solitaire : « You’re the sun of a gun that let her down » (« T’es l’enfoiré qui la laisse tomber ») comme un reproche à/de ce narrateur qui se dédouble et passe de « Me » à « You », dans ce conte schizophrène sous légères influences hallucinogènes, où la quête de contact humain semble toujours l’emporter sur la solitude affirmée. Lady Friends est une balade troublée et touchante qui n’est pas sans rappeler Sur la Route de Jack Kerouac et son (anti)héro Dean Moriarty. Le morceau comme un roman est une tranche de vie, une histoire qui nous plonge dans l’univers feutré et excitant d’Alias, embrassant une nostalgie pour un American dream vintage, celui d’une génération toujours en mouvement pour qui la vie sans attache est une philosophie de vie.

Le morceau d’abord calme se fond peu à peu en fuzz et en dissonances et finit en « tempête » psychédélique aux multiples épaisseurs, à l’image de la vidéo du titre réalisée par le groupe qui mélange des images analogues de paysages et objets de la vie courante à des effets de distorsions et de glitch qui rendent les visuels authentiques et surannés. On se laisse embarquer dans ce rêve à la fois utopique et troublé.

Le groupe mené par Emmanuel Alias, compositeur introverti et maniaco touche à tout aux allures de cowboy solitaire, travaille en ce moment sur leur premier album qui verra le jour en Octobre. On a hâte de le découvrir et de pouvoir les voir en live !