Empty, l’isolement de Nils Frahm

Alors que le monde commençait peu à peu à découvrir les mesures de confinement liées à la crise sanitaire mondiale, le Piano Day 2020 a tout de même eu lieu et a donné lieu à quelques sorties plutôt savoureuses. Nils Frahm, l’un de ses créateurs, en a profité pour nous dévoiler un album sobrement appelé Empty, accompagné d’un film splendide afin d’y trouver une illustration.

Nils Frahm Album Cover Art

Le pianiste Allemand, assez peu prompt à s’étendre sur les réseaux sociaux, a failli passer hors de nos radars. On sait le protégé d’Erased Tapes Records plus à l’aise dans une cabine de studio que sous le feu des projecteurs, et pourtant. Et pourtant, pour cette sortie, l’oeuvre n’est pas seulement un album mais également un court-métrage réalisé par Benoît Toulemonde, ami de longue date de Nils. À deux, ils nous emmènent visiter les Alpes Françaises, mettant en scène Nils dans des sessions de prise de sons hivernaux. Les images ne sont pas toutes récentes car prises en 2012 mais elles sont magnifiques et le montage a la bonne idée de surprendre le spectateur par son parti pris différent d’une production classique.

Tous les extraits de l’album n’apparaissent pas dans le film, mais ils ont été composés au moment du tournage. Empty nous met face à 8 morceaux dont la filiation avec Screws est évidente puisque ce dernier fut composé peu de temps après, suite à la blessure à la main dont Nils fut victime à l’époque. Les sons apaisants, très espacés parfois, et intégrant les percussions mécaniques du clavier, parfois même la respiration du pianiste et des effets sonores offrent une bouffée d’air et de sérénité à quiconque les entendent. Cet aspect organique, récurrent dans la carrière du Hambourgeois d’origine, est toujours plus frappant à mesure que les morceaux défilent.

Dans cette période de confinement, Nils Frahm met en lumière une forme de solitude. L’isolation, la confrontation avec soi-même, le vide. Il invite à l’introspection, à la méditation même par des arpèges qu’on jurerait issus de rêves, parfois brumeux (The Big O), parfois sombres (First Defeat), mais toujours d’une douceur infinie. Il invite également au silence, instrument dont il est passé maître au point que l’on pourrait se dire que le silence qui s’installe une fois l’album terminé n’est qu’une autre plage de son oeuvre.