Di-Meh, c’est le Mektoub

Exprimant la fatalisme en arabe, Mektoub c’est aussi le nom choisi par Di-Meh pour son premier album. Une petite dédicace à ses origines arabiques mais aussi cette notion de fatalité se rapprochant de celle de destin. Pour en savoir plus sur cette dernière, le rappeur suisse à laissé des éléments de réponses au travers des seize titres de ce projet.

Di-Meh
Arthur Couvat

Il ne faudra pas attendre plus loin que l’introduction du projet, Automatique pour comprendre que la mentalité du jeune suisse le suit depuis ses débuts. Après un bruit de ride en skateboard, autre passion du rappeur, il se met à kicker avec toute l’énergie qui le caractérise depuis ses débuts. En pilote automatique, il revient sur ses débuts en tant que beatmaker, son ascension progressive le ton avec une arrogance bien sentie qui est également présente depuis ses premiers textes. Ce qui se confirme avec le titre suivant, Destiny. Appuyant encore un peu plus cette notion de destin, de Mektoub qui balise le projet et se retrouve logiquement sur le titre éponyme de l’album.

Le meilleur d’ma ville, je le sais, et ça depuis que j’suis kids

Di-Meh – Destiny

S’il montre à plusieurs reprises sur le morceau qu’il n’a rien perdu de sa fougue et de sa technique comme a pu le prouver le single 4×4 Diplomatique, il dévoile aussi une ouverture musicale peu vue jusqu’ici à l’image de l’utilisation de mélodies comme sur le titre Turn Up. Entièrement produit par Klench Poko avec qui le suisse a l’habitude de travailler, Mektoub est bercé par une ambiance musicale aux sonorités arabiques, à l’image du morceau Balader, un clin d’oeil voulu aux origines algérienne de Di-meh. Cela est renforcé par les outros de certains morceaux où l’artiste discute avec des anciens de son métier d’artiste. Un fil conducteur secondaire qui appuie le format symbolique d’album qui survient après les mixtapes Focus.

Après un passage plus lumineux du notamment à des instrumentales plus chaudes combinées aux mélodies livrés par Di-Meh, une montée en puissance se fait sentir dès Week-end en featuring avec Klench Poko et son ambiance à la fête qui se confirmera sur le morceau suivant, Full Drip et les sonorités club de Vladimir Cauchemar. Plus sombre que ces prédécesseurs, il annonce aussi un retour dans une ambiance plus intimidante pour une clôture d’album remplie d’énergie avec Daytona et 4×4 Diplomatique. Une volonté de finir en beauté avec ce qu’il fait de bien, s’éloignant des trop standardisées outros clôturant les projets avec calme, Di-Meh fait ici ce qui lui plait en ayant concocté une tracklist pensée pour la scène.

Confiant en sa recette depuis ses débutes, Di-Meh a pris le temps pour sortir son blockbuster avec Mektoub. Entre une arrogance bien sentie mise au service d’une technique toujours aussi efficace, il prouve également qu’il peut emmener sa recette sur d’autres sonorités rendant le projet de seize titres digestes. Emmené par des instrumentales aux sonorités arabiques, y compris sur la drill de Follow, il ancre le projet dans une couleur musicale intéressante et qui lui va pas bien.
S’il ne peut pas encore défendre ce projet sur scène, il est sur qu’une fois que cela pourra reprendre, il livrera des shows de qualité car c’est là qu’il s’amuse le plus et ça depuis ses débuts.

Di-Meh s’est confié à nous sur ce projet, une discussion à retrouver ici.