Desmond Myers – Shadowdancer, que soit la soul

Parmi les albums que l’on attendait cette année, celui de Desmond Myers figurait en bonne place. Depuis la sortie de son premier EP et de l’incontournable Vinyl Collection, on gardait un oeil sur le crooner Américain. Aujourd’hui, son premier disque est sorti en collaboration avec LVCO Production et on plonge dans l’univers du soulman.

Desmond Myers Shadowdancer album cover art

Il fut un temps où le genre musical auquel on pourrait le mieux rattacher les compositions de Desmond Myers était roi. Ou plutôt reine, puisque l’on parle de Soul aujourd’hui et que se raréfient les artistes qui s’approprient cet héritage de nos jours. Bien entendu, ne vous attendez pas à entendre de pâles copies de Marvin Gaye, la soul de l’Américain s’est modernisée et emprunte autant à la pop qu’à l’électro par moment, pour mieux nourrir sa texture et proposer une hybridation unique. On avait déjà pu goûter à cette esthétique grâce à la sortie de quelques singles ces derniers mois, à commencer par le langoureux Playing With Fire qui avait servi de première déclaration. Relayé par les plus grands médias et fort d’un très bel accueil du public, il avait dès lors la voie royale pour proposer un premier opus qui le placerait sur la carte des artistes qui comptent. Alors, pari réussi ?

N’allons pas tourner autour du pot plus longtemps, la réponse est oui. Varié, dansant, mélancolique, sensuel, les épithètes peuvent s’additionner sans peine pour qualifier le résultat final du travail du chanteur transatlantique, basé entre Paris et Atlanta. C’est d’ailleurs entre ces deux géographies si différentes que sont nées les 8 pièces qui composent Shadowdancer. Desmond à la composition, Mathieu Gramoli (HER, Gael Faye) à la production pour un résultat qui dégouline d’un son chaud et riche, enveloppant à la manière d’une couverture pendant une longue soirée d’hiver ou de l’air chauffé à blanc d’un club où la promiscuité impose une atmosphère dense et lourde.

Les morceaux s’enchaînent avec une grande facilité alors même qu’ils explorent une grande variété d’ambiances. Morceaux calmes et langoureux ou morceaux dansants, vous n’avez que l’embarras du choix et le tout est réalisé avec la même qualité de bout en bout. On avait déjà apprécié Real Man pour sa prise de position qui s’attaque à la vision de la masculinité par un jeu sur les codes de genre, et on aime toujours autant cette approche qui colle très bien à l’univers de Desmond Myers. Une vraie belle trouvaille pour casser les habitudes d’une pop auto-centrée et aller sur le terrain de questions de société on ne peut plus modernes. On aime aussi le groove contagieux de Shadows ou Feels Like I’m Running, qu’on n’avait pas eu la chance de découvrir avant le début de l’album et qui subliment une playlist de très haute volée. En bref, Shadowdancer est une vraie belle réussite, et si Desmond Myers n’est pas à son coup d’essai, il signe là un premier album qui restera parmi les meilleures sorties de cette année.