Deedee and the Abracadabras: Sabbat punk

Mais qu’est-ce que cette diablerie? Invocation punk 70’s, truquage lo-fi, énergie démentielle, Deedee and the Abracadabras nous ensorcelle un grand coup avec son premier album éponyme. 9 titres, 20 min de chaos électrique, ils démentent l’adage « plus c’est long plus c’est bon ». D’un groupe rencontré au lycée, ne subsiste qu’un duo: Deedee au chant et à la guitare, Raphael Dusfour à la basse. Coven complété par Noé Guerra pour tabasser la mesure ainsi qu’un corbeau épileptique lors des sorties sur scène. Petit groupe mais diantrement efficace. 

Intro sous forme de préliminaires avec Leave Me, un titre instrumental tapageur qui titille les zones sensibles, on rentre dans le dur avec des rythmes qui tapent dans le fond et des guitares qui vrombissent comme des marteaux-piqueurs. 

I Rob Money, lance véritablement les hostilités avec un son ultra lourd,  ses cymbales qui appuient les psaumes d’une voix d’exorciste, et un synthé tout droit sorti d’une faille temporelle. Ca fait sautiller et ça donne envie d’y revenir.

Cette démangeaison terrible de pogo ne redescend à aucun moment, et surtout pas avec 1.2.3.4 qui balance des guitares jubilantes et un chant qui fleure bon le groupe de potes.

Des titres comme Go Home ou Child of Child sont véritablement marqués par les grands du punk, on croirait par moment entendre la fougue des Ramones, l’envie de déconner en plus. 

Changement d’ambiance avec Acid et son intro stellaire, vite interrompu par des rugissements d’outre tombe. Autre tonalité de voix avec moins d’artifices, elle emmène vers un trip plus dark et psyché. 

Mais bon, fin de la déconnade, et on revient vite aux choses sérieuses avec Nipples, une ode aux nichons. C’est terrible, mais on a envie de chanter à tue-tête avec sa bande de potes lors d’une soirée arrosée par beaucoup trop de bières tièdes. 

Fin de toute beauté avec Alien et I Can’t Understand, dans la pure veine de cette idée de titres qui ravagent tout sur leur passage, et surtout nos dernières neurones. On en ressort bien satisfait.

S’il y a bien une envie lorsque l’on sort de ce tourbillon d’énergie, c’est de se jeter du haut de la scène, rattrapés par une foule en furie arrosée de bière et de sueur. Oui, ça évoque douloureusement les concerts tonitruants qui expulsent nos trop plein d’énergie, et le wtf qui fait sourire. Avec ce premier album qui brille par sa maîtrise à ne pas nous laisser pas une seconde de répit, Deedee and the Abracadabras réalise un tour de magie jouissif.