Dans la Saison Fantôme de BLEU REINE

BLEU REINE, on l’adore sur La Face B. Elle fait un peu partie de la famille, bien plus qu’on n’oserait le dire ou le penser. Alors en février, on n’a pas résisté à son invitation à découvrir sa Saison Fantôme. Un tout premier album qu’elle a fait découvrir en live pendant tout un mois au théâtre des déchargeurs.

Il y a parfois des soirées qui sont chargées de quelque chose, d’une ambiance qui va bien avec ce que l’on va vivre le soir. Alors qu’on s’apprête à aller découvrir La Saison Fantôme, la ville de Paris ressemble au choix à une fuite vers une invasion de Zombie ou à un sacre de l’Enfer digne de Mad Max. La raison ? Une banale grève de la RATP qui aura transformé en un claquement de doigt les gens en animaux féroces, prêt à tous les sacrifices et les folies pour atteindre leur lieu d’arrivée. Une drôle d’ambiance, un présage presque prophétique tant cette soirée parlera énormément de transformation, de monstre intérieur et de fantômes, forcément.

Après une attente interminable d’un bus qui ne semblait jamais vouloir venir, on se dirige vers l’entrée du théâtre des déchargeurs. Un lieu pas vraiment indiqué, mystérieux, qui semble nous entrainer dans une réalité différente alors que l’on pénètre doucement dans sa cour pavée. On le sent, dans un frisson qui parcourt doucement notre cou et notre dos, ce lieu est chargé d’histoires, plus ou moins sombres, magiques, théâtrales et musicales. Le genre de lieu qui aura vu passer le temps et l’Histoire, qui aura laisser ses murs se charger de souvenirs. Un lieu parfait pour découvrir ce soir là, la musique de BLEU REINE.

On descend alors les escaliers sombres, faisant attention à ne pas s’embarquer dans une chute malencontreuse. Les marches grincent et nous voilà transporté. Nous ne sommes plus à Paris mais bien dans l’antre de Léa et de ses musiciens. Un lieu chaleureux, intimiste et humain à l’image de la musique qu’elle nous proposera ce soir là.

Mais avant d’investir la seine avec son groupe, c’est une petite fée qu’elle aura invitée pour ouvrir cette soirée du vendredi. Une habituée elle aussi de nos lignes, on parle bien-sûr de la brillante Lonny. Le temps d’une petite dizaine de minutes, les deux amies partageront quelques morceaux de manière aussi dépouillée qu’improvisée, laissant les spectateurs être envahi de leur complicité et de leur respect mutuel.

Un moment à la fois doux et fort, où les deux jeunes femmes commencent à nous raconter une histoire. Une introduction, une porte ouverte vers la saison fantôme.

C’est une expérience étrange que de découvrir un album sur scène. Cela demande une certaine concentration, un besoin aussi de faire abstraction du monde qui nous entoure pour nous concentrer sur ce que l’artiste a à nous offrir. Heureusement l’intimité offerte par le cadre du théâtre des Déchargeurs permet cette plongée. Alors on retient son souffle et on plonge la tête, l’esprit et les oreilles dans la Saison Fantôme de Bleu Reine. Ici, on le sent, on peut même la la toucher, la frontière entre l’intime et la poésie est mince, derrière les mots se cache l’histoire de Léa, qui se cache derrière les apparats de la scène et les paillettes sur son visage pour se transformer en BLEU REINE.

Il y a quelque chose de presque impudique par moment, que Léa vient parfaitement contrebalancer avec des saillies humoristiques bien senties entre chaque chanson. Si ici, on y croise l’histoire d’une jeune femme, on y invoquera aussi la pierre philosophale de Nicolas Flamel, les fantômes des Jean Pierre disparu et des références à la Bretagne, le tout permettant par moment de contrebalancer la musique très personnelle de l’artiste, parfaitement accompagnée ce soir là de ses musiciens, Clément, Léonard et Jacques.

La musique me direz vous ? Car c’est sans doute ça qui vous intéresse. La musique est belle, imprévisible, elle étale ses couleurs, ses émotions et ses sentiments sans peur ni contrainte.

On navigue entre les genres, passant de nappes synthétiques à des grands moments organiques, des envolées grunge ici et là qui viennent frapper sur la tendresse d’autres morceaux. On se promène et on découvre, on est surpris et charmés, notamment par cette trilogie puissante en milieu de set avec L’eau qui dort, Pâle Lumière et Automne orange.

Il y a le temps qui passe, les éléments qui nous bouleversent, les mots d’un autre temps avec cette superbe interprétation de Belle qui tient ma vie. Il y a l’eau, le feu et la terre surtout. Cette saison fantôme nous dirige, c’est elle qui indique le tempo à nos cœurs pendant une bonne heure.

Cet instant trop rapide fût une découverte, il faut surtout une chance, celui de découvrir sur scène une artiste qu’on imagine déjà majeure et un album qu’on espère avoir bientôt entre nos mains. Car cette saison fantôme, elle nous hante déjà.

Crédit Photos : Cédric Oberlin

Retrouvez L’ADN de BLEU REINE par ici