Dampa voit la lumière au bout du Tunnel

Marqué comme beaucoup par deux années violentes qui auront marqué le monde de la musique, Dampa a mangé son pain blanc pour revenir au combat, le couteau entre les dents. Le duo est de retour avec Le Tunnel, un premier morceau qui appelle avec lui un nouvel EP et un film du même nom. Une ambition dingue qui a ravivé la flamme dans nos cœurs.

On avait laissé Dampa il y a deux ans, un prix Ricard Live sous le bras et un concert au MaMa Festival dont on se rappelle encore et des idées bien précises pour le futur.
Et puis la pandémie est passée par là, s’amusant des grands espoirs et des belles attentes. Prenant les rêves pour les secouer et les transformer en sac de frappe, cognant encore et encore jusqu’à ce que même les plus résistants laissent parfois, par lassitude, les murs érigés se transformer en poussières.

Alors que faire ? Rentrer dans le rang et baisser la tête ? Laisser les micros et les machines dans un coin pour qu’ils prennent la poussière ? Ça n’est pas le genre de la maison. Il y a déjà pour qui tout est facile et d’autres pour qui la vie est combat. Dampa s’est construit dans l’adversité, dans la contrainte et la violence. Alors, comme tout ceux qui mettent leurs rêves au plus au niveau, ils ont courbé l’échine pour mieux se redresser et ils ont laisser revenir les idées et l’ambition au même rythme que leur cheveux.

Le duo était né avec Crises; tels des phénix la renaissance viendra par Le Tunnel.
Si Crises était un moment de tension en anglais, Le Tunnel sera un moment de rondeur et de charme en français. deux morceaux sont diamétralement opposés, pourtant ils naissent tous les deux des mêmes cendres : des actes de fois désespérés, des cris dans la nuit pour se faire entendre, pour se relever et ne pas laisser la pénombre envahir les cœurs.
Ainsi ces deux morceaux, ces deux départs de feu deviennent sans le vouloir des frères d’armes, des frères de sang, disparates mais unis malgré tout dans tout ce qu’ils ont de cathartiques et de réconfortants. Un pont se forme, une traversée d’un point A à un point B, le futur est la ligne d’horizon.

Dampa a donc changé, a grandi. Mais au fond, on reste toujours les mêmes. Le Tunnel en est l’exemple parfait. Changement de langue, évolution de la couleur musicale, mais cette même envie toujours : faire danser et se servir du son comme d’un exutoire. Car il y a des choses à dire sur ce morceau. En français, l’utilisation poétique est ainsi encore plus percutante, plus violente aussi. Ici, il n’est pas question de raconter une histoire à proprement parler, mais de se mettre à la place d’une émotion, d’un sentiment.

Le tunnel, c’est la noirceur qui vit en chacun de nous. Ce sentiment étrange qui nous envahit parfois. Ce truc un peu métamorphe qui se transforme lorsqu’on veut le faire disparaitre pour mieux nous reprendre par la suite. Un démon que l’on maudit autant que l’on chérit et qu’on cherche plus que tout à dompter, à transformer en allié. Le morceau est volontairement mystérieux, laissant place à l’interprétation de chacun et ce n’est que dans ses lignes italiennes qu’il semble se révéler le plus.

L’utilisation du français, si elle enclenche le changement dans le sens, permet aussi de passer la seconde dans le son. Derrière les machines, Victor et Angéline grandissent et hypnotisent, cherchant des boucles plus rondes, plus sensuelles qui nous collent fatalement à la peau. Dans la voix aussi, tout se bouleverse. Le phrasé rappé disparait presque, l’intensité et la colère sont désormais sous entendue, laissant le chant prendre de la place, respirer, vivre et charmer. La sensualité est bien présente, comme attachée à ce personnage qui prend vie, ce tunnel qui nous colle à la peau.

Et puis, il y a l’image, autre élément important du monde en 3 dimensions de Dampa. La aussi une grande réaction à l’époque et aux contraintes des années passées. Il fallait s’entourer, créer une équipe, un collectif qui allait dans le même sens. Une armée pour le combat. Car Le tunnel c’est avant tout un film et ce premier clip n’en est qu’un court extrait. On peut y apercevoir toute l’ambition cinématographique, la beauté de la photographie dans ses teintes noires et rouges dominantes, laissant par instant pointer le blanc et le bleu.

On y voit des influences, des petits bouts de pellicules 80’s qui nous sautent parfois à la figure, mais aussi des références cinématographiques plus récentes, de Drive à Matrix en faisant des détours par le cinéma d’horreur. Ces premières minutes sont à l’image du morceau qu’elles accompagnent : mystérieuses et hypnotiques, entêtantes et belles. Elles ouvrent la porte à un univers, à une histoire qu’on découvrira dans son entièreté le 19 novembre prochain.

Et qu’on se le dise, avec Dampa la lumière est forcément au bout du tunnel.