Cults : « L’une des Plus belles choses de la musique, c’est d’être libératrice »

Cults n’a pas profondément changé en 10 ans et c’est tant mieux. La personnalité du duo New Yorkais se reflète parfaitement dans leur son : adorable, délicat, honnête et très sympathique. C’est avec grand plaisir que La Face B a pu échanger avec eux, notamment sur leur dernier album Host sorti le mois dernier, malgré les milliers de kilomètres qui nous séparent.

Crédit : Maxwell Kamins

VERSION ANGLAISE PLUS BAS / ENGLISH VERSION BELOW

La Face B : Bonjour ! Comment allez-vous ?

Tout compte fait, nous allons bien ! Nous sommes tous les deux à la maison à New York, en train de nous exercer la plupart du temps pour une émission en streaming sur Internet qui aura bientôt lieu. Ça fait du bien de rejouer de la musique !

LFB : Tout d’abord félicitations ! Cults fête sa première décennie. Qu’est ce que ça fair de voir votre projet musical s’installer durablement dans l’indie pop underground ?

C’est souvent ce qu’on dit, mais ces dix dernières années sont passées vite. Nous nous souvenons encore de notre premier spectacle ainsi que de notre dernier à ce jour. Nous sommes vraiment reconnaissants envers tous nos fans – surtout en France ! – qui nous ont permis de poursuivre notre carrière aussi longtemps. Honnêtement, nous ne pensons jamais à nous arrêter ! C’est une discussion que nous n’avons jamais eue.

LFB : L’album Hosts évoque les dynamiques sinistres d’une relation parasitaire. L’écriture de ces titres retrace-t-elle une histoire qui vous est proche ? Si oui, laquelle ?

Oui, les paroles se rapportent directement à des expériences dans nos vies personnelles. L’un des plus beaux aspects de la musique, c’est qu’elle peut être à ce point purificatrice. D’après notre expérience, quand tu écris quelque chose de dérangeant et que tu le chantes fort, ça perd beaucoup de son pouvoir sur toi. Trouver des expériences et des émotions communes avec les gens est le but numéro un de la musique selon nous.

LFB : Comment vous est venu à l’esprit d’étoffer votre musique avec de nouveaux instruments et de faire appel à plus de monde ?

Disons que l’on a eu l’idée à contrecœur ! C’est tellement plus facile et moins cher de faire tout cela sur ordinateur. Cela sonne vraiment très bien de nos jours, ce qui est une partie du problème. Le son d’un véritable orchestre, c’est le son de plein de gens faisant plein de petites erreurs en même temps. L’ordinateur est presque toujours parfait, ce que nous avons trouvé très ennuyeux au bout d’un moment.

LFB : Avez-vous profité de l’enrichissement instrumental pour étoffer davantage la diversité de vos titres, comme 8th Avenue qui vogue entre la soul de Nina Simone et le trip-hop de Portishead ?

Wow, ce sont de très belles comparaisons ! Quand nous avons écrit cette chanson, nous pensions beaucoup à Melody de Serge Gainsbourg. À un moment donné, la chanson était très longue ! Pour les orchestrations, nous les avons plus ou moins écrites de la façon dont elles ont été enregistrées, mais nous avons laissé les batteurs faire à peu près tout ce qu’ils voulaient initialement. Cela mène à de différentes approches très intéressantes !

LFB : Avez-où une optique live en composant et enregistrant ces nouveaux morceaux ?

Nous n’avons jamais vraiment tenu compte du live lors de l’enregistrement d’un disque. Nous considérons qu’il s’agit de deux exercices très distincts. Mais maintenant que nous les jouons avec un groupe, ils sonnent vraiment différemment. Il faut faire confiance à son instinct dans les deux cas.

LFB : Sans le savoir, en 2011, vous avez écrit l’hymne du déconfinement en 2020 avec « Go Outside ». Et si Hosts contenait un futur hymne dans dix ans, donc en 2030, vous choisiriez quel titre ?

Ah ! Oui, nous avions à l’origine très peur que les gens utilisent cette chanson dans le mauvais contexte pendant cette crise. On aimerait être à l’origine de la bande son d’un retour « à la normale », mais ce n’est pas encore d’actualité ! Peut-être Spit You Out quand on se débarrassera enfin de ce truc.

LFB : Votre album sort sans concerts à l’horizon.  Avez-vous la crainte de ne jamais pouvoir le défendre en live ?

Eh bien, nous jouons un spectacle virtuel au Poisson Rouge, un excellent lieu avant-gardiste, ici, à New York, dans quelques semaines. Nous avons joué déjà quelques sessions, mais ce n’est évidemment pas la même chose. Nous en sommes venus à accepter la réalité : nous aurons probablement un autre album quand ce sera sûr de repartir en tournée. Mais ces chansons connaîtront la scène, et ce confinement nous donne l’occasion d’écrire de la musique plus rapidement.

LFB : Combien de titres ont été écrits durant l’élaboration de Hosts ? Reste-t-il des titres encore cachés ?

Oui beaucoup de B-sides ! Nous ne sommes pas encore sûrs de ce que nous voulons en faire, mais nous allons très certainement les partager. Certaines d’entre-elles sont particulièrement d’inspiration française.

LFB : Dans quelle salle de concert avez-vous forte envie de rejouer après cette pandémie ?

N’importe laquelle ! Vraiment, nous avons eu la chance de jouer tant d’endroits incroyables, c’est difficile d’avoir une préférence.

LFB : Etes-vous impatients d’aborder une nouvelle tournée européenne ? Rallongeriez-vous votre future tournée avec plus de dates afin de rattraper le temps perdu ?

Oui, nous aimerions bien ! C’est tellement effrayant d’être enfermé en Amérique en ce moment, et pas seulement à cause de tout ce qui se passe politiquement ou avec le virus. C’est le sentiment d’être vraiment coincés. Nous ne pouvons aller nulle part ! Personne ne veut de nous, mais on n’en veut à personne. Ce serait étonnant de pouvoir faire une longue tournée en Europe en ce moment.

LFB : Quel artiste/groupe vous a donnée envie de faire de la musique ?

Oh lala. The Cure ? The Supremes ? Squarepusher ? 

LFB : Quels sont vos coups de cœur musicaux récents ?

Nous adorons le nouvel album d’Angel Olsen. Il y a aussi Faye Webster qui est une de nos favoris pour les longs trajets. Aussi, nous avons fait notre dernière tournée avec une artiste montréalaise qui s’appelle Munya qui chante d’ailleurs magnifiquement bien en français.

LFB : Merci d’avoir consacré un peu de temps pour notre rédaction !

Merci ! Nous ferons tout pour vous, la France !

ENGLISH VERSION

Hi! How are you?

All things considered we are doing well! We are both at home in New York City, practicing most days for an internet streaming show we have coming up. It feels good to be playing music again! 

First, congratulations. Cults celebrate their first decade. How does it feel to see your project set in lastingly the underground indie pop music scene?

It’s a common saying, but these last ten years really have flown by. We can remember our first show about as well as our last one at this point. We’re really grateful to all our fans (especially in France!) who have made it possible for us to keep going this long. We honestly never think about stopping! It’s a discussion we have never had.

The album Hosts deals with the dire dynamics of a toxic relationship. Do the lyrics refer to your own story, or the story of someone close?

Yes, the lyrics definitely relate directly to experiences in our personal lives. One of the many beautiful things about music is how cathartic it can be. In our experience if you write a song about something disturbing and sing it loud to people it loses a lot of its power over you. Finding common experience and emotion with people is the number one purpose of music as we see it. 

How did you come up with the idea of enriching your music with new instruments and thus call on more people?

We would say we came up with the idea reluctantly! It is so much easier and cheaper to do things all on the computer. It really does sound very good these days, which is part of the problem. The sound of a real orchestra is the sound of many people making many small mistakes together at the same time. The computer is almost always perfect, which we found very annoying after a while. 

Did you take advantage on this enrichment to diversify your style, just like with 8th Avenue, which drifts between Nina Simone’s soul music and Portishead’s trip-hop music?

Wow those are very kind comparisons! When we wrote that song we were thinking a lot about “Melody” by Serge Gainsbourg. At one point the song was very long! For the orchestrations, we more or less wrote them out the way they were recorded, but we let the drummers do pretty much whatever they wanted initially. That lead to some very interesting different approaches! 

Did you write those new songs with the view of performing them or did you think about the stage after the recording?

We’ve never really considered the live experience when we make a record. We view those as two very separate jobs. Now that we are playing them with a band they are very different! You just have to trust your instincts in each case. 

You did not expect it at that time but in 2011 you wrote the 2020 un-lockdown anthem with Go Outside. If Hosts included a future anthem in ten years, which one would you pick up?

Ha! Yes we were originally very afraid of people using that song in the wrong context during this crisis. We would love to be the theme song for a safe return to “normal” but that is not here yet! Maybe “Spit You Out” for when we finally get rid of this thing. 

Your record was released on the 18th of September, with no gigs on the horizon. Do you fear the possibility of never being able to defend this record on stage?

Well we are playing a virtual show at Le Poisson Rouge, an excellent avant-garde venue here in NYC in a couple weeks. We have played a few sessions, but obviously it is not the same. We have come to accept the reality that we will probably have another record out by the time it is safe to tour again. But these songs will see the stage, and this lockdown does give us an opportunity to write music more quickly. 

How many tracks did you write during the composition of Hosts? Are there B-sides to expect?

Yes many B-sides! We’re not sure what we want to do with them yet but we definitely want to share them. Some of them are particularly French inspired.

Are there any venues you starve to perform at after the pandemic?

Any of them! Truly, we have been fortunate to play so many incredible places it’s difficult to pick favorites. 

Are you eager to start a new European tour? Would you expand it to make up for the lost time?

Yes we would love to! It’s so scary being locked in America right now, and not just because of all that is going on politically or with the virus. It’s the feeling of being actually boxed in. We can’t go anywhere! No wants wants us and we do not blame them at all. Taking a long tour of Europe sounds amazing right now. 

Which artist(s) made you want to make music?

Oh man. The Cure? The Supremes? Squarepusher? 

And which are your recent musical crushes?

We love the new Angel Olsen record to death. Faye Webster is a favorite on long drives. Our last tour was with a Montreal artist named Munya who sings very beautifully in French. 

Thank you for having spent some time to answer our questions!

Thank you! We will do anything for you France!