CRAFT. S01 E02 – TOMASI

Dans ce deuxième épisode, TOMASI vient nous parler de Phalanges, son dernier titre. Il revient sur les huit ans qui ont séparé la première et la dernière version du morceau, sur son envie de gentillesse dans le monde de la musique, et sur ses mélanges d’influences inattendus.

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INTERVIEW

CRAFT : Salut Tomasi, bienvenue dans CRAFT !

Tomasi : Merci beaucoup, je suis ravi d’être là !

CRAFT : Merci de m’accueillir chez toi. Tu es là pour nous parler de ta chanson Phalanges, sortie cette année.

Tomasi : Oui, sortie cette année, il y a quelques temps – ça doit faire un mois et demi, quelque chose comme ça.

CRAFT : Quand est-ce que cette chanson est apparue pour la première fois, dans ta tête ?

Tomasi : C’est pour ça que j’ai choisi ce morceau en fait, pas parce que c’est le dernier, mais parce que la première version date de 2014, ce qui commence à dater – on est en 2022, ça fait huit ans… Elle a eu… je sais pas… soixante versions ! Au moins quatre grosses versions où la chanson a complètement changé. C’était une base de création intéressante, qui me faisait rire, mais ça a été un sacré travail à remanier. Au début, je faisais beaucoup plus de parler, il y avait tout un truc où je mettais beaucoup de choses dans la production, et ça a été de l’épuration jusqu’à la fin.

CRAFT : Huit ans à sortir la chanson !

Tomasi : A la ressortir en tout cas. Je trouvais la composition intéressante, elle me faisait rire, ça bougeait un peu dans tous les sens… Et c’est en rencontrant un producteur avec qui je travaille maintenant, qui s’appelle Alexis Delong, qui était dans INUIT avant, qui bosse avec pas mal de gens – il a fait des morceaux sur le dernier Disiz, il a fait l’album de Raphaël, il bosse beaucoup avec la team, avec Yoa, avec Zaho de Sagazan, Ian Caulfield aussi…

CRAFT : Lui a aidé à épurer, c’est ça ? C’est toi qui lui as dit la direction que tu voulais prendre, ou c’était plutôt une conversation ?

Tomasi : Ça a été un travail assez long. Je fais partie des artistes pour qui la pandémie a été vraiment bénéfique, parce que ça m’a permis de me poser, de réfléchir vraiment à la musique que je voulais faire. Et celle-là faisait partie des chansons que je voulais qu’on travaille, sans savoir si ça allait être un EP, un album… Juste essayer de trouver une direction. Et on a fait trois fois tous ces morceaux : on touchait un truc du doigt donc on refaisait tout, puis on retouchait un autre truc du doigt donc on refaisait encore… Jusqu’à arriver à ce truc. C’est pour ça que ça me tenait à cœur de le sortir en premier de cette nouvelle vague de morceaux, parce que c’est un truc un peu rock, où je reviens à la musique que j’écoutais quand j’étais ado et qui me donnait le sentiment de liberté que j’ai envie de transmettre dans mes morceaux. Je suis pas arrivé en disant à Alexis « ouais je veux faire ça », ça a été une longue recherche pour trouver un son, ce qu’on voulait renvoyer comme émotion, et au fur et à mesure j’avais des références dans les textes aux Arctic Monkeys… Dans celle-là, il y a même un truc rock californien un peu débile. On a samplé des guitares découpées, et c’est le même procédé que sur I Got A Feeling des Black Eyed Peas, produit par David Guetta. Et c’est marrant parce que ça donne une autre couleur : on a utilisé un vieil appareil du début des années 2000, qui s’appelle un sampler, et qui donne une touche un peu particulière aux instruments.

CRAFT : Quand tu parles du feeling que tu veux transmettre avec la chanson, tu évoques les références musicales. En termes d’émotions, j’aime pas parler de message en chanson, mais il y a une vibe que tu cherchais ?

Tomasi : En fait le refrain a pas beaucoup bougé depuis la première version… Je m’en rappelle pas très bien… A l’époque, je réfléchissais pas beaucoup à ce que je voulais dire, en tout cas moins que maintenant. C’était assez automatique, et à la fois, ça a jamais été aussi vrai huit ans plus tard, que je fais « jamais comme les autres, et c’est pas ma faute. » Et je trouve que c’est un beau message, c’est aussi pour ça que je voulais que ce soit le premier de la nouvelle série.

CRAFT : Ouais, c’est un beau message, et d’ailleurs c’est un truc que j’ai remarqué en l’écoutant… plusieurs fois du coup (Tomasi rit) – il y a cette juxtaposition assez intéressante entre un vocabulaire emprunté au rap, ou au hip-hop, cette affirmation presque belliqueuse, ce truc de « mon tour arrive et je vais imposer mon style », et le fait que tu utilises ce thème pour imposer de la gentillesse.

Tomasi : C’est un peu ça ! L’idée, c’est de clamer haut et fort que je suis un peu différent et que je trouve ça cool, mais pas de le faire de la même manière, dire que je veux faire du bif… Après, j’écoute énormément de musique comme ça, j’ai aucun problème avec ça. C’est juste que ça me correspond pas – tu vois on est dans mon appartement, j’ai un grand appartement, je vis très bien… L’idée, c’est juste de raconter la vérité : on est toute une bande de potes qui faisons de la musique, avec Trente, Fils Cara, Ian Caulfield, Yoa, Pi Ja Ma… C’est assez large en fait, et on est tous d’accord qu’on se retrouve pas dans des valeurs un peu vénère et qu’au contraire, on a envie de changer les choses de belle manière. Quand on voit les dessous de l’industrie, on se rend compte de certaines choses sur des chanteurs qu’on a pu admirer, des histoires un peu hardcore… Et du coup, t’as ce refrain un peu généraliste, mais dans les couplets, j’essaie de développer un peu. Je fais une référence à Martin Matin, ce qui a beaucoup fait rire Charles ! (ndlr ; rédacteur en chef de La Face B)

CRAFT : Sans aller dans quelque-chose de précis, c’est du vécu, ce dégoût de la méchanceté dans l’industrie ?

Tomasi : Ouais ! Je cherche encore le bon titre, parce que je trouve que « L’empire des gentils » a un truc naïf. Or, je crois pas qu’on soit naïfs… Ça m’obsède un peu – on en parle pas mal avec un de mes copains qui s’appelle Martin Luminet, et qui fait beaucoup de chansons. Et j’avoue que je sais jamais trop comment définir ça : qu’on est ensemble, qu’on se bat ensemble, qu’on est de la même équipe. C’est un peu ça en fait : être une équipe de foot, qui veut gagner sans écraser les autres.

CRAFT : « Les gentils » c’est bien. La gentillesse, comme tu dis, est souvent prise pour de la naïveté ou de la bêtise, et la méchanceté souvent perçue comme de l’intelligence, alors que pas du tout…

Tomais : Pas forcément, non…

CRAFT : Pour revenir aux influences : il y a des artistes qui t’ont influencé, pas dans leur son, mais dans leur façon de créer ?

Tomasi : Complètement. Je suis très influençable à ce niveau-là. Il y a un groupe que j’adore, et qui était très décrié à l’époque, mais qui a été une grosse base de ma culture musicale : les BB Brunes. C’était un peu un « groupe à minettes »…

CRAFT : C’était l’image oui.

Tomasi : Ouais c’était l’image, et j’ai toujours trouvé qu’Adrien Gallo, le chanteur, avait une plume incroyable, capable d’écrire des trucs qui me faisaient ressentir énormément d’émotions. Ça m’a toujours touché, et grâce à lui j’ai découvert le rock anglais, les Babyshambles, tout Pete Doherty, les Arctic Monkeys, les Strokes, tout ce pan-là… Et d’un autre côté, tous les grands auteurs français. Alors, j’avais douze/treize ans, c’était 2008… Et j’ai découvert Gainsbourg, Christophe, Brassens, une manière de s’amuser avec la langue française. Et déjà à l’époque, j’écrivais des chansons en français, ce qui n’était pas le cas de tout le monde.

CRAFT : Ça fait peur d’écrire en français.

Tomasi : Ouais, et pourtant j’ai jamais envisagé d’écrire autrement qu’en français. J’ai rien à dire en anglais. Même si ça sonne bien, j’ai l’impression de pas pouvoir tirer mon épingle du jeu. J’ai toujours eu ce sentiment-là. Et je crois qu’il y a eu un tournant : pendant le confinement, j’ai fait une reprise des Strokes, où j’ai traduit The Adults are Talking, le premier morceau du dernier album, sorti pendant le confinement. Et je me suis dit « ah mais on peut faire ça, refaire du rock en français ! » Et ça a redonné un souffle à tous les morceaux, notamment Phalanges, à qui a voulu un peu redonner cette couleur-là et… je me perds un peu dans ce que je dis (rires).

CRAFT : Non pas du tout, c’est intéressant, et c’est cool ce choix délibéré du français.

Tomasi : Ouais, j’ai envie d’être entendu quoi.

CRAFT : Carrément, et concernant ce truc de la traduction, on a eu la grande époque des Yéyé, où on traduisait tous les tubes américains en français et ça marchait très bien. A l’époque, le monde de la musique était beaucoup moins accessible, donc tout le monde était en mode « Génial ! Eddy Mitchell a écrit Sur la Route de Memphis ! » Et dix ans plus tard, t’es là « ahhhh… »

Tomasi : C’est intéressant justement : je me suis demandé à un moment si on revenait pas aux Yéyés avec les projets pop qui fleurissent un peu partout, où tout le monde fait un peu la même chose. Ce qui était fou à cette époque-là, c’est qu’on n’avait pas Wikipédia : on savait pas qui avait écrit les chansons. Limite, c’était marqué derrière le disque…

CRAFT : J’écoutais un podcast récemment, le Lex Fridman podcast, tu connais ?

Tomasi : Non !

CRAFT : C’est un professeur sur l’intelligence artificielle aux Etats-Unis, qui invite des spécialistes, et il a aussi invité Grimes.

Tomasi : Incroyable.

CRAFT :  Je suis la plus grande fan de Grimes, c’est une killeuse. Et elle comparait l’art à une grande conversation, où c’est pas juste un projet individualiste de « je dis ce que je veux » – évidemment tu dis ce que tu veux, mais avec des mots et des thèmes qui ont été utilisés avant, etc. J’ai l’impression que c’est important pour toi de t’inscrire dans cette conversation.

Tomasi : Complètement. Enfin… je sais pas si c’est conscient.

CRAFT : A quel point t’y penses ?

Tomasi : Justement, c’est un truc qui m’intéresse dans le processus créatif. Il y a des gens qui arrivent à se dire « ok, je vais faire du tir à l’arc » et ils visent la cible au milieu direct. Moi, j’ai plus une approche où quand je sais à peu près où je vais sans savoir vraiment, le chemin est beaucoup plus intéressant, et j’ai passé un meilleur moment que si je prenais la route toute droite. C’est en perdant que je trouve ce que je veux faire. Mais je conscientise pas tout. Par exemple, même si j’avais pensé à faire du rock dès le début, j’aurais pas su comment le faire. C’est au fur et à mesure des prods que c’est venu, naturellement.

CRAFT : C’est ça qui te fait le plus kiffer dans le processus ?

Tomasi : Ouais. Je suis pas fait pour savoir exactement ce que je veux faire. J’aime bien chercher.

CRAFT : Je pense que les artistes qui kiffent le plus sont les artistes qui passent leur vie à chercher.

Tomasi : Peut-être !

CRAFT : On en a un peu parlé, mais revenons sur l’écriture : en quoi le processus de cette chanson diffère des autres ?

Tomasi : Je crois que c’est le morceau qui a eu le plus de vies. Et c’est ça qui m’intéresse, cette idée de pas lâcher le morceau… sans mauvais jeu de mots (rires). Il y a toujours ma patte et mes références, et c’est le premier d’une nouvelle série, donc en ça, c’est un peu difficile de parler des autres morceaux que les gens ont pas encore écouté…

CRAFT : Je voulais surtout parler du processus : tu l’as écrit comme tu écris les autres ?

Tomasi : Sur certains, je me mets à la guitare, je trouve des accords et ça vient tout seul… Sur d’autres, je me mets à l’ordi, je fais une prod, je travaille tout le film de la chanson comme si c’était du montage, et ensuite je calque des paroles dessus… Ce morceau, c’était plutôt ça.

CRAFT : T’as commencé avec la MAO.

Tomasi : Celui-là, tout particulièrement, c’était une grande expérimentation… Il devait faire six minutes, quelque-chose comme ça… ça partait dans tous les sens, il y avait un pont de trois minutes, avec des guitares à l’envers, en stéréo… En fait, c’était un des trucs où je m’étais le plus amusé quand je commençais sur les logiciels. Je me disais « là, je m’amuse bien ». Et puis un jour, je l’ai ressorti, ça devait être en 2018/2019, et c’était plus pop, plus resserré, il y avait moins de choses, mais encore beaucoup. Puis Alexis est arrivé, et on a tout cassé.

Illustration : Claire Le Gouriellec
Photo originale : Nicolas Garrier

CRAFT : Quand est-ce que tu sens que tu tiens le morceau que tu voulais faire ?

Tomasi : C’est dur. A chaque version, je me dis « Aah ! Là c’est bien ! » Et en fait je me rends compte que non.

CRAFT : Et comment tu te rends compte que non ?

Tomasi : Je sais pas… Je pense que c’est important de faire écouter sa musique aux gens proches. Tu peux te rendre compte que c’est pas forcément exactement la sensation que tu voulais véhiculer, tu vois un petit décalage… Ça dépend aussi du moment, donc c’est pas forcément très fiable.

CRAFT : Pour celle-là, par exemple, c’était quoi ? « Ah les gens on pas envie de danser », etc. ce genre de choses ?

Tomasi : Alexis a été hyper important dans ce processus. Il m’a fait prendre conscience que dans ma méthode de travail je mettais énormément de choses. En se détachant de l’ordi, où tu vois tout ce qui passe sur l’écran, tu te rends compte en l’écoutant pour la première fois juste avec les oreilles que ça peut paraître lourd. Et ça a été un gros travail de dégrossage : de mots surtout, parce que comme je te disais c’était presque du spoken word à l’époque, ça faisait ta ta ta ta ta – l’autoroute un peu. Et puis, on a pris le temps de dégrossir pour garder l’essentiel.

CRAFT : Et à un moment, vous vous êtes dit « yes ! »

Tomasi : Je m’en rappelle très bien – on avait loué une maison sur Airbnb dans le Perche. On aime bien faire ça pour travailler, on part dix jours en immersion, on charge la voiture du plus de matériel possible, et on se fait un studio de fortune. Et pendant ce séjour-là, on a bossé le morceau. On a du commencer à 16h, et à minuit, on était tous à danser sur les tables dessus. C’était un beau moment.

CRAFT : C’est le meilleur feeling ça.

Tomasi : Exactement. On écoutait I Got A Feeling, Firework, et ce morceau-là, et on retrouvait le même truc. Alors c’était l’euphorie du moment, on est redescendus depuis (rires).

CRAFT : Il faut tenir ce feeling, c’est trop bien ! Et pour parler de l’inverse, on a tous des moments dans la création où on est dans une impasse, sans savoir où aller. Comment tu décrirais ce sentiment, et comment tu dépasses ces doutes ?

Tomasi : Quand tu sais plus comment avancer ?

CRAFT : Ouais, quand tu sais plus où la chanson va, que tu l’as trop travaillée, que tu te souviens plus du feeling de base…

Tomasi : C’est vraiment le plus dur, je trouve. J’ai beaucoup évolué là-dessus : j’aurais pu en parler des heures à l’époque où j’ai fait toute cette série de morceaux – j’étais un peu perdu. Maintenant je me dis que si tu te prends trop la tête sur un morceau, c’est que c’est pas le bon, qu’il faut passer à autre chose. Mais bon, certains morceaux ont eu dix versions. Je pense surtout à un morceau, Adolescent Fluorescent… Quand j’y repense, on s’est pris la tête longtemps, on a fini par trouver la bonne version, et là, en le réécoutant, je sais même pas s’il sortira un jour. On peut jamais savoir en fait !

CRAFT : Et le mood change aussi.

Tomasi : Et si ça se trouve je vais le réécouter un jour et me dire « wow c’est incroyable. » C’est pour ça que je pense que c’est intéressant de bosser en deux temps : tout donner dans ce que tu fais, continuer à s’amuser – d’ailleurs, Alexis il s’amuse beaucoup et il est assez fascinant à regarder, parce qu’il est à fond dedans, c’est assez génial – et puis ensuite d’avoir le recul sur ce que t’as fait. Mais de séparer les deux moments. Je sais que ça me réussit pas du tout moi, de chercher pendant la création à savoir ce que ça renvoie, quelle émotion ça procure. C’est un truc que j’avais tendance à faire, et que je fais plus du tout.

CRAFT : Ça tue le muscle créatif, quand tu te regardes d’un point de vue extérieur, en te demandant à chaque instant « est-ce que c’est bien là ? »

Tomasi : Sans entrer dans des grandes phrases, le rap c’est une musique assez capitaliste et mélancolique et moi, je crois que je me suis fait matrixé par le côté médiatique du rap, où t’as l’impression que les mecs avaient tout prévu. Tu regardes par exemple Damso, il t’explique que depuis sa première mixtape jusqu’à « QALF Infinity », il avait tout prévu, et tu te dis « ok faut faire pareil, c’est ça qui est stylé », parce que tu kiffes le projet pour cette raison. Mais au final… Il y avait peut-être des grandes lignes, mais je suis pas sûr que le gars ait un papier avec chaque chanson où tout est écrit. Et je crois qu’il y a pas mal de monde qui se fait avoir avec ça.

CRAFT : Il y a une écrivaine qui s’appelle Zadie Smith qui, dès qu’elle finit un manuscrit, le met pendant trois mois dans un tiroir de son bureau. Elle le regarde pas, elle y touche pas, et elle y revient ensuite pour avoir ce regard « public ».

Tomasi : C’est hyper intéressant.

CRAFT : On parlait des deux étapes de la création – est-ce que toi tu mets tes chansons au dodo pour y revenir plus tard ?

Tomasi : J’ai du mal… (rires) Je fais aussi de la musique parce que j’ai envie de l’écouter. Entre le moment où tu fais le morceau et le moment où il sort, normalement t’as déjà eu le temps de t’en lasser un peu, donc faut lui trouver une nouvelle vie. Je sais que j’ai vachement de mal… Si t’emballes un cadeau, t’as envie de l’ouvrir à un moment aussi.

CRAFT : Et le clip, qui a été réalisé par Nicolas Garrier…

Tomasi : C’est notre onzième clip ensemble.

CRAFT : Nice ! Belle collab.

Tomasi : Ouais, il fait partie du crew là. Et dans celui-ci on voulait changer de représentation. Ça a été notre défi. Avant, j’avais un peignoir, une image assez définie…

CRAFT : Comme Chilly Gonzales !

Tomasi : Comme Chilly Gonzales ! Et je le mettais sur scène aussi, un peignoir rouge un peu plus clinquant. D’ailleurs tu peux le voir sur l’affiche là…

CRAFT : (elle aperçoit ladite affiche) Ahhhh, je vois le peignoir.

Tomasi : C’était assez rigolo. Et ça a été intéressant de se dire « bon ok, on faisait quoi comme clips avant ? On garde la même chose parce que c’est l’identité de Tomasi, mais il faut que ce soit différent esthétiquement ». Et on avait fait beaucoup de clips en intérieur, en studio, ici… Je sais pas pourquoi, on finit toujours par faire des clips ici (rires). On avait cette idée de zoom avant, restée dans la première partie du clip… En fait on avait trop d’idées, donc il y a trois clips. C’est Hugo (Pillard) qui fait les graphismes : il y a plein d’écritures dessus, qui lient un peu tout ça. L’idée, c’était d’être dehors, de trouver une autre idée… Tomasi n’est plus en peignoir, il est sorti.

CRAFT : J’aime beaucoup le clip, je le trouve très beau et évocateur.

Tomasi : C’est Basile Crépin-Leblond qui a fait la photo.

CRAFT : A un moment, t’es en quinconce avec les autres, tu baisses la tête quand ils la lèvent, etc. et il y a des croix sur leurs visages, il y a un sens, type toi t’es différent ?

Tomasi : Ouais, c’est dans le sens « je suis différent », c’est pas des gens qui j’efface plus que d’autres…

CRAFT : Le deathnote. (rires)

Tomasi : Ce serait marrant, et au fur et à mesure y en a un qui meurt… Non, en fait c’est surtout que j’aime bien les groupes anglais, et il y a ce truc de patchwork parfois dans certains projets, que j’avais envie de retrouver à l’image. Et Hugo et Nico ensemble, ça fait des étincelles. Hugo fait des clips pour d’autres artistes : il a fait des clips de Pomme, de Tim Dup, il donnait des coups de main sur Fauve à l’époque…

CRAFT : T’es bien entouré, c’est cool.

Tomasi : Ah grave.

CRAFT : Dernière chose : en live, tu l’as faite sur La Bouclette TV, est-ce que tu l’as jouée ailleurs cette chanson ?

Tomasi : J’ai repris une nouvelle tournée, en pause, qui reprendra à l’automne. J’ai pu faire six ou sept dates depuis la sortie.

CRAFT : Et comment elle est reçue ?

Tomasi : Généralement, tout le monde joue son single à la fin, et moi j’ai pris le parti de commencer avec, parce que je pense que c’est un bon point de départ. Et c’est chouette, moi ça me permet aussi de me mettre dedans. Du coup, ceux qui connaissent chantent dès le premier morceau.

CRAFT : Ils doivent être fous ! Yes, le hit !

Tomasi : Ouais, et c’est aussi une façon de punir ceux qui sont en retard…

CRAFT : Fallait être là, déso ! (rires)

Tomasi : Nan mais je la rejoue aussi à la fin, quand on veut bien de moi.

CRAFT : Elle marche bien, t’es content.

Tomasi : Ouais, carrément, c’est un morceau qui marche bien live. C’est assez compliqué au final, parce qu’il a beaucoup d’énergie, mais la voix est assez posée, notamment en sortie de refrain, sur « J’veux…. qu’tu…. fermes …. les …. Yeux », et c’est bizarre parce qu’il faut être hyper posé pour le faire mais j’ai envie de sauter partout avec ce qui se passe autour. Heureusement, j’ai la basse qui me donne une assise.

CRAFT : Tu fais de la basse en live sur celle-là.

Tomasi : Oui, sur celle-là et sur deux autres chansons. Ça m’occupe les mains et puis c’est un bon point de départ, et puis c’est marrant. J’ai du mal à dire que je fais un projet de rap maintenant parce que ça évolue beaucoup, et puis je crois surtout que j’écris des chansons, en fait, peu importe la manière. Mais je trouve ça rigolo de se dire « Tomasi c’était un rappeur » et puis au final t’arrives et c’est beaucoup plus rock.

CRAFT : Trop cool en tout cas, merci beaucoup de m’avoir parlé de cette chanson.

Tomasi : Je suis ravi, j’espère qu’on en parlera d’autres un jour.

CRAFT : Avec plaisir ! On te souhaite le meilleur pour la suite et ta tournée à l’automne. Où est-ce qu’on peut trouver ton projet, tes dates ?

Tomasi : Sur Instagram, Facebook, les classiques.

CRAFT : Parfait, merci beaucoup, et à la prochaine !

Tomasi : Merci !

Illustration : Claire Le Gouriellec @verycoolgal // Jingle : Angéline Savelli @delasavelli

On l’entend dans ce podcast : Black Eyes Peas – I got a feeling