The Harts Industry, enfants des 90’s bercés de désillusions

Après un premier EP en 2017, « Cherokee Hell », le quatuor français The Harts Industry revient avec un nouveau format court, All Covered in Gold. Enregistré en 2019, sa sortie s’est faite attendre, vous l’aurez deviné, à cause des confinements successifs et du musellements des artistes qui s’en est suivi. On comprendra tout à fait ce choix en écoutant ce disque. The Harts Industry est clairement un groupe taillé pour la scène. L’entièreté de All Covered in Gold appelle à l’énergie du live, énergie excellemment restituée sur les versions studios, ce qui mérite d’être souligné. Ils délivrent un Rock Alternatif aux effluves Stoner, juste du début à la fin.

Crédit photo : Laura Lyson

Enfants des nineties bercés de désillusions, les membres de The Harts Industry ont grandi dans un monde en constante évolution, où la machine prend peu à peu le pas sur l’humain. Avec comme dernier abri leurs chambres baignées de fumée de cigarettes brûlant l’envie de traduire ces inquiétudes et ces doutes en rythmes et en notes. Leur musique est profondément mélancolique, mais donne aussi l’envie de se relever et d’avancer, même si tout est noir. La lumière n’est jamais très loin, le meilleur exemple étant la tendre ballade Prodigal Son et son finalbattant. Interprètes des cris d’une génération laissée pour compte, ils réussissent aussi à déterrer les souvenirs d’un temps où tout paraissait paisible et innocent.

Tout d’abord il faut dire que les 5 morceaux de l’EP sont forts. The Harts Industry trouve toujours le moyen de venir prendre l’auditeur aux tripes. Cross The Line est comme une piqûre d’adrénaline en plein dans la poitrine, digne des meilleurs moments de Black Rebel Motorcycle Club. Efficace, galvanisante, elle est de celles qui forcent à constater qu’il faut voir le groupe en concert. Danser pour oublier tout ce qui est évoquer plus haut, le temps d’une soirée. Le reste de l’EP n’est pas en reste. Night Call est délicieusement Stoner, tout en sonnant comme l’enfant illégitime des Smiths et d’Alice in Chains. Mélange d’influences alambiqué mais parfaitement maîtrisé, la signature sonore du groupe est toujours bel et bien présente. Puissante, ses chœurs lumineux pourraient entacher le plus sombre des ciels nocturnes.

De même, Water Snakes, déflagrante et sans retenue, nous offre des mélodies prenantes. Le groupe pose une section rythmique carrée et un refrain massif. À vrai dire, on peut l’écouter en boucle tant son efficacité est considérable. Le groupe, qui a dû vite mesurer le potentiel de ce titre, nous régale d’un clip assez sombre. Cependant, la réalisation brillante de Skope Film le magnifie. Le groupe nous raconte avec brio le sujet du morceau et les partis-pris du clip, voici leurs mots :

« Water Snakes, c’est l’idéal jugé inaccessible.

Il est ici question de silhouettes « recouvertes d’or », éblouissantes, poussant au lâcher prise, jusqu’à la déraison. Un ballet constant dans un rêve fiévreux. Entre extase béate et crainte de l’échec. Le clip de Water Snakes symbolise à la fois cette peur, mais également l’imprudence d’une sensation de paix. A la manière d’un rite, symbolisant à la fois l’échec, mais aussi le passage à une nouvelle ère, les membres du groupe sont noyés par eux-mêmes.Comme pour rappeler que les victoires comme les défaites sont toujours à portée. »

L’EP se ferme sur la magistrale The Day is Pale. Autant massive qu’introspective, tout vole en éclats à l’arrivée de ce refrain époustouflant. La guitare s’élève pour aller percer la stratosphère. Profondément sombre dans le texte, elle montre néanmoins la maestria du groupe pour ce qui est de traduire des sentiments brumeux en éclats d’or, propulsés haut dans le ciel pour nous donner l’envie de relever la tête.

Ainsi, il n’aura fallu que 22 minutes à The Harts Industry pour nous convaincre qu’ils sont capables de beaucoup de choses. All Covered in Gold est une épopée Rock courte mais admirable et équilibrée. Ce disque nous laisse optimistes quant à la suite des aventures du groupe. Pour le moment, ils ont surtout le besoin de retrouver leur public, et l’air vibrant des salles de concerts. Les tableaux sonores massifs et, par moment, simplement grandioses construits par le quatuor nous rappelle qu’ils sont un groupe de scène. Ayant par ailleurs accompagné sur scène Matt Bastard ou Last Train, c’est sur scène que tout leur potentiel éclate. Même s’ils se présentent eux-mêmes comme un groupe de Soft-Rock, on retrouve des riffs bien lourds et une section rythmique colossale pour porter la voix puissante de son chanteur. Droits dans leurs bottines, The Harts Industry est réellement un groupe à suivre de près.

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