Chaton : “je me dois de ne pas m’épargner”

Chaton, c’est le fameux “au bord de la faillite, je continue d’écrire des poésies…” qui est rentré dans la tête de tout le monde fin 2017. Depuis, il a produit trois albums (Possible, Brune Platine, Princesse Pigalle), tout seul, avec son propre label : Le Contenu. Une productivité stupéfiante, qui traduit une forme d’urgence à parler des choses qui le travaillent, une fureur de créer et de composer, mais aussi de partager tout cela avec son public. Chaton est un grand bavard, on l’a rencontré dans le 18ème, son quartier de prédilection, pour parler autour d’un café de Princesse Pigalle, son troisième album, mais aussi de la vie, des gens, l’industrie de la musique, de la nature humaine, de toute l’intimité qu’il met dans ses chansons, de Pierre Soulages, de Sophie Calle, de mode aussi, et bien sûr de Paris !

CHATON © Ilyes Griyeb

La Face B : Pour ce troisième album, c’est la première fois que tu n’as pas utilisé une photo de toi pour la pochette de l’album. C’est même une photo assez particulière, est-ce que tu peux nous raconter ce choix ?

Chaton : On avait une pochette qui était une photo de moi et deux semaines avant les livraisons j’ai pris cette photo, que je trouve fabuleuse de ma femme, qui est en train de vomir contre une voiture. Le titre de travail n’était pas non plus Princesse Pigalle et en fait on a vécu ce moment complètement étrange et j’ai pris cette photo et je trouvais ça tellement beau : on était à un mariage, elle était très très belle et en même temps elle s’est mise à être malade sur le bord de la route mais toujours avec élégance, et pour moi ça représentait tellement de choses. Cela voulait aussi dire d’aimer quelqu’un dans son entièreté, et d’être là pour quelqu’un dans les bons moments comme dans les pires. Cela représentait vraiment tout l’amour que je lui porte et que je raconte beaucoup dans mes albums. Et en regardant cette photo m’est venu directement ce titre Princesse Pigalle car c’est un peu pareil : il y a le plus beau et le pire dans ce titre. Au final ce que je raconte c’est une histoire d’amour, mais une histoire d’amour dans laquelle je n’essaie pas de prendre un rôle ou d’améliorer la réalité. Quand c’est dur je dis que c’est dur, quand c’est beau je dis que c’est beau et je trouve que cette photo représentait vraiment ce disque.

Mais ce n’était pas le titre et la pochette de travail, ça a vraiment changé au dernier moment et ça me plaît, j’adore les moments comme ça, c’est comme le titre qui naît au dernier moment et qui n’était pas censé être sur l’album, je trouve que c’est toujours les plus belles histoires. Le titre de base devait être 23:34 qui est d’ailleurs le titre d’une chanson, la première que j’ai écrite, et qui pour moi représentait très très bien ce que je dis et ce que je raconte.

LFB : Et pour le second album, Brune Platine, ce titre faisait référence à quoi ?

Chaton : Ce titre vient aussi de l’une des chansons de l’album, Brune Platine donc, où je parle à ma fille. Je lui dis que s’il le faut je retournerais à l’usine, dans la variété, je redeviendrais “Brune Platine” qui est un peu le super-héros que je peux être quand il faut vraiment faire de l’oseille. Mais ce serait un peu sous la contrainte. Je dis vraiment que la vie que je mène actuellement c’est celle que je veux, maintenant si elle ne se sent pas bien dans cette vie-là, si elle ne lui convient pas, si elle ne lui suffit pas… et qu’il faut retourner à l’usine, je le ferais. Je redeviendrais ce Simon flamboyant, qui sourit tout le temps, qui va faire des hits, qui ne le vit pas super bien, mais qui le fera quand même parce que pour toi ma fille, je serais prêt à tout sacrifier y compris mon quotidien.

LFB : Il y a vraiment une ligne directrice entre tes trois albums, une singularité, une identité que l’on retrouve à chaque fois. Mais comment est-ce que tu les différencierais ?

Chaton : L’une de mes grandes références c’est Pierre Soulages (NDLR : un peintre contemporain), il est l’un des artistes que j’admire le plus : toute sa vie, il a fait des variations sur la couleur noire. Je suis émerveillé par la finesse de la variation sur le même thème. Et au fond, si tu es assez honnête avec ton contenu créatif, c’est assez logique que tu fasses des variations de ce que tu connais. Après, les variations peuvent être infimes pour certains et inexistantes pour d’autres. En tous cas c’est une pâte que je pétris à longueur de temps donc moi j’y vois des finesses que plein de gens ne voient pas. Mais j’ai l’impression d’avancer : je me raconte toujours plus ou moins. Je raconte le monde via mon prisme donc forcément je ne suis pas une autre personne à six mois d’intervalles.

« Je me dois de ne pas m’épargner. »

LFB : Tes titres parlent toujours de choses très personnelles, très intimes, parfois même carrément de ta famille. Pour le 1er album tu avais écrit ces titres comme cela, sans vraiment réfléchir au fait que quelqu’un allait les écouter, et après coup tu as dit que tu les aurais peut-être écrit différemment si tu l’avais su. Mais sur tes deux autres albums, tu parles toujours de choses très intimes… pourtant maintenant tu sais que les gens t’écoutent. Tu t’es décomplexé sur cet aspect-là ?

Chaton : C’est une rigueur, une vraie rigueur avec moi-même et que j’estime devoir aux gens qui m’écoutent et aux gens avec qui je travaille. Je me dois de ne pas m’épargner. La seule rigueur que je m’impose c’est d’être honnête : honnête avec ce que je pense, avec ce que je suis, avec où je me situe à ce moment-là.

En effet, ce 1er album, je pensais vraiment le sortir sous le manteau, je ne pensais pas qu’il aurait autant d’écho. Mais au fond ça ne change rien car les gens qui écoutent tes titres, tu ne les vois pas. Et en concert ce n’est pas vraiment individuel, tu vois un parterre de gens, tu ne les vois pas assez pour les connaître.

Et pour l’écriture de mes titres, si je commence à réfléchir à l’avis des gens individuellement, c’est un enfer. C’est pour cela que personne n’écoute mes disques avant qu’ils ne soient finis. Je pense sincèrement que si je veux aller au bout de ma vision, il n’y a que moi qui peux définir ce qui est juste ou pas juste. Sinon ça devient une commande, et des commandes j’en ai fait pendant dix ans…

« Quelqu’un qui est dans un bureau ne peut jamais comprendre
ce qui se passe dans la tête d’un artiste. Et un artiste ne peut jamais
comprendre la non-implication d’un mec qui est dans un bureau. »

LFB : Le fait que tu parles souvent des coulisses de l’industrie musicale, ça n’a pas été un frein pour les professionnels de la musique ? Ce n’était pas un peu risqué d’exposer les coulisses de cette industrie ?

Chaton : Je n’expose personne, je ne dis aucun nom. Et puis c’est comme dans la vie, les gens pensent souvent que ce n’est pas eux que l’on vise mais le voisin. En vérité je pense que l’industrie de la musique connaît très bien ses forces et ses faiblesses, elle connaît très bien la réalité du désintérêt qu’elle a pour la musique en elle-même parce que c’est une industrie. Et pour y avoir été, je ne blâme personne parce que c’est juste des choix de vie, je comprends que quelqu’un qui n’est pas un créatif préfère soigner son quotidien et sa vie que son travail, qui est devenu un travail car il n’a aucun accomplissement autre que financier ou d’exposition. C’est différent quand tu es artiste, et c’est ce qui fait que cette industrie est complexe car quelqu’un qui est dans un bureau ne peut jamais comprendre ce qui se passe dans la tête d’un artiste. Et un artiste ne peut jamais comprendre la non-implication d’un mec qui est dans un bureau, ou son implication limitée.

LFB : J’ai déjà lu des interviews de toi où tu racontes que la scène est un moment très controversé car c’est à la fois comme une drogue, car tu reçois l’amour des gens… et en même temps tu sais que ça ne dure qu’une heure donc c’est très éphémère.

Chaton : C’est très compliqué pour moi pour une raison : j’adore être sur scène – depuis toujours, même avec les autres projets que j’ai eus, c’est un truc de grand timide – mais c’est très compliqué de m’éloigner de ma famille. Quand je ne peux pas les emmener avec moi, les journées sont très compliquées. En fait la scène c’est 1h30 de plaisir sur 23 heures d’attente, mais cette heure et demie elle est magnifique. Et ensuite quand tu rentres chez toi, tu as envie de revenir à tes machines parce que tu as vu des gens pour qui ça comptait sur scène. Les chiffres de stream ça ne sert à rien. Quand les gens sont devant toi, qu’ils connaissent tes chansons, que tu vois que ça compte pour eux… tu es reconnaissant et tu as envie de retourner travailler !

L’addiction que la scène peut représenter, ce n’est pas tant dans le retour et dans le regard des gens, mais plutôt dans la transe que tu as quand tu es sur scène. C’est comme une bonne drogue, comme quand tu cours et que tu crées de l’endorphine. Le trac, au bout des 3-4 premiers morceaux, il disparaît et tu te sens bien.

LFB : Ta relation aux fans est aussi peu commune : tu lis les messages que tu reçois, tu les partages dans tes stories Instagram…

Chaton : Je lis tout. Ce qui se passe sur ce projet est assez étrange car il est à la fois vraiment très indépendant, marginal et les gens qui m’écrivent, m’écrivent souvent des choses très fortes ! J’écris tellement au 1er degré, je raconte tellement de choses intimes, que la réception est aussi intime. Les gens ont l’impression de me connaître. Alors forcément je ne peux pas créer une familiarité comme celle-là et derrière m’en foutre. Donc oui, je prends le temps de tout lire, je réponds quasiment à tout, et je relaie la plupart des messages que je reçois. J’essaie d’en prendre soin parce que c’est précieux : les gens qui te donnent de leur temps, les gens que tu touches… c’est précieux.

« Mon propos est très naturaliste, et la façon
dont je le défends est très naturaliste aussi. »

LFB : En effet tu as une manière de communiquer sur les réseaux très naturelle, très spontanée et authentique. Tu montres tout, les coulisses… on voit même ta fille qui t’accompagne parfois en concert ou en tournée !

Chaton : Les artistes qui m’ont inspiré beaucoup c’est plutôt des artistes contemporains. Le travail de Sophie Calle sur les vingt dernières années est magnifique. Et son œuvre c’est sa vie, c’est fou ! Pour moi quand je fais mes stories où on voit ma petite, je pense plus Sophie Calle que marketing en fait. Je me dis « c’est un truc entier, je ne mens pas », comme ce qu’il y a dans mes disques. Et c’est ce que je trouve beau dans la démarche : le fait d’embrasser son époque, d’utiliser cette technologie sans la fuir, sans en avoir peur… Il faut utiliser cela et le rendre le plus créatif possible mais dans la forme de créativité qui t’anime toi. Et pour moi ce n’est jamais un truc d’image, ça ne va jamais être de belles photos ou de belles mises en scène, ce sera la réalité, puisque c’est ce que je raconte. Mon propos est très naturaliste, et la façon dont je le défends est très naturaliste aussi.

LFB : Tu as consacré la première partie de ta carrière à l’écriture pour d’autres artistes. Quelle était alors ta démarche pour écrire ?

Chaton : Le 1er titre qui a vraiment tourné c’est Je Danse. J’étais chez un éditeur à l’époque, Warner Chappell, j’avais déjà une petite notoriété dans ce milieu, grâce à un autre projet, j’écrivais des textes, pour moi à la base. Et puis des gens ont commencé à trouver que ce que je faisais c’était cool, à bien aimer ma plume, et ont voulu bosser avec moi. Pour Jenifer ce qu’il s’est passé c’est que j’avais écrit cette chanson pour moi, et je la chantais d’ailleurs en live, et elle s’est retrouvée en écoute chez le directeur artistique, qui voulait cette chanson pour Jenifer, elle l’a écouté, elle a adoré, ils l’ont enregistrée et voilà. Et à cette époque je me disais « je fais un titre et le plus de gens l’entendront, le mieux ce sera, dans la mesure où ils ne modifient rien ». Et c’est ce qu’ils ont fait, ils n’ont rien modifié.

Ensuite dans la deuxième partie de ma carrière il s’est passé quelque chose d’un peu différent : les gens m’appelaient parce que je faisais beaucoup de textes, parce que j’étais connu dans ce milieu-là, donc on ne m’appelait pas spécialement pour ma plume mais parce que j’étais dans les petits papiers. Et là c’est moins sain parce que les gens ne savent plus trop pourquoi ils t’appellent, ils t’appellent parce que tu as un nom… du coup ils ne savent pas vraiment à quoi s’attendre et parfois ça ne matche pas.

LFB : À l’heure actuelle tu écris encore pour d’autres artistes ?

Chaton : Non, je refuse tout, mais je reçois encore beaucoup d’appels. Je refuse tout parce que… ce n’est même pas une question de temps, en fait si tu peux piloter il n’y a pas vraiment de raison d’être co-pilote. J’écrivais comme j’écris maintenant sauf qu’à l’époque une fois qu’un titre était terminé je me demandais « à qui il va aller ? ». Alors que maintenant mes titres me vont à moi, puisqu’en plus je raconte tellement ma vie.

Après, si des artistes qui me font vraiment vibrer m’appellent pour me donner une carte blanche, je serais ravi. Mais il faut comprendre aussi que quand tu travailles pour quelqu’un, qu’il ait une personnalité créative ou pas, c’est forcément quelqu’un qui va teinter ton propos ou qui va y participer. Et avec le temps j’ai tendance à penser que, en tous cas sur un texte, une vision est préférable que plusieurs visions. Sur une musique ce n’est pas le cas, tu peux avoir plusieurs producteurs, plusieurs arrangeurs… cela peut participer à enrichir une musique. Mais sur un texte c’est très compliqué de co-écrire quelque chose, très très compliqué.

« C’est comme si tu avais commencé un tableau et que tout se mettait en ordre,
mais tu ne sais pas dans quel ordre… Je suis assez possédé pendant l’écriture. »

LFB : Comment se déroule la création de tes morceaux ? Allies-tu écriture et composition ou distingues-tu ces deux démarches ?

Chaton : Je ne dissocie pas l’écriture des morceaux. J’écris et je compose en même temps. Sinon pour la musique je fais autre chose, j’ai des alias, je fais des trucs différents, beaucoup plus underground, il y a des moments où je vais juste aller jouer de l’électro à 3h du matin. Si j’ai envie de composer autre chose que des chansons, je le fais volontiers. Mais quand je fais une chanson, quand je me pose et que je fais le travail pour Chaton, il faut voir ça comme une session. Si je veux écrire des textes autres, ou des formats autres, je le fais.

C’est un peu des états de transe. Quand je suis dans la bulle, quand je rentre dans un chapitre créatif je le sens, et je rentre dans une espèce de bulle qui peut durer 2-3 mois… Et pendant ce temps-là c’est vraiment permanent : comme si tu avais commencé un tableau et que tout se mettait en ordre, mais tu ne sais pas dans quel ordre… Je suis assez possédé pendant l’écriture. Je ne suis pas très fréquentable d’ailleurs pendant ces moments-là, je ne réponds pas au téléphone…

LFB : Il y a quelque chose de très fort entre toi et la ville de Paris. Tu préfères vivre intra-muras moins confortablement, que vivre extra-muros avec plus de confort.

Chaton : Ce n’est pas le fait de m’endormir intra-muros qui compte – même s’il y a une vibe que j’adore – mais c’était le fait d’avoir tout à portée de main. Et surtout, c’est parce que je suis provincial (NDLR : il est originaire de Lyon). Quand tu viens de province, tu ne peux pas envisager de vivre en banlieue parisienne. Tu te dis : quitte à vivre à une heure de Paris, autant vivre à Lille ou à Lyon. Mais c’est un vrai truc de provincial ce besoin de vivre intra-muros.

Et pour ma fille, je veux qu’elle soit éveillée culturellement et aussi socialement, parce qu’ici dans Paris tu ne verras jamais quelqu’un jeter une pierre à un homo. On est vraiment la France cosmopolite, il y a toutes les ethnies, toutes les religions, qui vivent ensemble, qui s’aiment, qui se respectent… Et je veux que ma fille grandisse avec ça. Pour moi, c’est la version la mieux évoluée du monde, qui est déjà loin encore, très très loin de ce qu’elle devrait être. Pour moi on est encore dans la Préhistoire, il y a encore tellement de choses aberrantes dans le fait de genrer les personnes, il y a plein de choses aberrantes… mais ça me semble être la version la plus améliorée de ce que doit être la vie sociale. On vit clairement moins bien, dans de moins bonnes conditions à Paris, mais c’est un choix.

C’est marrant parce que les gens voient souvent cela comme du snobisme quand j’en parle, parce que j’en parle énormément. Mais en fait c’est tout l’inverse, c’est juste de l’ultra-tolérance. Ici on accepte beaucoup plus. On est moins snobs parce qu’on est beaucoup moins bourgeois que certaines villes de province.

Et puis bon après il y a aussi toute la beauté de la ville, je savoure ça, j’estime que c’est une chance et je suis reconnaissant chaque jour de me balader dans Paris. Tu croises des gens incroyables, des gens essaient de faire les choses bien, font l’effort d’être bien habillés…

« Mais globalement dans ce que je raconte tout le temps,
ce qui est souvent pris pour du snobisme, c’est plutôt l’inverse. »

LFB : Comment se fait-il que tu sois sensible au fait que les gens soient bien habillés ou pas ? C’est quelque chose d’assez matérialiste au fond…

Chaton : Parce que « bien habillé » n’a rien à voir avec l’argent en fait. Bien habillé ne veut jamais dire habillé avec de bonnes marques ou de grandes marques. Bien habillé, cela veut juste dire faire l’effort quand tu intègres un groupe de te présenter sous ton jour le plus honnête. Pour moi, les gens qui s’habillent bien, ce ne sont pas des gens qui vont s’habiller comme tout le monde ou en fonction de telle tendance. Ce sont des gens qui accordent une importance à comment ils vont se présenter, mais de manière assez honnête. C’est juste la traduction de s’intéresser au monde et d’être un peu généreux. Ce n’est pas bien s’habiller pour mieux paraître. L’idée c’est vraiment de se présenter au monde sous un jour un peu honnête : comment on se sent soi-même, parce que bien s’habiller c’est aussi ultra important pour se sentir bien. C’est aussi prendre un peu soin de soi, et prendre un peu soin de soi c’est aussi un acte généreux de groupe. Si toi tu ne te présentes pas à moi dans une version dans laquelle tu es bien, ça veut dire que tu ne me respectes pas en fait. Mais globalement dans ce que je raconte tout le temps, ce qui est souvent pris pour du snobisme, c’est plutôt l’inverse. Moi j’espère toujours un monde extrêmement ouvert, tolérant et surtout qui respecte chaque individualité et chaque singularité.

LFB : Tu dirais que la meilleure qualité de l’être humain c’est laquelle ?

Chaton : J’ouvre Princesse Pigalle comme ça : « j’ai repris mes études, option sale race humaine », je pense que l’humain n’est vraiment pas une très belle espèce. C’est une espèce qui est tellement égocentrée… comment veux-tu que ce soit viable en groupe ? Le vrai travail c’est d’essayer d’être une meilleure personne, avec la base qui est que nous sommes des êtres humaines très égocentrés et qui courent après le temps parce qu’on nous a mis sur Terre et qu’on nous explique deux secondes après qu’on va mourir.
Je suis terrorisé par l’existence autant que par la mort en fait. Je suis terrorisé, pas tant par le temps qui passe, car le temps qui passe ne m’effraie pas particulièrement, mais ce n’est plus cette incompréhension permanente : le sens de tout… La seule qui change c’est quand tu commences à avoir des enfants, ce qui est mon cas. Pour la première fois de ta vie l’amour est inconditionnel et il te relègue au second rang totalement. Mais c’est sûr que je pense beaucoup plus à l’absurdité de l’existence qu’à la mort.

LFB : Et justement, en imaginant que tu es à la fin de ta vie et que tu puisses écouter encore une seule chanson, ce serait laquelle ?

Chaton : Ah c’est compliqué… Je pense peut-être The Sound of Silence de Simon & Garfunkel. C’est une des chansons vraiment ultimes.