Double Dose : Catastrophe à Paris et Lille

Un concert de Catastrophe, c’est toujours un moment particulier. Fort de plusieurs années de tournée déjà, le groupe s’est construit une solide réputation sur scène et sait conquérir les foules pour leur faire vivre de grands moments à chaque apparition. Et comme quand on aime, on ne compte pas, on a décidé de vous faire revivre non pas un mais deux shows de Catastrophe, ceux du Trianon et de L’Aeronef.

Catastrophe avait déjà sauvé l’année 2020 en proposant GONG!, disque sublime de sincérité et de vie qui avait su nous redonner la joie au milieu de la première année sclérosée par la crise sanitaire. Quoi de plus logique dès lors pour eux de sauver également les années 2021 et 2022, d’autant que la possibilité leur est à nouveau offerte de venir au contact de leur public, possibilité qu’ils saisissent d’autant plus fort, au point de se lancer dans des enchaînements Paris-Lille-Bastia sur 3 jours, même pas peur. Bref, vous aurez compris que ces dates étaient cochées bien en évidence dans notre calendrier.

Paris – Le Trianon

Avec Catastrophe, tout semble être une histoire de temps. Celui qui passe et celui qu’on voudrait arrêter. Celui qu’on ne contrôle pas totalement et qui donne tout son sel à l’existence. Si l’on regarde dans le rétroviseur, un an auparavant ou presque, on découvrait le Gong! de Catastrophe au 104. À l’époque, on était assis et masqués. À l’époque, on n’imaginait pas que quelques semaines plus tard, l’existence allait encore mettre les concerts sur pause. Alors pour ces retrouvailles, on était bien décidé à en découdre, les deux pieds au sol pour danser, la bouche libérée pour chanter. Plus qu’un concert de Catastrophe, on voulait cette fois célébrer la vie et le temps qu’on frôle du doigt. Figer l’instant dans un souvenir collectif et humain pour le garder ancré à jamais.

Et c’est bien ce qui s’est passé au final. Le tout a commencé avec la merveilleuse November Ultra. On a pris la saine habitude de la croiser régulièrement sur scène et, jusqu’à présent, on ne l’a jamais regretté. Il faut dire que l’artiste est à elle seule un médicament parfait à tous les tracas du quotidien. Entre douceur, candeur et positivité à toute épreuve, Nova est un rayon de soleil total qui éclaire la nuit et qui nous fait du bien. Et puis, parce qu’il faut parler de musique, il faut dire qu’elle a de sacrées chansons à son actif, qu’elle ponctue d’interventions lunaires et légères. Alors comme souvent, on a fermé les yeux et on a laisser les sentiments provoqués par The end, Miel ou Soft & Tender, dresser nos poils et faire monter les larmes aux coins des yeux. Une ouverture parfaite pour nos héros de la soirée.

La salle a pris le temps de bien se remplir, l’excitation et l’impatience sont à leur comble quand nos six merveilleux débarquent sur scène. Tout au long d’un set long d’une heure trente, on aura senti tout ce qui fait que Catastrophe est Catastrophe : le bonheur d’être là, d’échanger, de vivre avec les gens en face d’eux. Tout ce qui leur avait manqué, et à nous aussi d’ailleurs, redevenu enfin possible. On aura vu les regards, les sourires, sur scène et dans la foule. On aura senti le parquet trembler, les voix se mélanger et l’existence revenir.

Et puis, comme un gimmick évident, on aura vu la course du temps ralentir, comme si on n’avait pas envie que tout cela s’arrête. Un temps qu’on malaxe, qu’on triture et qu’on essaie de maitriser. Qui ralentit lorsque résonnent Gromit, Le grand Vide ou Qui a éteint la lumière. Qui explose avec Maintenant ou Jamais, Danse Tes Morts ou Jour de Chance. Un temps surtout qui communie dans des moments d’extase et de bonheur lorsque vibrent Party In My Pussy , Encore, Nuggets ou les reprisent fantabuleuses de Smalltown Boy ou Laissons entrer le soleil.

Une nouvelle fois, Catastrophe a joué, pour notre plus grand bonheur, avec le temps et les couleurs. Le tout nous a entrainé dans une comédie musicale en temps réel, un moment qui restera à jamais gravé dans nos esprits, comme souvent avec ces six là. Et si c’était tout simplement ça, arrêter le cours du temps ?

Lille – Aeronef

La soirée du 30 septembre était l’occasion de découvrir la nouvelle exposition qui ornera les murs de l’Aéronef jusqu’au début du mois de Novembre. Son thème ? Les backstages de concert bien underground, avec du trash, du beau, du beau trash et de quoi découvrir l’univers de MARIEXXME qui nous présente ses œuvres. Passé cette belle découverte, c’est déjà l’heure d’aller retrouver notre bande préférée.

Au fil de la soirée, on retrouve classiques d’hier et d’aujourd’hui, ainsi que leur fameuse reprise de Smalltown Boy qui leur va tellement bien. Mais au final c’est presque sur les transitions entre les morceaux que l’on a le plus envie de s’attarder. Si vous aviez pris part à leur précédente tournée, vous aviez eu l’occasion de voir Carol et Blandine manger vos peurs (littéralement).

Cette fois, on découvre les surnoms des membres liés à un trait de caractère à l’image des 7 nains de Blanche Neige, ce qui donne l’occasion d’un petit tour de passe-passe dont on ne révèlera pas la teneur (oui on n’est pas non plus là pour tout spoiler non plus). On participe également à une tentative (fructueuse) de figer le temps de façon collective, afin que cette soirée reste à jamais ancrée dans un coin de la mémoire des spectateurs, en essayant de se focaliser sur un ou des détails particuliers.

En somme, cette heure et demi de concert fut surtout un moment inspirant, le genre qui trotte en tête encore une semaine ou un mois plus tard, le genre où on ne s’ennuie pas un instant, le genre pour lequel on est reconnaissant d’exister pile au même moment que les troubadours de Catastrophe. Alors, vite, que le temps file et passe, jusqu’à la prochaine dernière fois que nous voyons Catastrophe.

Crédits Photos :
Paris : Céline Non / non_deux_non
Lille : Martin Sojka / tintamar_music