Captaine Roshi se remet en ordre de bataille avec Attaque 2

Quatre projets en l’espace d’un an, rien que ça, le rappeur originaire du Congo nous avait livré Attaque fin 2019 avant d’accompagner notre année 2020 avec la sortie consécutive de Contre Attaque et War. Il nous livre aujourd’hui Attaque 2, un quatrième opus qui fait suite à son premier, ce maxi composé de 15 titres nous fait plonger un peu plus dans l’univers si spécial du captaine entre bangers et ballade rap mélodieuse.


Captaine Roshi c’est désormais la voix cassée la plus talentueuse de ce pays, c’est un fait, le rappeur nous a habitué à cracher le feu et nous livrer des gros bangers depuis ces deux dernières années, il ne manque pas à cette tradition avec ce projet mais il ne fait pas que ça, c’est un disque qui trouve sa part de sensibilité dans la dureté d’un quotidien que nous décrit l’artiste et qui nous est retransmis par des productions bien saillantes.
C’est donc un florilège de bangers qui s’abbat sur nous à l’écoute du disque, on notera en particulier le morceau Appel qui claque dès l’introduction, le captaine prévient et affiche la couleur « Si t’es l’ennemi, j’fais tes poches, chez nous, c’est la survie fuck les porcs ».

Avec ce projet c’est aussi tout un visuel et un imaginaire qui accompagne l’artiste, le rappeur s’est mis en scène avec son propre bataillon qu’on peut visualiser dans le clip Molotov, il mène ses hommes avec une posture impériale sur son cheval, c’est à l’image de sa fulgurante éclosion dans le rap français, les titres de ces projets ne sont pas choisis au hasard, loin d’être équivoques, le Marshall D. Larosh est un finisseur, c’est une image qu’il évoque avec des références à Robert Lewandowski, buteur du Bayern Munich et véritable renard de surface qui ne laisse aucune chance à ses adversaires.
Le rappeur est habillé de noir et dégage cette aura sombre, comme dans son autre clip Champions où la vision de nuit à la splinter cell accentue cet effet, le tout sur une instru trap dansante qui porte la marque de la célèbre tête de mort qui fait le plus turn up de nos jours, Vladimir Cauchemar.

Ce projet fait en effet la part belle aux featurings puisque ce sont également Gradur, PLK, et Alpha Wann qui apparaissent aux côtés du rappeur.
C’est d’ailleurs le don Alpha qui nous avait fait découvrir à l’époque Captaine Roshi avec une publication sur ses réseaux, fidèles à la parole du kickeur Parisien nous avions découvert ébahis cette nouvelle tête avec le morceau Renfort et le désormais célèbre « Est ce que t’as capté j’suis avec Cartier pas chez Cartier » un s/o à son beatmaker Cartier que l’on retrouve aujourd’hui encore dans la tracklist du jeune prodige.


Captaine Roshi aime aussi surprendre ses auditeurs, à l’écoute du projet on se fait piéger par le morceau Interlude qui commence de la même façon que le titre suivant Pigalle, un pied de nez à ses fans les plus assidus puisque l’artiste a dévoilé la veille de la sortie du projet son Colors Show avec ce morceau Pigalle.

Beaucoup auront donc pensé écouter ce même morceau à la découverte du disque mais c’est bien une partie 1, un échauffement avant que la rappeur nous livre une prestation incroyable sur ce titre déjà extrêmement plébiscité.
C’est simple, Captaine Roshi apparait plus sincère que jamais, à coeur ouvert il nous livre « J’laisse les bêtise, j’me battrais qu’pour ma vie », cette notion paradoxale de vouloir faire le bien, mais être absorbé par ses problèmes et la nécessité de faire de l’argent, tout le temps, sans quoi la détresse revient toujours plus rapidement.
« Faut qu’j’fasse le bien, j’esquive l’enfer », il insiste sur cette dernière syllabe avec une teinte de complainte, on en est si prêts de l’enfer, on pourrait même croire qu’on y vit parfois mais Roshi nous le fait comprendre si on travaille, on se bat et transpire pour son pain, on arrive à faire le bien et visualiser « le sourire des res-fre ».

C’est un projet qui fait rentrer Captaine Roshi dans une dimension introspective qu’on ne lui connaissait pas jusqu’alors, le rappeur se livre beaucoup plus sur sa condition « j’ai beau faire le fou j’suis pas libre dans l’fond » et arrive à nous prendre aux tripes avec des morceaux plus mélodiques comme Maintenant dans lequel il évoque la difficulté de rester clean devant Maman alors même qu’il se mouille pour sa survie et toujours ce difficile mariage entre le bien et le mal dont la frontière pour passer de l’un à l’autre se fait quasi invisible.

Captaine Roshi, en fin stratège de guerre à la Sun Tzu a su se hisser tout en haut de la planète rap française et compte bien y rester, bien que les noms de ses projets y feraient penser ce n’est pas un braquage, non, le rappeur est là où il aurait toujours du être, parmi les meilleurs, comme une évidence il a su se mettre en ordre de bataille et atteindre ce à quoi il se destinait.

Ses gimmicks vont résonner encore pour longtemps on l’espère et alors que la drill inonde les playlists depuis des mois, Captaine Roshi apporte un vent frais et novateur sur une trap qui décidément ne mourra jamais.