CAESARIA : UNPLUGGED CONNECTION, JOYAU ORGANIQUE

En pleine déconnexion du monde, Caesaria nous offre une version unplugged de leur EP Connection Loss, cette fois-ci intitulé Unplugged Connection. Un EP qu’on aime pour son titre et tous les jeux de mots qu’il nous offre entre connexion et déconnexion, mais pour donner une nouvelle dimension à cet EP qui nous a fait vibrer, nous a fait danser. 

Aujourd’hui sort le nouvel EP de Caesaria, Unplugged Connection, reprenant sans la connectique les titres de leur dernière sortie. On ne croit pas nécessaire de vous refaire un laïus sur les mecs derrière Caesaria. On a déjà évoqué cette énergie fiévreuse, cette urgence de la sensation que nous procure la musique. On a déjà longtemps disserter sur leur manière bien à eux de mixer les genres, de s’accaparer des tendances, entre sons organiques et techniques électroniques, laissant place à une onde musicale iridescente et fascinante. 

Parce que le monde ralentit, qu’on ne danse plus avec ferveur dans les clubs et les lumières stroboscopiques (sauf à vous exposer à une amende), les artistes nous proposent une version acoustique. Une démarche sincère, qui nous parait plus cohérente que jamais, et qui nous apparaît presque comme une étude, une démonstration de plus de l’éventail de leur talent. 

On aime le traitement fait sur Sometimes I Wanna Fight, notre petit coup de coeur de l’EP. La voix énervée se mue plus cristalline, les choeurs que l’on imaginaient cris presque tribaux s’écoutent comme une complainte. Si ce titre nous apparaissait hargneux, vindicatif et combattant, on le ressent désormais comme une hymne, comme une mélodie d’espoir, de résilience et de persévérance. Et c’est ce qui est bluffant avec eux, cette facilité dans l’usage des sons, des rythmiques et des choeurs qui parachutent dans un univers différent en quelque notes, quelques ajustements. 

L’interprétation de Bright offerte sur cet EP est une réussite totale, émouvante, douce et pleine de promesses. Une complainte presque folk, ou ces quelques notes de piano impertinentes façonnent un sourire et stimulent la chair de poule. Il est impressionnant de réécouter la version studio, juste après, et ressentir la chanson deux fois, différemment, cueillant des émotions totalement différentes. On la réécoute encore et encore, sans s’en lasser, comprenant toute la dimension intemporelle de ce groupe qu’on aime pour son maniement des genres. Un style bien à eux que l’on sait cultivable pour une longue carrière, où la musique et ses carcans ne seront jamais une barrière.

On monte crescendo avec Conversations, un titre assez bluffant pour nous rappeler les plus grands de la musique dans le même exercice. Si l’on connaît musiciens plus à l’aise avec des cordes et des synthétiseurs, la production organique du piano se veut sur ce titre d’une grande qualité. C’est une réécriture du titre absolument réussie.

S’il y avait bien un titre où l’on avait aucune idée du résultat unplugged, c’est bien Beast. Ce titre euphorisant, électrifiant, épileptique. Un morceau qui respirait l’urgence, la sueur âpre et l’extasie. Et la promesse est là. Une fusion entre la guitare et la voix qui s’éraille presque. Une alliance si réussie de ce titre si effervescent qu’on se risquerait presque à la comparaison avec le célèbre MTV Unplugged de Nirvana. 

Et puis l’EP se clôture avec Connection Loss, et on est à la fois satisfait et un peu orphelin de ces découvertes qui s’arrêtent à la dernière seconde. 

On les avait toujours présentés comme ce groupe émergent à l’énergie débordante, débarquant sur la scène française telle un uppercut en plein coeur, un coup d’électricité dans les neurones et une perfusion d’extasie. La première fois, on avait terminé l’EP un peu déconnecté, le titre nous épiant, satisfait de sa prédiction. On avait compris que se tenait devant nous un petit joyau prêt à percer. Que l’EP cachait quelque chose de bien plus puissant. 

Et si on les retrouve sur le même format aujourd’hui, on ne peut que s’incliner devant le résultat, et se dire que si tous les EPs avaient une telle envergure, alors on en aimerait chaque jour un peu plus. 

De cet EP ressort une vitalité organique à la fois merveilleuse, touchante et brutale. Une forme de mise à nue de la pudeur, de la sensation. Parce que Caesaria nous a par le passé fait danser, dans une foule en festival comme seul(e) dans notre salon. Caesaria nous a promis la danse, l’euphorie et l’abandon de soi. Et aujourd’hui, Caesaria nous prouve qu’il n’y a aucune limite à leur science, à leur talent, leur passion de la musique qui insuffle la vie en nous. On les a découvert dans une sensibilité presque folk, une voix éraillée, parfois plaintive, parfois aussi douce qu’une mélodie intergénérationelle. On a aimé les voir se réinventer dans cet univers organique qui leur va tout aussi bien. 

Car c’est toute la beauté de le musique, que ce procédé technologique de diffusion de musique par l’oreille puisse dresser les poils, activer la chaire de poule, forcer les lèvres à s’étirer, ou les yeux à s’embuer. 

Reconnaissant, nous l’étions à la première écoute et nous le sommes encore. Reconnaissant de voir que la scène française ne mourra pas, jamais, d’autant plus avec Caesaria comme meneur. Même maintenant. Car les artistes trouveront toujours à se réinventer, trouveront toujours comment parler de la musique, comment faire vivre la musique, comment nous faire vivre, survivre par la musique. 

Bonus : Venez découvrir en exclusivité la vidéo de Bright :