Bons baisers du Québec #8 : Lighter Fluid, exploser comme Les Deuxluxes

Chez La Face B, la musique se vit sans genre ni frontière. Malheureusement, le monde est différent de nous. On a donc décidé de casser tout ça pour mettre en avant des artistes québécois qu’on adore. Entre jeunes pousses et artistes confirmés, Bons baisers du Québec, c’est le rendez-vous voyage chez nos cousins du Canada. Aujourd’hui, on part à la découverte de Lighter Fluid, œuvre explosive et féministe du duo Les Deuxluxes.

Rares sont les femmes qui arrivent à se frayer un chemin dans le rock n’ roll et le rock psychédélique. Pourtant, Anna Frances Meyer, à travers le duo montréalais qu’elle forme avec Etienne Barry, Les Deuxluxes, élève sa voix aux côtés des figures mythiques telles que PJ Harvey, Melody Prochet (Melody’s Echo Chamber), Alison Mosshart (The Kills) ou Fiona Apple, à qui l’on doit les phrases dans Criminal « I’ve been a bad, bad girl / I’ve been careless with a delicate man / And it’s a sad sad world / When a girl will break a boy just because she can ».

Des paroles féministes, l’album Lighter Fluid en est bourré. Et dans ce deuxième recueil, For I Myself donne une belle leçon de sororité et de poésie. La voix d’Anna résonne comme celle d’une sorcière, douce et affirmée, et d’une grande sœur qui prévient sa cadette : « Oh sister, watch your back / For I myself a woman, I know too well the beaten path ». On ne que peut qu’apprécier la référence à Aretha Franklin, « Respect my body, you expect » et les irrévérences délicieuses dans I Am the Man.

Vous l’aurez compris, le sujet de Lighter Fluid n’est pas souvent léger. Mais il lui arrive d’aborder l’amour, la vie sur la route ou bien, thème ô combien poétique : l’inspiration. Et ce, dans un titre surprenant, chanté en français canadien, L’insistance. A travers un rock énervé, à base de sonorités saturées, et de tempo rapide, Les Deuxluxes invitent à ressentir à la fois la colère et la joie de pouvoir s’exprimer, avec verve. Tout en nous laissant, simples auditeurs, transpirer l’envie de danser, surtout sur Down on The Street, hommage aux Stooges, ou Encender.

Le fil rouge de Lighter Fluid, c’est bien la liberté d’exprimer ses émotions, qu’elles soient joyeuses, tristes, colériques. D’où le détonant titre éponyme, qui débute la série et donne le ton : l’album sera psychédélique, énergique ou ne sera pas. Alors que certains morceaux ont du mal à se détacher des autres, à l’instar de Vacances Everest, l’album se termine sur une apothéose, Smoking in Bed, qui résume parfaitement le travail mélodique du duo. Il reprend la douceur que l’on retrouve parfois dans leur premier album, Springtime Devil (2016), et la fougue de leur nouvelle création. Il suffit de fermer les yeux pour voir les mélodies monter vers le ciel, comme la fumée des cigarettes, aux côtés d’une flûte qui porte le morceau a un tout autre niveau.

Lighter Fluid est comme un souffle de liberté, une affirmation de pouvoir s’exprimer haut et fort. Résolument féministe, la voix d’Anna Frances Meyer est inspirante, et vous l’aurez compris, ne laisse pas indifférente.