Bons baisers du Québec #4 : Les Nuits Plurielles de Bronswick

Chez La Face B, la musique se vit sans genre ni frontière. Malheureusement, le monde est différent de nous. On a donc décidé de casser tout ça pour mettre en avant des artistes québécois qu’on adore. Entre jeunes pousses et artistes confirmés, Bons baisers du Québec, c’est le rendez-vous voyage chez nos cousins du Canada. Il est temps d’éteindre la lumière, d’allumer quelques bougies, de dégager la piste et de se laisser disparaître pour les Nuits Plurielles de Brunswick.

Matteo Gueli

Avez-vous déjà écouté Glory Box de Portishead ? Un titre sensuel, décadent, aussi planant que tortueux pour l’esprit. Un morceau qui vous donne envie de laisser vos mains parcourir la matière d’un lit, la peau d’un amant ou la barre de pole dance pour les plus aventureux. Ça y est ? Vous y êtes ? Maintenant, relevez le bras de votre platine et déposez délicatement le diamant sur Nuits Plurielles de Bronswick. Laissez-vous emporter par cette sensualité préoccupée, cette urgence douce et magnétique sur fond de synth-pop et rythmes r’n’b-cloud.

Matteo Gueli

Après une vaste production de singles et EPs tous plus prometteurs les uns que les autres, le duo québécois Bronswick a sorti son premier album en septembre. Onze titres, dont certains déjà présents sur des EPs, dévoilant un projet méticuleusement élaboré. Ils nous avaient proposé en 2015 le résultat de leurs Errances avec cinq titres plutôt linéaires : des ballades électro-pop planantes avec des rythmes r’n’b, un mélange rappelant tantôt L’Impératrice, tantôt Chromatics

Le résultat de leurs Nuits Plurielles est un prolongement des EPs, plus ambitieux, plus affirmé, mais naviguant sur la même ligne conductrice : une fusion entre la dream pop et le cloud rap. Les voix s’enlacent, se succèdent et s’entremêlent, à l’image des corps et des relations humaines, sujet fort de l’album. On remarquera que le chant est plus travaillé et on appréciera surtout une harmonie des voix plus limpide, moins orchestrée. 

L’album se veut écran d’un siècle torturé, une compilation de sujets dans lesquels la jeunesse du XXIème ne peut que se retrouver. L’amour, la sexualité, l’argent, le temps. La complexité des relations amoureuses et physiques, et le paradoxe entre la légèreté d’esprit et le quotidien qui rappelle à l’ordre. 
Un album à la hauteur du potentiel dévoilé par le duo depuis le début de la diffusion de leur single. 

Cet opus est sensible et sincère. Mélodieux, dansant, parfois planant. Il nous transperce aussi bien par une sensualité urgente qu’une détresse écrasante. On ne sait plus si l’on doit laisser notre corps vibrer au gré des métaphores libidinales et des rythmes r’n’b, ou si l’on doit s’allonger sous le poids d’une électro sombre et des questions existentielles que les titres soulèvent. On ressort de l’écoute un peu perdus : à la fois satisfaits et méditatifs.