Bons baisers du Québec #2 : Les Louanges de l’Expansion Pack, ou inversement

Chez La Face B, la musique se vit sans genre ni frontière. Malheureusement, le monde est différent de nous. On a donc décidé de casser tout ça pour mettre en avant des artistes québécois qu’on adore. Entre jeunes pousses et artistes confirmés, Bons baisers du Québec, c’est le rendez-vous voyage chez nos cousins du Canada. Et aujourd’hui, on s’embarque pour l’Expansion Pack de Les Louanges.

Il y a des albums, des EPs, des chansons qui vous laissent dans un inexorable mutisme. Un moment de grâce suspendu dans le temps où vous ne savez comment exprimer ce qu’il vient de se passer. Alors vous recommencez l’album ou la chanson depuis le début. Vous êtes à nouveau bercé par une mélodie ou un enchaînement de mots. Et puis, c’est la fin. Vous réécoutez, et ce, inlassablement jusqu’à tenter de comprendre ce qui agit en vous. Vous êtes conquis, transporté par les mots et les notes de l’artiste qui font écho en vous. Ainsi, est sorti Expansion Pack, le nouvel EP de Les Louanges

Un an après son premier album La nuit est une panthère, l’auteur-compositeur-interprète québécois Vincent Roberge revient avec un nouvel EP, Expansion Pack. Si le premier EP évoquait une pop rock jazzy planante nous rappelant notamment alt-J, la suite nous dévoile un peu plus du génie créatif de cet artiste, fricotant parfois avec le rap, parfois avec la ballade pop-wave. Une manière de nous prouver, une fois de plus, que son potentiel ne connaît aucune limite.

Du premier EP ressortait une douceur organique, liée à l’utilisation omniprésente des instruments classiques de la pop rock, tels que la guitare et la batterie. On reconnaissait même parfois quelques rythmes bossas et des guitares-voix audacieux, non sans rappeler Kings Of Convenience, dévoilant alors sa sensibilité et sa douce mélancolie. Sur cet EP, la guitare est moins présente mais Les Louanges nous surprend avec des instruments à vent, beaucoup de reverb et des rythmes lancinants r’n’b. Ce spleen doux amer général se retrouve avec plaisir : un bijou pop rock indé, bercé par des textes poétiques et frontaux.

L’EP s’ouvre avec Attends-moi pas, une ballade pop mélancolique légèrement synthétique, groovy à souhait. Lancinant, il décrie les relations avortées, celles où l’incompréhension nous pousse à abandonner sans laisser de temps au temps. La simplicité des paroles est percutante et reste en tête, à la manière d’un Miel de Montagne outre Atlantique. 

Parc Ex, quant à lui, annonce un rythme plus soul et r’n’b, offrant un refrain magistral dont les instruments à vents nous emportent, avec une mélodie puissante et des percussions enivrantes. Une envolée lyrique avoisinant le gospel sur les chœurs. L’Autre est toujours au centre des tourments de Les Louanges, perdu dans un dilemme qui le fait jouer avec le feu et nous plongeant dans ses incertitudes. Un savoureux mélange entre Bon Iver et Kendrick Lamar sur DAMN.

Les yeux sur la balle nous offre un featuring avec Robert Nelson, un duo rap vaporeux. L’EP s’achève sur 49 secondes de discussion sans but ni fond par une personne visiblement sous stupéfiants, mais, avant ça, Drumz, un featuring avec Maky Lavender, confirme l’empreinte très rap de cet EP, dans le phrasé et le rythme. 

Un EP qui s’écoute, se lit, s’analyse, se laisse en fond. Un EP qui fait sourire, réfléchir, pleurer. Un EP à savourer chez soi, ou dehors, les joues réchauffées par le soleil de l’été indien et les cheveux fouettés par la brise qui annonce le froid. En somme, la plus belle promesse de l’automne.