Bolivard : « Tout n’est pas noir ou blanc »

Cet été, on a pris rendez-vous avec le Dr Bolivard pour une première séance thérapeutique concluante autour de 8 titres salvateurs. Aujourd’hui, on a eu envie d’en savoir plus en allant directement à la rencontre de cet artiste multi-casquette. L’occasion de parler de sa musique contrastée mais aussi de psychologie et de cinéma.

La Face B : Salut Bolivard, comment ça va ?

B : Aujourd’hui ça va plutôt bien parce qu’il fait beau et on est sur une terrasse sympa !

LFB : Tu viens de sortir ton premier EP : Dr Bolivard. Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, comment qualifierais-tu ta musique?

B : Ma musique est changeante de manière générale, car j’aime de nombreux genre de musique, mais ce que je sors en ce moment c’est plutôt de la disco, influencée par de la pop des années 80. On y retrouve également beaucoup de musiques électroniques car cela reste mon premier point d’accroche avec la composition musicale. Je pense notamment à la French Touch (l’électro française des années 90/2000) et l’électro britannique des années 90/2000 (Daft Punk, Aphex Twin, Justice, Plaid, Jackson & His Computer Band).

Sinon, en ce moment, j’aime ajouter des paroles. Je préfère les parler car j’estime ne pas savoir assez bien chanter. Mais c’est surtout l’écriture qui m’intéresse ; j’aime bien pouvoir formuler directement des idées que je ne peux pas émettre en musique.

En résumé, je ne sais pas comment on pourrait qualifier ça. De la pop sûrement. C’est un terme un peu fourre-tout qui passe bien avec à peu près tout !

LFB : Ton EP Dr Bolivard c’est un EP concept ; une sorte de thérapie de 20 min qui a l’air très logique quand on voit les titres que t’avais déjà sortis. Comment l’idée t’es venue de faire un tout ?

B : Ça n’a pas été conscient dès le début. En fait, j’ai eu l’idée du projet Bolivard bien avant. Ça faisait déjà plusieurs années que je faisais de la musique, mais je testais diverses choses. On peut retrouver quelques-uns de mes remix sur internet [en cliquant ici] ; certains étaient beaucoup plus commerciaux, tandis que d’autres étaient plus expérimentaux.

À un moment donné, je me suis dit qu’il fallait que j’arrête de m’éparpiller. J’ai retiré les choses dans lesquelles je ne pensais pas être bon et gardé ce qui a fonctionné au fil des années pour trouver un projet global.

Du coup, l’idée ça a été de faire un projet qui est noir et blanc, c’est à dire qui peut être soit dans des trucs faciles à écouter, joyeux et légers soit avec des thèmes beaucoup plus sombres. Au départ, le principe était de faire un EP qui alterne morceaux blancs et morceaux noirs. Finalement à partir de La vie, la première chanson que j’ai écrite, je me suis dit que je pourrais expliquer les raisons pour lesquelles le personnage raconte tout ça. Et c’est pour ça que j’ai fait Réalité.

Ensuite je me suis dit que ça pourrait être l’histoire d’un gars qui va voir un psy pour lui raconter ses problèmes quotidiens et que, pour l’aider, le psy lui donne des musiques en guise de médicaments.

C’est sûrement parce que mon père est psychologue, mais la psychologie m’intéresse beaucoup. En fait j’ai l’impression qu’en général les chansons évoquent, soit des personnes qui racontent leurs problèmes, soit qui essaient de trouver des solutions à ces problèmes. D’ailleurs, au même moment, Keen’V a sorti un album qui s’appelle Thérapie. Comme quoi, le combat est le même pour tous !

LFB : Justement le côté schizo ça t’intéressait parce que t’es en même temps le thérapeute et celui qui vit la thérapie.

B : Je ne sais pas si tout le monde est comme ça, mais dans ma personnalité, j’ai des côtés rationnels, et des côtés pas du tout rationnels. Ça dépend des sujets et des situations : je peux être trop sensible sur certaines choses, tandis qu’à d’autres moments je sais me gérer. Parfois, j’ai un dialogue intérieur, qui n’est ni schizo, ni bipolaire, mais on pourrait plutôt parler du « moi », du « surmoi » et du « ça » dans les concepts freudiens. Du coup, le psy, c’est un peu le surmoi, c’est à dire celui qui essaie de cadrer les émotions et de rasséréner. Quand ça ne va pas, par exemple, on se dit « ne t’inquiète pas, tout ne va pas si mal ». Alors que le personnage qui parle au psy, et qui tient un discours pas très cohérent, c’est clairement ma personnalité plus brute, plus émotionnelle. Après, le double maléfique, la schizophrénie et la bipolarité ce sont des termes assez cinématographiques aujourd’hui, donc j’en joue aussi dans les clips.

LFB : C’est quelque chose qui revient dans le clip de Réalité d’ailleurs, qui peut avoir l’air assez inquiétant, avec le noir et le blanc qui sont complètement séparés.

B : En fait, chaque clip a son concept à lui que je réfléchis séparément. Pour « Réalité », c’était plutôt le concept du double maléfique et de la dépression. Le mec en blanc me représente et quand je suis habillé tout en noir j’incarne la dépression. Celle-ci vient me torturer un peu l’esprit avec des idées désagréables comme la vieillesse, l’anxiété,…

LFB : …la routine aussi ?

B : La routine c’est plus dans « La vie » je dirais, mais oui, c’est un peu la routine aussi. À un moment donné, le personnage en noir montre des images : un espèce de couple qui ont tous les deux des têtes bizarres. Il montre aussi un mec qui a un enfant qui a exactement la même tête que lui. En fait, c’est plein de peurs qu’on peut avoir. Par exemple, pour l’anxiété, à un moment donné je me balance des objets sur la tronche, alors que j’essaie de chanter. C’est un peu comme ça que je vois la dépression, l’anxiété ; comme une espèce de petit diablotin qui vient faire chier alors qu’on a envie d’être tranquille.

LFB : A ce propos, tu réalises tes propres clips. Tu es à la fois musicien, compositeur, interprète, réalisateur, graphiste,… Quand on fait autant de choses, on est à quel niveau de control freak sur son projet ?

B : Niveau psychotique ? (rires)

En fait, je sais que je ne peux pas être excellent dans tout. C’est humainement impossible parce que c’est du travail d’être bon techniquement dans quelque chose et, forcément, si je fais plusieurs choses, je vais mettre plus de temps pour atteindre un bon niveau dans chaque domaine.

Aujourd’hui, je vois des gamins de 12 ans qui font des musiques vraiment bien produites. Ils sortent des tutos sur YouTube pour expliquer comment on égalise les crêtes alors que moi, à 20 ans, je ne savais pas faire ce qu’ils faisaient. Pareil pour la vidéo et les effets spéciaux : il y a des gamins qui font de la 3D à 14 ans !

Donc je me dit que la seule manière de tirer un peu son épingle du jeu c’est d’être plus artisanal, moins technique, et de mettre l’accent sur l’originalité du ton et du processus créatif. En plus, quand je fais moi-même les choses, je travaille vite, car c’est mon projet donc je m’y mets direct. A l’arrivée j’ai un résultat moins bien, mais le parcours entre l’idée et la réalisation est plus rapide, donc je peux faire des modifications aisément. C’est beaucoup plus pratique, moins frustrant et j’ai l’impression qu’il y a plus d’authenticité dans l’ensemble car y on retrouve une certaine cohérence. Après, je ne suis pas toujours très content techniquement de ce que je fais mais je me dis qu’au moins j’apprends et qu’il faut bien commencer quelque part.

LFB : D’ailleurs par quoi as-tu commencé parmi tes domaines de compétences?

B : Je pense que le premier truc que j’ai fait, quand j’étais vraiment très petit, c’était de dessiner. Ensuite, j’ai commencé à faire de la musique sur des logiciels à 10-11 ans mais c’était plutôt des jeux de composition, par exemple Music sur PlayStation. Puis j’ai utilisé GarageBand sur Mac avant de me mettre à un logiciel plus sérieux qui s’appelle Reason où il s’agit vraiment de composition. Quand j’étais ado, je me suis mis à la vidéo. Je regardais beaucoup de films. A l’origine je viens de Troyes en Champagne-Ardennes et, quand j’avais 18 ans, je me suis installé à Paris pour faire des études de cinéma. Je me suis spécialisé en montage et effets-spéciaux et, depuis, je travaille. J’ai d’abord travaillé en tant que monteur, puis je me suis mis à faire du motion design. Du coup j’avais déjà des notions de réalisation. J’ai vraiment la culture Chris Cunningham, Michel Gondry, Spike Jonze… J’ai beaucoup regardé de clips ado donc ça tombait sous le sens d’en faire pour moi. J’aimerais bien faire des films aussi sur le long terme, mais c’est très compliqué à faire.

LFB : En parlant de cinéma, je trouve que t’as un univers qui se rapproche beaucoup de Quentin Dupieux – même musicalement. Si tu réalises un film un jour tu serais plus Steak, Rubber, Réalité?

J’ai vu toute la filmographie de Quentin Dupieux et j’aime beaucoup Nonfilm, le 1er. Parce que je trouve que c’est le plus radical et ça me fait vraiment beaucoup rire. Sébastien Tellier et Kavinsky sont super drôles dedans. Sinon, Wrong est vraiment super. J’aime beaucoup l’image de fin avec le gars qui conduit vers nulle part après avoir dit “je me casse, cette vie est trop déprimante”. Je trouve que ça résume bien le cinéma de Dupieux qui est un peu pessimiste, mais très drôle. Réalité c’est super aussi.

LFB : Pour en revenir à ton projet, Bolivard, comment tu parviens à gérer ton temps pour pouvoir tout faire et être productif ?

B : Eh bien, je me mets en difficulté financière! (rires).

Je suis en freelance donc ça me permet de me dire « bon, cette semaine je bosse sur mon truc » et, quand j’ai un boulot qui tombe, je bosse sur ce dernier. Mais pour l’album je me suis dit qu’après ça, j’aurai tout le temps de bosser pour des entreprises et de remonter un peu mon compte en banque, donc je me suis mis à fond dessus. Par exemple, j’ai mis 3 mois à faire le clip Focus qui est tout en dessin animé. Je commençais à 10h du matin et je me couchais à 4h. Et ça pendant 3 semaines, tous les jours.

LFB : T’étais Focus en fait.

B : C’est ça ! En plus y a des moments où j’étais en train de faire le clip de Focus et j’en avais marre parce que ça faisait des mois que je bossais sur ce truc-là. Je commençais à stresser, parce que je me disais que c’était toujours pas fini et que j’avais plus de thune, alors que justement la chanson incite à ne pas penser à ça et à se concentrer sur le moment présent. Donc c’était un peu auto-alimenté comme truc !

LFB : Je vais revenir un peu sur les paroles parce que, même sur les parties les plus sombres, tu as toujours une touche d’humour qui fait beaucoup de bien. Est-ce que tu penses que tout est autodérision et un peu sarcasme dans tes paroles et ton élocution?
Et, si c’est le cas, est-ce que tu penses que l’autodérision est le meilleur moyen pour se créer une espèce de barrière sur les merdes de la vie ?

B : Oui, effectivement. À part pour Focus où il s’agit du principe de la méditation et de la relaxation, se concentrer sur le moment présent,… Il y a aussi le fait d’être philosophe au sens général du terme, de se dire que c’est mieux de mourir un jour plutôt que d’être obligé de vivre pour l’éternité parce qu’on se fait chier au bout d’un moment. Et pour Mélancolie où il s’agit d’accepter la tristesse comme quelque chose de normal et de constitutif de la vie.

Sinon, l’humour, ça marche vraiment bien. La première version de Réalité était beaucoup plus 1er degré où je disais de plein fouet des trucs très déprimants. Certaines personnes de mon entourage aimaient bien et d’autres trouvaient que ça faisait un peu « la vie n’est que souffrance ». En la réécoutant je me suis rendu compte de ça donc je l’ai retravaillé en exprimant les mêmes idées, mais de manière un peu ridicule et je trouve que ça marche mieux !

Il y a des gens qui sont supers bons pour produire des chansons 1er degré qui sont vraiment très belles, mais moi je sais que quand j’essaie d’être 1er degré, c’est naze. Donc j’ai compris que ma clé c’est de rajouter de l’humour. En y réfléchissant, je me dis que les moments où je déprime, je dois être un peu chiant comme mec, alors que quand je fais des blagues, j’ai l’air d’être plus agréable. Et c’est sûrement la même chose pour faire des chansons !

LFB : Tu parlais tout à l’heure des extrêmes noir et blanc mais j’ai l’impression que tu explores beaucoup les zones grises, qu’il y a vraiment quelque chose au milieu qui existe et qui est quand même plus intéressant que d’être tout l’un ou tout l’autre.

B : C’est vrai, je me rends compte de ça aussi. Notamment sur le fait de prôner la réconciliation, par exemple Mélancolie c’est la tristesse, mais il faut la prendre comme quelque chose de beau, et Focus c’est prendre le moment présent comme il est, quel qu’il soit. Pour Sauvons, j’ai écrit le truc comme ça venait et, en y réfléchissant, je me suis rendu compte que ça alternait entre tout noir et tout blanc – donc on peut dire que c’est gris d’une façon ou d’une autre.

Quelque part, le thème de l’EP, c’est sûrement de se dire que tout n’est pas noir ou blanc et que si on est tout noir ou tout blanc on s’expose à toutes les merdes possibles alors qu’au contraire il faut être serein et équilibré. C’est presque un peu bouddhiste comme concept.

LFB : Tu dis que tu ne sais pas chanter mais j’ai l’impression que le phrasé et le distancié ça donne beaucoup plus d’impact à ce que tu dis. C’est quelque chose que tu as travaillé ou c’est vraiment parce que tu penses ne pas savoir chanter?

B : Dans “Réalité” par exemple, je sais que certains aiment bien quand je chante mais moi je n’assume absolument pas. Je ne me vois pas chanter, j’ai l’impression que c’est ridicule. Je pense que c’est de la pudeur parce que chanter devant les gens c’est vraiment une mise à nu. Ce n’est pas quelque chose d’habituel, il faut que ce soit mélodique. C’est comme être funambule, c’est tellement technique que je ne me sens pas en sécurité si je chante. Je suis plus habitué à parler, c’est une meilleure base pour travailler. Après, effectivement j’ai un peu travaillé le rythme du phrasé, j’ai écouté le Gainsbourg des années 70/80 (Melody Nelson, You’re Under Arrest), Yves Simon, Bernard Lavilliers,… J’ai observé leur manière de placer les consonnes au moment du rythme. J’aime bien Polnareff aussi, parce que parfois il accélère un peu dans ses phrases pour reprendre un rythme. Comme j’étais plus à l’aise avec le parlé, c’était plus facile à travailler, tandis que le chant, j’aurais été obligé de partir de zéro et de toute façon ce n’est pas un truc qui m’attire. Je dois être trop control freak justement. Le chant je ne contrôle pas et ça me stresse.

LFB : Est-ce qu’il y a un morceau dans ton EP dont tu es le plus fier, qui te tient particulièrement à coeur?

B : J’aime bien La mort qui, au départ, est une espèce de fable que j’ai écrite.

Je n’ai plus le temps d’écrire des nouvelles depuis longtemps mais je réutilise un peu le style pour faire des chansons. La mort est ce qui se rapproche le plus de ce que j’écris, qui est plutôt surréaliste, influencé par Ionesco et Buñuel.

C’est un peu cinématographique aussi donc je trouve que c’est un bon mi-chemin entre la musique, l’écriture et le cinéma. Ça mélange trois domaines que j’aime bien.

Et puis je trouve que la musique est cool. Ça me fait penser à Goblin, aux mecs qui faisaient les BO des films de Dario Argento (films d’horreur italien) et à Justice, SebastiAn,… Donc je suis assez content de ce morceau. Je remarque aussi que c’est le titre de l’album le plus shazamé. Il y a autant d’écoutes que de shazam, ce qui signifie que les gens doivent entendre ce truc et se dire « qu’est ce que c’est que ce morceau bizarre », puis l’écoutent une seule fois. J’aime bien cette réaction.

LFB : Est-ce qu’à l’heure actuelle tu penses encore qu’il faut sauver Patrick Balkany?

B : Je ne pense pas qu’il faille sauver Patrick Balkany, je pense qu’il a l’air de pouvoir se sauver lui-même et je ne suis pas militant. J’ai vraiment l’impression que, plus les années passent, plus je me dis que je n’y connais rien. Plus je lis – même des trucs d’économie-, plus je me dis que je ne sais rien. Sauvons exprime cette idée justement. C’est l’accumulation de slogans jusqu’à l’absurde pour montrer qu’un slogan n’a aucun sens parce que ce n’est pas avec un slogan qu’on résout quelque chose, mais avec des discussions très longues et des experts qui ne sont pas corrompus. Pour moi, Sauvons veut dire ça, mais j’ai remarqué que chacun avait sa propre interprétation et j’aime bien !

LFB : Je pensais que c’était un peu plus nihiliste; c’est à dire qu’il n’y a rien à sauver finalement.

B : Oui, on peut dire ça aussi. On peut dire que c’est impossible de savoir ce qu’il y a à sauver parce que ce sont un peu des vases communicants ; si on veut sauver un truc, on ne sauve pas autre chose. En fait, il faut tout sauver, donc rien et laisser le chaos agir. Ça peut fonctionner aussi.

LFB : Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite?

B : J’ai déjà une idée du prochain EP, qui sera un EP concept aussi. Ce serait pas tout à fait dans le même genre, mais je continue à m’intéresser aux extrêmes, qui ne sont pas forcément des extrêmes émotionnels d’ailleurs. J’aimerais bien faire un live qui serait un peu narratif avec de la vidéo, par exemple. Je referais bien des chansons quand même parce qu’il y a encore des choses à faire avec ce procédé là. Et j’aimerais bien partager des écrits. Par exemple, en imprimant quelques exemplaires d’un bouquin et les vendre au moment des lives ou bien sous forme d’e-books sur Amazon.

LFB : Est-ce que tu as des coups de cœur récents à partager (culturels)?

B : J’ai regardé le spectacle comique d’Eric André hier, qui s’appelle Legalize Everything, et j’ai beaucoup rigolé. Il y a The Eric André Show aussi.

Et Thalasso le film de Guillaume Nicloux avec Houellebecq et Depardieu que j’ai vu l’année dernière. J’adore les moments où Depardieu discute en peignoir avec Houellebecq d’hémorroïdes et des partouzes que Depardieu faisait dans les années 70 avec Travolta.

Sinon j’attends avec impatience Mandibules de Dupieux.

Et, en BD, j’aime bien ce que fait Riad Sattouf. J’attends la suite de l’Arabe du futur!

Découvrez Mélancolie, le dernier clip de Bolivard :