Bloc Party se fait peau neuve avec Alpha Games

Fini les bêtises pour Bloc Party, le groupe a bel et bien marqué un tournant dans sa carrière en sortant Alpha Games le 29 avril dernier. On vous parlait dans le live report du concert à la Salle Pleyel, et d’une atmosphère particulière qui avait fait perdre la tête aux fans.

Photo by Wunmi Onibudo

Les anglais n’avaient pas sorti d’album depuis 2016, mis à part le mythique Silent Alarm, avec lequel ils étaient remontés sur scène en 2019, juste avant la pandémie. Un silence plateau depuis, qui a permis à Bloc Party de se faire peau neuve pour nous livrer une toute nouvelle version, bien plus réfléchie, de ce post punk particulier auquel ils nous avaient habitués. 

Le groupe accueille deux nouveaux membres sur cet opus : la batteuse Louise Bartle et le bassiste Justin Harris. Bloc Party a toujours eu un côté post-punk, donné par la voix du chanteur leader Kele Okereke, et, à l’inverse, des mélodies plutôt pop qui contrastent cette proposition, surtout au niveau des guitares. Bloc Party se présente au final comme un melting pot d’influences qui vont de l’électronique au rock, typique des groupes anglais qui ne cherchent pas à se limiter en termes de références. On pourrait rapprocher la musique de Bloc Party de nouveaux groupes comme Black Midi, qui ne se cantonnent pas à une seule référence.

Alpha Games est un album tout à fait différent des précédents, de par sa composition. En effet, l’album déroule un ensemble de chansons formant un tout homogène, ce qui le distingue des précédents, sur lesquels chaque chanson était unique, et les différents titres n’étaient pas liés les uns aux autres. Ici, c’est une histoire qui est racontée, avec des thèmes toujours très engagés, comme sur Day Drinker, où Kele Okereke parle d’alcoolisme et de la honte ressentie lorsqu’un membre de la famille vient à le découvrir. 

Des chansons à textes et lourdes de sens, vaporeuses et parfois noisy, se heurtent aux morceaux pop et entraînants comme pour Banquet à l’époque. Le mystère plane au-dessus du titre de l’album, qui n’est pas caractéristique de ce que le groupe veut dégager. Alpha Games est carrément à l’antipode des valeurs du groupe. Serait-ce alors une manière de dénoncer la masculinité omniprésente dans notre société et tous les effets néfastes que cette même masculinité engendre ? L’album offre un mélange organique tant dans les sonorités que dans son esthétique générale. On n’arrive pas à distinguer nettement ce que la pochette représente, mais l’idée de la nature reste omniprésente. Notre imaginaire nous fait penser à une patte d’insecte ou à une cellule.

Tout en ne mettant pas de côté l’aspect engagé des thèmes abordés dans leur musique, Bloc Party s’est tout de même assagi dans la manière de véhiculer leur message. Si les passages planants et noisy sont très présents, les envolées rock et les guitares presque lyriques restent tout de même de vigueur. In situ reste un des morceau les plus entraînant et dansant de l’ensemble, et son refrain très pop aux guitares se rapprochant de l’indie rock contraste avec le chant de Kele Okereke. La mélodie fait même parfois penser à Deerhunter dans If we get caught. L’album se termine sur un titre lunaire, The Peace Offering, très prenant, qui fait voyager sur une autre planète.

Bloc Party mûrit et nous emmène vers de nouveaux horizons. Les fans retrouveront dans ce disque l’identité et les valeurs du groupe, toujours ancrées au cœur du projet.