ADN #346 : Bleu Nuit

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. De retour avec leur nouvel album Métal, les québecois de Bleu Nuit nous dévoilent les morceaux qui ont influencé leur musique.

Crédit : William Daviau

MUTABOR! – TREATS

On ouvre sur une ligne de basse typiquement post-punk. Un saxophone criard vient prendre le dessus et donne un petit côté no wave. Les harmonies viennent donner le ton à la chanson et la tension augmente. Les guitares en arrière-plan dessinent un parcours expérimental et nécessaire.

Le piano si minimal et efficace à la fois vient offrir une tendreté pesante. Pour ceux qui sont fan de Gang of Four, NOV3L et Crack Cloud. Ce 12 pouces paru en 1982 inclut une excellente première face, davantage post-punk et no wave.

RICHARD H. KIRK – NEVER LOSE YOUR SHADOW

Tout simplement un des plus grands artistes et pionnier de la musique expérimentale. On le connaît au sein de la formation anglaise Cabaret Voltaire, mais sa carrière solo est tout autant importante et sublime. C’est ce groupe qui m’a donné le goût de m’acheter des vieux synthétiseurs modulaires, un tank de reverb, un bon vieux space echo, quelques boîtes à rythmes (606, 707, DR-55) et tout simplement expérimenter pour sortir de ma zone de confort.

Je crois que c’est un peu ça la base de la musique de Richard H. Kirk. En est venu mon désir d’aller plus loin et de puiser dans le catalogue sombre de Cabaret Voltaire et compagnie. Never Lose Your Shadow est le parfait exemple de ce que résonne dans la tête de Kirk. Une ligne de 303 à en faire baver et un nuage de sons tout droit sortie d’un film de Lynch.

Un artiste complexe, mais toujours authentique. Reposes en paix.

NICKY ROBSON – STARS

C’était impossible pour moi de ne pas parler de Gary Numan.

Il fait partie des artistes qui ont influencé mon parcours musical et je trouvais chouette de partager plutôt un morceau qu’il a fait avec son ami Nicky Robson (photographe/vidéographe pour Numan à l’époque). Numan a tout bonnement lancé le défi à Robson d’écrire une chanson et en voici le résultat. Stars est un parfait mélange entre synthés analogues et groove bowiesque.

C’est une version semi-gothique de Fame par Bowie pour vous donner une idée du profil aromatique de cette chanson. Les bongos, les claviers, les back vocals de Numan et le côté new wave font de cet extrait de presque 9 minutes, un hymne au plancher de danse humide anglais de 1981.

JOY DIVISION – DECADES

Pour ceux qui connaissent un peu Bleu Nuit, vous ne serez pas surpris de retrouver du Joy Division ici. J’ai un attachement vraiment spécial avec Ian Curtis. Comme moi, il était épileptique et portait le même prénom, à une lettre près. Quand j’ai commencé à consommer du Joy Division, je ne savais pas trop dans quoi je m’embarquais.

J’ai développé une obsession et bu tout ce qui avait de disponible chez Factory Records sur ce groupe provenant de Manchester. J’ai choisi la chanson Decades, car je trouve qu’elle ressort du lot de par son côté pop qu’on ne retrouve pas sur les autres chansons de ce disque. Placé à la toute fin de Closer, les synthés et les mélodies de Ian résonneront à tout jamais dans ma tête.

C’est drôle, mais quand j’entends Decades, c’est comme si l’ambiance qui s’en dégage annonce la fin de Joy Division et l’arrivé de New Order. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais c’est probablement les progressions d’accords et les arrangements du producteur Martin Hannet qui donne cet effet-là. Je crois que c’est une émotion que je souhaite transposer dans ma musique et Joy Division a réussi à le faire il y a plus de 41 ans.

SWANS – HALF LIFE

J’ai choisi cet extrait pour son haut taux de violence sonore et son petit côté industriel de 1984 que j’aime bien. La batterie sonne comme une massue qui démolit un 50 étages et les guitares sont stridentes comme une décharge de 200 000 volts. COP et FILTH sont mes deux albums préférés de cette formation new-yorkaise et pendant l’écriture de notre nouvel album, j’ai un peu absorbé leur énergie pour la transposer sur certaines compositions.Bon, j’avoue que les paroles sont limite et assez sombres (j’ai du mal à m’identifier aux textes de Michael Gira), mais reste que ce groupe a vraiment fait des albums qui décrassent le cerveau, et ce, au début des années 80.

Découvrir Métal de Bleu Nuit :