Beau Corbeau – The Egg, Trip-hop Classique

Stella Lepage, aka Beau Corbeau, est une personnalité versatile. Si on l’a découverte aux côtés de Chilly Gonzales lors de la tournée Solo Piano III, son univers vaut au moins autant le détour. Sans faire trop de bruit, elle enchaîne les albums réussis depuis plusieurs années. Il est désormais l’heure de découvrir The Egg, pépite produite intégralement pendant le confinement.

Beau Corbeau The Egg Album Cover Art

C’est non sans teasing que la Britannique installée à Paris a dévoilé ce nouvel opus. Nous ayant partagé des anecdotes de production via ses réseaux sociaux, nous sachions déjà qu’une belle part serait dédiée à son instrument de prédilection: le violoncelle. En effet, bien qu’étant violoncelliste de formation, ses précédents albums en contenaient finalement assez peu et ce fut une très belle addition à un registre qui évolue au fil des productions. Dès les premiers morceaux, certaines pistes comme Les Cerfs Volants le mettent en premier plan, dans toute la majesté et l’émotion qui accompagnent cet instrument. Ceci dit, on retrouve également la pop teintée d’un groove sensuel que l’on avait adorée sur Not Everything Has to be Sad, encore plus affutée, allant chercher des tonalités et des sonorités qu’on pourrait parfois rapprocher de Massive Attack, comme sur certains passages de Waiting Game. Cette alternance des genres, bien que de prime abord peu attendue, se fait au final sans problème et même avec brio au long de l’opus.

Beau Corbeau in her studio

The Egg, c’est aussi et surtout le symbole de l’oeuf. Fortement inspiré par le film Angel’s Egg, il réfère aussi bien à la maternité par le don de la vie qu’il abrite qu’au mystère du contenu qu’il renferme. Sans doute aussi une certaine forme de fragilité, ou plutôt, de délicatesse. Les 15 plages de l’album sont hautement cinématographiques, et même si aucun clip ne les illustrant n’est paru pour le moment, il est facile de se laisser porter par la musique pour y projeter soi-même des images, sans doute des paysages vastes et déserts par moments, sans doute des scènes de vie à d’autre.

Des quatre albums déjà parus de Beau Corbeau, force est de constater que celui-ci est le plus abouti. Par la variété de ses ambiances, son émotion à fleur de peau et son côté bande originale, il nous a conquis de bout en bout.