Bass Drum Of Death et son bordel à La Maroquinerie

Il est des concerts d’anthologie. Bass Drum of Death, supporté par Johnnie Carwash, ce lundi 24 octobre , était l’un d’eux. Un bordel monstre, mais peut-être un peu trop.

Johnnie Carwash ne se prend pas la tête. Si l’on pouvait résumer en une phrase ce trio mixte, ce serait bien celle-là. Mais, derrière une nonchalance assumée, se trouve pourtant un vrai groupe de garage comme on n’en fait plus trop. Les rythmes sont simples, les airs entêtants, l’énergie débordante. Sans jamais vraiment nous servir la même soupe, Johnnie Carwash est un groupe de pur plaisir. Adeptes de blagues lancées à foison, on remarque aisément la complicité folle qui anime nos trois ami.es présent.es sur scène. Cette connexion se fait assez rapidement avec le public de La Maroquinerie, qui se masse en nombre. Ce n’est pas qu’une simple première partie, ces trois-là commencent à se faire un nom dans la scène française.

Attendu.es, donc, mais la décontraction affichée par le trio montre qu’iels n’en ont cure. Le public, loin d’être déçu, réserve des ovations de plus en plus fournies à mesure que le set avance. Voilà que les chansons s’enchaînent, l’humour aussi, le tout pour une grosse demi-heure de fun absolu. Dans ce garage/surf rock aux airs heureux et paroles parfois tristes, Johnnie Carwash excelle. Un vrai régal pour un groupe français qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Leur seul album, Teenage Ends, sorti en début d’année, est un recueil d’énergie dans la droite lignée de FIDLAR, Wavves et toute cette scène californienne. A écouter, et à voir donc, absolument.

Enfin, les musiciens de Bass Drum of Death entrent sur scène, accompagnés par « Les acouphènes ! Les acouphènes ! » scandé par la fosse. On sait où l’on se trouve, et chacun.e est prêt.e à prendre une dose folle de guitares à toute vitesse. Le trio, deux guitares et un batteur, n’en n’est pas à son coup d’essai. Trois albums au compteur, un quatrième qui arrive -deux singles sont déjà sortis à l’heure où nous écrivons ces lignes-, des tournées folles, les Américains sont rodés.

John Barrett, compositeur et leader du groupe lance les hostilités, et, presque immédiatement, la fosse se transforme en un amas de bras, d’épaules qui s’entrechoquent, de jeunes et moins jeunes qui chantent en cœur les airs et paroles. Un bordel comme rarement vu. A un rythme quasi constant, des femmes et des hommes montent sur scène, se jettent dans le public pour se faire porter quelques instants par la foule déchaînée.

La Maroquinerie, pleine à craquer, était en transe. C’est dire si Bass Drum of Death, surtout depuis leur premier album de 2011, sait créer l’engouement. Fort de cette capacité à créer des airs qui, dès la première écoute, rentrent dans la tête, le tout sur des riffs simples au possible et tout aussi entêtants, pour un résultat d’énergie pure. L’écoute d’une ou deux chansons du cru remplit l’auditeurice d’une énergie parfois incontrôlable. En France, certains groupes ont cette capacité. On pense notamment à la première partie, on vous l’a dit, géniale, Johnnie Carwash, ou les sénonais Johnny Mafia, dont certains des membres ont d’ailleurs joué des coudes avec le reste de la fosse.

Ce concert de Bass Drum of Death était absolument génial. Voir les chansons en live est toujours un plaisir, mais quand elles sont exécutées à la perfection, c’est encore mieux. Le set fut très court, à peine une heure. Les chansons se sont enchaînées sans plus de quelques secondes de pause entre chaque. Même Find It, dernier single en date du groupe, qui laissait un avis mitigé à la première écoute, s’est révélé génial joué en live. L’atmosphère était irrespirable, l’ambiance folle. Peut-être un peu trop.

Il est des concerts de rock où les pogos sont chose commune. Et c’est tant mieux, chacun.e doit pouvoir profiter du concert comme iel le souhaite. Mais sans empiéter sur le plaisir d’un.e autre. Ce soir-là, du fait de quelques mecs passablement éméchés, prenant pour fait accompli un pogo qu’ils considéraient comme légion, ont pourri le concert de personnes présentes dans la salle, au premier rang notamment. Cela a valu l’intervention du second guitariste, qui dans son anglais incompréhensible, rappelait que tout le monde devait veiller sur les autres, et rendre l’endroit safe.

Pire, on nous a rapportés des gestes et propos déplacés de la part de ces mêmes abrutis envers des femmes, rompant avec le caractère festif et bienveillant que devrait porter un concert. Comme dans pléthore de lieux et de moments, tout le monde ne se sent pas à l’aise et en totale confiance, du fait du comportement d’une minorité, toxique au possible. Bien sûr, ce n’est pas à imputer au géniaux.ales Johnnie Carwash ni à Bass Drum of Death, non plus à La Maroquinerie -même si le comportement d’un des agents de sécurité n’a clairement pas aidé- mais il faut que cela change. Longue vie au rock et ses méandres, mort aux connards.

Facebook des Johnnie
Instragram des Johnnie
Facebook des BDoD
Instagram des BDoD

Les photos ont été réalisées par Loélia, dont je remercie l’aide précieuse dans l’écriture de cette article. On peut la retrouve sur insta