Baptiste W. Hamon : « Je ne veux pas rentrer dans la caricature de la chanson poétique qui en deviendrait inaccessible »

Rencontre avec l’amoureux de la poésie et des grands espaces américains Baptiste W. Hamon autour de la sortie de Jusqu’à la lumière, un recueil de dix chansons dans lesquelles le musicien allie avec élégance authenticité, poésie et légèreté.

Crédit photo : Cédric Oberlin

La Face B : Salut Baptiste ! Je voulais tout d’abord revenir avec toi sur ton voyage au Texas, où tu es parti en fin d’année dernière. Peux-tu nous raconter cette histoire d’amour que tu entretiens avec cette région, et comment tu as vécu ces retrouvailles avec les Etats-Unis ?

Baptiste W. Hamon : Ça m’avait bien manqué le Texas ! Ce sont au départ des songwriters texans qui m’ont donné envie d’écrire des chansons. Tout s’est déclenché pour moi quand j’ai découvert Townes Van Zandt, qui faisait une musique aux sonorités folk et country du sud des Etats-Unis, et qui ne ressemblait à rien de ce que j’avais entendu jusque là. A cette période j’écoutais plutôt des chansons tristes : Nick Drake, Eliott Smith. Apres avoir découvert Van Zandt, j’ai écouté toutes ses chansons en boucle pendant une année, j’ai vraiment été happé par son univers et ses mots. Peu à peu j’ai déroulé ce fil de chanteurs texans, avec Guy Clark, Chris Christopherson, Willy Nelson et Johnny Cash que je ne connaissais que de nom. Je me suis pris de passion pour cette musique-là, et naturellement j’ai voulu aller me confronter à la réalité de ce qu’ont vécu ces gens, et comprendre pourquoi la plupart des chanteurs que j’adore viennent du Texas. J’y suis donc parti pour la première fois à l’âge de 21 ans, et j’ai trouvé ça incroyable ! J’ai traversé des paysages sublimes et fait des rencontres extraordinaires, qui m’ont permis de mieux comprendre l’état d’esprit de ces songwriters.

La Face B : Je sais qu’Austin est une ville que tu affectionnes particulièrement ?

Baptiste W. Hamon : Austin est la capitale de la live music aux Etats-Unis et le berceau de la contre-culture folk et country. C’est une ville très ouverte, et il y a une âme dans les bars de songwriters, qui ont une approche de la musique assez différente de chez nous. Par le biais d’un ami texan qui vivait à Paris et qui est devenu mon premier guitariste, j’ai rencontré beaucoup d’amis là-bas. Les musiciens jouent dans plein de groupes différents, et se nourrissent donc d’énormément de musiques. J’ai aussi eu la chance de jouer à South by Southwest en 2015 juste avant l’enregistrement de mon premier disque.

La Face B : Tu essayes d’y retourner tous les ans ? 

Baptiste W. Hamon : Oui autant que possible. J’essaye d’y aller au moins un mois à chaque fois, en fin de tournée ou entre deux albums. J’ai même comme rêve un jour de pouvoir y passer trois ou quatre mois par an, ou bien deux ans d’affilée. Je ne me lasse pas de l’inspiration que me procure le Texas. J’adore aussi voyager dans le reste du pays.

Baptiste W. Hamon devant le Capitol de l’Etat du Texas

La Face B : Je comprends bien ce sentiment et je partage ton attachement avec ce pays, dans lequel j’ai vécu plusieurs années. Je suis allée au Texas et plus récemment au Nouveau-Mexique l’année dernière, que j’ai trouvé sublime. Il y a une certaine complémentarité avec l’Europe, tant au niveau de la culture, la musique, les paysages… 

Baptiste W. Hamon : Je préfère aussi partir au milieu de nul part dans le Kentucky plutôt qu’à New-York ou San Francisco. Les gens que je vais rencontrer dans le Kentucky vont probablement être très éloignés de moi politiquement, mais il y a une âme, on est un peu comme dans un film, et les gens, quand on ne parle pas politique ou religion, sont plutôt gentils et accueillants. J’ai rarement eu de mauvaise experience. Et la contre-culture dans le sud fait contrepoids. Il y a aussi ce melange des cultures européennes, hispaniques et amérindiennes. L’une des villes que j’ai préfère c’est El Paso, que j’ai trouvé extraordinaire. C’est une ville majoritairement peuplée d’hispanophones, mais très américaine aussi, avec des drapeaux partout. C’est une ville très ouverte. D’une ville à l’autre la mentalité et la culture peuvent être très différentes. La diversité dans ce pays est fascinante.  

La Face B : Comme tu viens de l’évoquer, ta musique porte une forte influence country américaine, mais aussi de la chanson française un peu à l’ancienne. Peux-tu nous raconter comment tu as évolué artistiquement, au fil du temps ? As-tu l’impression de t’être désormais trouvé en tant qu’artiste ?

Baptiste W. Hamon : Pour moi il s’agit plutôt d’un cheminement de vie, et la musique fait partie de ce cheminement. Les chansons que j’écris représentent ce que j’ai eu envie d’écrire à un moment donné de ma vie, inspiré par mon expérience à un instant T. C’est un processus qui évolue donc continuellement. J’ai enregistré mon premier disque à Nashville, je l’ai voulu très folk et country, ça faisait sens. Pour le deuxième j’ai travaillé avec Alexandre Bourit, et j’ai exploré une autre facette de ce que j’aimais, la dimension plus musique indé. Et pour ce troisième album, j’avais ce rêve depuis longtemps de travailler avec John Parish, qui pour moi est l’un des plus grands réalisateurs de disques au monde.

Crédit photo : Cédric Oberlin

La Face B : Tu es donc parti pour enregistrer avec John Parish dans son studio à Bristol, avec tes chansons en guitare voix. Comment ça s’est passé ensuite ?

Baptiste W. Hamon : J’avais seulement fait deux maquettes avec des musiciens, pour les morceaux Hosannah et Dorothée. Je savais que pour l’album je voulais quelque chose d’assez épuré et très classe. Je suis très fan d’Aldous Harding par exemple, je trouve que les productions sur ses disques sont sobres, sans chichis, et je voulais ça. J’ai tenu à intégrer un pedal steel pour garder la dimension country, et j’ai voulu que mon amie Lonny, qui vient par ailleurs de sortir un disque brillant, fasse les choeurs. Pour le reste, je lui ai laissé carte blanche. Quand je suis arrivé le matin, il m’a demandé de faire une voix témoin avec un certain tempo, et ensuite il y est allé à l’instinct. Moi qui ne suis pas producteur, j’ai pu observer comment un mec extrêmement réputé comme lui fonctionne, en tâtonnant et en se faisant confiance. Il y a un million de façons d’arranger une chanson guitare-voix, et voir une chanson se transformer pour le mieux c’était pour moi une expérience dingue. 

La Face B : Ce disque est donc assez épuré, avec relativement peu d’instruments. Comment vas-tu proposer les titres en live ? De qui vas-tu t’entourer sur scène ? 

Baptiste W. Hamon : Je pars avec trois musiciens, sur un ensemble guitare électrique, claviers, basse et batterie. Comme il n’y a pas tant d’instruments que ça sur le disque, je vais pouvoir reproduire assez fidèlement les morceaux. Je n’ai pas de joueur de pedal steel ni de trompette, mais ponctuellement sur certaines dates j’aurai des invités. Après je n’hésite pas à quand même retravailler un peu les chansons pour leur donner une couleur plus live, en les rallongeant etc. Je ne veux pas non plus que ça ressemble trop au disque, je veux surprendre un peu les gens. 

La Face B : Et outre la France, tu prévois de jouer dans d’autres pays ? 

Baptiste W. Hamon : Je vais faire une tournée en Hollande. J’avais été contacté il y a quatre ans par un tourneur hollandais qui avait découvert ma musique suite à un article de blog sur un site hollandais de musique americana. J’avais fait un premier concert en 2017, il a adoré et depuis il m’aide à developper des tournées là-bas. J’ai deja fait une quarantaine de dates. C’est assez rigolo, là-bas j’ai un public de gens qui partagent davantage mes influences que les français. Ils connaissent aussi bien Townes Van Zandt que Barbara. Je me rends compte qu’ils comprennent complètement ma musique, quand en France certains ne vont entendre que la dimension chanson française. 

La Face B : D’autant que tu ne chantes presque qu’en français. 

Baptiste W. Hamon : C’est un autre de mes combats, je pense qu’écrire en français ne doit pas nous contraindre au marché français. J’ai été fan de Bob Dylan et de Leonard Cohen avant de comprendre leurs paroles. La langue c’est plus que des mots, c’est une sonorité, ça évoque des choses. On peut dire que c’est paradoxal comme je me revendique chanteur à textes, mais je me place aussi dans la lignée de ces artistes qui allaient jouer dans des endroits où les gens ne comprenaient pas littéralement ce qu’ils disaient, mais pouvaient comprendre l’esprit poétique. Dans mes experiences de jeu à l’étranger et notamment aux Etats-Unis, j’ai tout de suite perçu qu’il y avait quelque chose d’intrigant pour le public étranger, avec cet exotisme de la langue française, qui sonne bien aux oreilles des étrangers. J’ai donc vraiment cette envie d’aller tourner a l’étranger, malgré les mauvaises langues qui disent que ça ne marchera pas. A un petit niveau, ce qui se passe en Hollande pour moi, devant des gens qui comprennent ce que j’essaye de transmettre, j’aimerais bien que ce soit le cas dans d’autres pays.

La Face B : Theo Lawrence m’avait dit qu’il avait l’impression qu’en chantant en français il se mettait trop à nu et que ça le rendait plutôt mal à l’aise. 

Baptiste W. Hamon : Je connais bien Theo et je trouve que ce qu’il fait est fabuleux. C’est précieux d’avoir un chanteur comme ça, avec une voix de fou et un songwriting de malade. Toutes ses chansons sonnent comme des classiques. C’est vrai que moi la première fois que j’ai chanté mes chansons en français devant un public, j’avais l’impression d’être à poil. On ne peut plus se cacher, c’est comme si on avait un miroir en face de nous. Quand j’écrivais en anglais, je me sentais insatisfait des limites de ce que j’arrivais à transmettre. J’écrivais de poèmes en français par ailleurs, et je voulais arriver au même degré de travail de la langue. Après on s’habitue, mais au debut c’était difficile. En France le public est exigeant, il ne pardonne pas sur les textes. Quand on chante en français, on se dit “et si c’était nul ce que je raconte ?”, alors qu’on ne se pose pas du tout la question en anglais ! Je pense par ailleurs qu’il faudrait assumer en France de pouvoir faire des choses plus légères.

La Face B : D’ailleurs, tout en restant dans une veine poétique, dans cet album tu revendiques aussi davantage de légèreté, avec des chansons parfois “guillerettes”. 

Baptiste W. Hamon : Oui, je ne veux pas rentrer dans la caricature de la chanson poétique qui en deviendrait inaccessible. J’ai des chansons un peu abstraites sur ce disque, des chansons plus concrètes, et des chansons carrément cash, comme Boire un coup. C’est le genre de chansons que je n’avais pas jusque là, et ça me parait important de ne pas mettre trop de masques. Moi j’écoute aussi Joe Dassin et Johnny Cash, des chanteurs qui vont droit au but. 

La Face B : Et l’inspiration pour ces textes, tu la trouves dans ta vie de tous les jours ?

Baptiste W. Hamon : Oui, c’est assez mystérieux. Je lis beaucoup, j’écoute pas mal de musique. Un jour quand j’ai envie d’écrire une chanson, je ne sais jamais trop de quoi je vais parler quand je commence. Il y a une structure et un sens qui prennent progressivement forme, et je les retravaille. 

La Face B : Le texte te vient avant d’avoir une idée de la mélodie ? 

Baptiste W. Hamon : Généralement je vais d’abord avoir une idée de rythmique. Je vais commencer avec ça et après je retravaille beaucoup. Souvent je vais avoir un déclic sur trois phrases qui vont me venir comme ça, et très vite je vais associer la musique, car sinon on peut se retrouver facilement coincé avec le texte. Mais pas toujours : ma chanson Retrouvailles avec le froid était un poème au départ, que j’ai mis en musique et j’ai dû pour cela adapter les phrases pour que la chanson se tienne. Il n’y a donc pas vraiment de recette.

La Face B : Sur l’album tu fais aussi un duo avec la chanteuse norvégienne Ane Brun : Laughter Beyond the Flames. Peux-tu nous en dire plus sur elle, et comment s’est passée cette collaboration ? 

Baptiste W. Hamon : C’est une des dernières chansons que j’ai écrites avant d’entrer en studio. Je ne sais plus comment elle m’est venue, mais c’était en anglais, et c’est aussi un moyen d’être fidèle à mes références musicales et me permettre d’exprimer d’autres choses. Je n’avais pas pensé au départ à en faire un duo, mais une fois en studio avec John Parish on a évoqué la question et j’ai tout de suite eu en tête la voix d’Ane Brun. J’ai vécu en Norvège en 2007-2008, et c’est à cette époque-là que j’ai découvert ses chansons, c’était donc aussi un clin d’oeil à ce moment de ma vie. Je l’ai contactée par mail en lui demandant, de façon très humble, si elle souhaitait chanter sur ce morceau, et elle a répondu tout de suite après qu’elle était partante ! Elle l’a enregistré depuis son studio en Norvège. 

La Face B : Ah le duo a été enregistré à distance ?

Baptiste W. Hamon : Oui, on était encore en plein confinement en Angleterre. Parish ne procède pas comme ça d’habitude, mais on n’avait pas le choix. Ane nous a envoyé son enregistrement, et ça a tout de suite collé. On avait procédé de la même façon sur le disque que j’ai enregistré avec Barbagallo. Il était en Australie, je lui avais envoyé mes voix. Aujourd’hui il y a de moins en moins de contraintes techniques à travailler à distance. C’est toujours mieux en direct, mais heureusement qu’on arrive à le faire quand même. 

La Face B : Tu as aussi fait une reprise de Revoilà le soleil de Jacques Bertin. Pourquoi as-tu choisi de faire cette reprise ? Qu’est-ce que ça évoque pour toi ?

Baptiste W. Hamon : Jacques Bertin ! Un chanteur trop méconnu en France, l’un de mes paroliers et chanteurs préférés. C’était pour moi une façon de rendre hommage à ce chanteur que peu de gens connaissent. Il a commencé sa carrière dans les années 60, et il sort encore des disques. C’est un poète fabuleux, et surtout sa poésie n’a pas grand chose a voir avec tout ce qui s’est fait d’autre dans la chanson. On se retrouve avec un objet poétique unique, et il a toujours été snobé par les grandes maisons de disque, ou bien c’est lui qui était en désaccord avec ce qu’on lui proposait. Moi cette chanson elle me fout la patate à chaque fois que je l’écoute, je trouve ça sublime, c’est à la fois abstrait et il y a des mots qui nous vont droit au coeur et qui nous rendent heureux. 

La Face B : Tu en as parlé avec lui directement ? 

Baptiste W. Hamon : Je lui en ai parlé après coup. Une fois qu’elle était enregistrée, je lui ai envoyé la chanson et il m’a répondu tout de suite en disant “bravo, beau boulot !”. Ça fait partir de ces figures, comme Townes Van Zandt aux Etats-Unis. Jacques Bertin aurait mérité un très grand succès, et a minima il mérite ce côté culte, car c’est quelqu’un à l’écriture fabuleuse.

La Face B : Avant de conclure, je voulais te poser une question que je pose souvent en ce moment, dans ce contexte très particulier dans lequel nous nous trouvons, avec une guerre en Europe. Je sais que tu y es sensible, et je me demandais comment tu appréhendes le rôle des artistes et de la musique dans des moments comme celui-là ? 

Baptiste W. Hamon : C’est compliqué. Autant dans des situations comme le Covid ou la guerre en Ukraine maintenant, j’essaye de prendre les choses avec beaucoup d’humilité. Je ne sais pas si les artistes ont vraiment le pouvoir de changer les choses. On peut arriver à apporter du réconfort aux gens, mais tout ça nous dépasse. Je différencie mon art de ce que je ressens. Sur l’Ukraine, moi je connais assez bien Kyiv pour y être allé quatre fois, j’y ai même joué sur invitation de l’Institut Français. J’ai beaucoup d’amis là-bas, heureusement la plupart ont réussi à fuir à l’étranger. J’ai été émerveillé par Kyiv, il y avait une émulation extraordinaire, des bars de fous, des concerts incroyables, donc ce qui se passe aujourd’hui ça me dévaste et c’est frustrant car on ne sait pas trop quoi faire. 

La Face B : Ça peut être simplement en donnant du baume au coeur. 

Baptiste W. Hamon : Au début j’ai eu l’impression que d’un seul coup faire de la musique c’était devenu tout petit par rapport aux problèmes du monde. J’avais aussi pensé ça au début du Covid, je ne partageais plus de trucs sur Instagram. J’ai pensé à mes amis à Kyiv et à Kharkiv qui me suivent, et je n’osais pas montrer ma joie de sortir un disque. Après quelques semaines, je me suis dit qu’il fallait continuer à lutter intérieurement, être en colère, et en même temps comme on ne peut pas faire grand chose à notre petit niveau, on peut continuer par le biais de la musique à apporter un peu de réconfort aux gens, des petits sourires. Donc c’est ce que j’essaye de faire et j’espère avec humilité que mon disque apportera un peu de joie. 

La Face B : Ça me fait penser à un podcast que j’ai écouté récemment, de Brené Brown qui est une chercheuse et auteure texane. Elle a un très bon podcast qui s’appelle Unlocking Us, et dans celui-là elle discutait avec son invitée de la nécessité de continuer à s’amuser et ressentir de la joie pour nourrir notre activisme, des ressources dans lesquelles puiser dans les temps difficiles. 

Baptiste W. Hamon : Je l’écouterai. C’est la bonne approche en tout cas, ça permet de ne pas se sentir mal à l’aise en se disant que ce que l’on fait est dérisoire ou ridicule face à la gravité de la situation. 

La Face B : Et pour finir, as-tu des recommandations de morceaux ou d’artistes que tu écoutes en ce moment ? 

Baptiste W. Hamon : Alors d’abord un disque : le premier album de mon amie Lonny, Ex-Voto, que je trouve extraordinaire. Et deux artistes que je redécouvre en ce moment : The Felice Brothers. C’est de l’americana avec un esprit un peu punk, plein de poésie un peu hargneuse et belle. Et une source d’inspiration intarissable, Jason Molina. C’était un fabuleux songwriter, qui a été dans plusieurs groupes et a eu un destin tragique. Si tu aimes la belle poésie un peu sombre mais dans laquelle on trouve toujours un petit peu d’espoir…

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