Bambino : « je n’ai pas vraiment de frontières musicales »

Un premier projet qui vient de sortir et une image d’enfant capricieux qui lui va si bien. Voilà comment résumer le tout jeune début de carrière de Bambino. Pour l’occassion, on a pu percer un peu plus à jour cet Enfant Difficile dans une discussion où l’on y explore toutes ses facettes.

Discipline Studio

LFB : Comment-tu vas en ce moment ?

Bambino : Ça va, je suis super excité, mon EP est sorti le 20 novembre. J’ai décidé de l’appeler Enfant Difficile et il y a aussi une track qui se nomme comme cela. Donc ouais, je vais bien, je suis en pleine forme, tout le monde va bien autour de moi, je suis content, je demande rien de mieux.

LFB : Tu viens de commencer la musique, est-ce que tu saurais te présenter toi et ta musique pour les gens qui ne te connaîtraient pas encore ?

Bambino : En gros, j’ai sorti mon premier son, Esperanza, en mai, juste après le confinement je crois et un second titre, Kekra avec un clip sorti le 29 octobre. Je fais du hip-hop, je fais de la musique, je n’ai pas vraiment de frontières musicales, j’aime juste faire du son et kiffer l’instant T.

LFB : Tu as donc décidé d’appeler le projet Enfant Difficile. C’est un nom de projet qui te correspond bien, non ?

Bambino : Ouais, de ouf. En fait, c’est ce que je suis et ce que j’ai été. On reste toujours un enfant au fond. En plus, c’était une phrase que ma mère me sortait souvent, « T’es vraiment un enfant difficile« . Du coup je trouvais cela marrant. Je vois les morceaux, même certaines phases que je fais un peu comme une photo. Je vois les choses comme cela, comme des petits clichés et cette phrase là, c’est un joli cliché sur ma vie.

LFB : Du coup, l’enfance c’est une période à laquelle tu es attaché ?

Bambino : C’est une période qui n’est pas finie.

LFB : Tu penses qu’elle finira un jour ?

Bambino : On va essayer de faire que non mais je pense que c’est dans la tête. Si tu décides de changer ou d’être quelqu’un d’autre, tu changeras. Moi, je suis à l’aise dans cette vie là d’insouciance, de liberté, pouvoir dire des choses sans forcément penser à ce qu’il peut arriver. Moi, en fait, j’aime bien quand on dit « La vérité sort de la bouche des enfants » parce que j’ai ce truc là d’être franc, comme le gosse peut l’être. Quite à des fois dire des vérités pour avancer et aller mieux ensuite, avec ses proches par exemple. Il y a pleins de petits trucs que l’enfant a et que l’adulte devrait garder.

LFB : Maintenant qu’on t’a un peu plus cerné, on va parler un peu plus de ta musique et donc de ton projet. Musicalement, on y retrouve une vibe latino, tu as une attache particulière avec ce genre musical ?

Bambino : Peut-être, je pense que c’est inconscient. Comme je suis d’origine algérienne, peut-être que je me reconnais un peu dans certaines harmonies latines. Mais j’en fait pas un truc de « Je vais faire un truc latino« . En fait, il y a juste un son qui arrive, on le kiffe et on fait un son avec et s’il est bien on le garde et s’il est nul, je le ré-écoute même plus donc j’ai pas envie de poser dessus. Je pense que la musique andalouse a des corrélations avec la musique arabe et maghrébine. Donc, c’est possible, mais j’y réfléchis pas et du coup il y a deux sons qui sont plus latinos, c’est Esperanza et Enfant Difficile. Après, je pense pas forcément que dans Enfant Difficile je pose comme un latino. En fait, c’est en mode délire sur le moment.

LFB : Mais il n’y a pas que cela sur le projet, on retrouve beaucoup de sonorités différentes. Par quel type de musique as-tu été bercé ?

Bambino : J’ai écouté beaucoup de choses, cela pouvait aller de Miles Davis à Michael Jackson à du Brel, du Aznavour. J’ai écouté beaucoup de choses, j’ai écouté du jazz-fusion, de la soul, de la pop. J’ai essayé de me nourrir d’un peu de tout. Et puis, derrière, dans mon quotidien il y a toujours aussi le street et le rap. Je pense que ça a été le mélange de tout ce que j’ai écouté qui a fait que je suis heureux dans ce que je fais en ce moment. Alors que pour moi, avant, le rap c’était du rap et du rock c’était du rock et je me sentais à l’aise dans aucun style musical. Alors que là, je me sens à l’aise avec ce qu’il vient de se passer dans l’urbain et dans la musique qu’on est en train de faire en 2020. Parce qu’on a cette chance de pouvoir tout mélanger, sans forcément choquer. En fait, on a grandi dans ce melting pot où on peut tout faire et je pense que c’est aussi dû à l’ouverture provoquée par le streaming. Je suis un enfant de la génération YouTube, où on avait envie de tout regarder, on pouvait passer des soirées à tout regarder et on le fait encore. Donc, c’est difficile de trouver son camp et de dire « Moi je veux être un rockeur ». Si on regarde tous les artistes qui défoncent tout aujourd’hui, sans s’en rendre compte ils mélangent et je pense que c’est ancré à notre génération.

LFB : Comment tu vois le fait justement que la musique est de moins en moins liée à des étiquettes ?

Bambino : Mais pour moi, cela existait déjà avant. Par exemple, Eminem il posait sur des instrumentales avec des guitares électriques et cela faisait du rap/rock. Kanye West aussi. C’est pas nouveau, mais ce qui est intéressant maintenant c’est que les gens en parlent plus de la même manière. Ils l’ont déjà digéré et les artistes d’il y a 15-20 ans ils ont déjà tenté. Du coup, maintenant, quand un artiste de notre génération mélange les styles, on se pose même plus de questions. On dit pas « AH, il a mit une guitare dans son morceau« . On écoute juste le morceau et on kiffe. Maintenant, un rappeur il peut poser sur de la house et pourtant on va pas lui dire qu’il fait de la house. On va juste se dire que le son est lourd ou pas. On est même pas dans le « Est-ce que c’est du rap ou non ?« , c’est juste de la musique. Et moi, je pense que c’est ce que je fais dans mon quotidien, je fais juste des chansons que j’aime bien et je m’enjaille. Moi déjà, je dois être mon premier fan.

LFB : Il y a des artistes qui ont du mal à s’écouter, toi tu n’as pas de problèmes avec cela ?

Bambino : Non, je fais de la musique pour m’amuser et me faire kiffer. C’est là où je m’amuse le plus et là où je pense avoir des facultés assez faciles. Et j’aime faire du son, pour moi, pour mon quotidien, je conçois pas ma vie sans son et sans créer.

LFB : Maintenant, on va rentrer dans l’album et dans les thèmes que t’y évoque. L’ouverture se fait avec 365, dedans comparé au reste du projet tu te livres pas mal, c’est une volonté de ta part de te montrer sous toutes tes facettes, même les plus mélancoliques ?

Bambino : En fait, 365 c’est la dernière chanson qu’est tombée sur l’EP. Enfin, c’est la première et aussi la dernière, je sais pas trop comment t’expliquer cela mais je l’ai faite puis ensuite j’arrivais pas forcément à retomber dans ce mood là. J’ai écrit les 16 premières mesures et après j’arrivais pas à me remettre dans cette ambiance pour finir la chanson. Et du coup, elle est tombée à la fin parce que j’étais retombé un peu dans cette mélancolie là en dernière minute. Franchement, j’ai failli ne pas la mettre parce que j’arrivais pas à la finir. Sinon, non c’est pas spécialement un plaisir de montrer qui je suis, de base je fais pas du son pour cela. Je pense qu’à partir du moment où tu essayes de faire comprendre aux autres qui tu es, il y a un problème. Pour moi, cela serrait plus logique de d’abord écouter et de se dire « Le gars est comme cela« . Si les gens rentrent dans une cogite pour savoir qui tu es, je trouve cela bizarre. Mais, je pense que j’avais besoin aussi d’avoir un morceau un peu exutoire, où je me livrais un peu plus parce que les autres morceaux c’est plus ambiançant. Du coup j’ai trouvé cela bien de le mettre en ouverture de rideau. Franchement, c’est un morceau qui me touche vraiment, je sais pas pourquoi. Je pense que c’est un de mes morceaux préférés de l’EP, si pas mon préféré.

LFB : Sur Maradona tu évoques les relations amoureuses. Quelle place ont ce genre de relations maintenant que tu es dans le monde de la musique ?

Bambino : J’ai souvent été focus dans mon taff, donc je mettais très peu d’énergie dans l’autre. C’est peut-être une mauvaise chose, mais c’est comme cela que je suis foutu en ce moment. Je pense que c’est une période de vie, même si je le suis au fond, mais cela veut dire qu’en fait, je suis dans une période où j’ai pas envie de me mettre dans des bourbiers. En plus, pour aller plus loin, je sais pas si je crois réellement en l’amour. J’ai du mal à croire en tout ce qui est éphémère, où du jour au lendemain tu peux ne plus avoir de sentiments pour l’autre alors qu’une semaine auparavant tout allait bien. Tout cela me dérange, du coup je me dis que personne ne peut souffrir à ma place. Quand tu chiales, il y a personne qui va partager tes larmes avec toi. On peut te consoler mais personne ne peut comprendre ta peine. Moi, je suis dans un truc où on nait seul, on meurt seul. C’est peu un paradoxe parce que je me dis « T’es chaud de parler comme cela » mais en même temps c’est ce que je ressens vraiment, c’est ma personnalité qui fait que croire en quelque chose qui va ne pas durer, j’ai pas envie de perdre mon temps avec cela. Je pense aussi que cela soit lié au fait que je sois encore jeune et que je veux profiter et j’écris des chansons où je le dis. Peut-être qu’un jour cela changera.

LFB : Avec Calamité, tu parles de « Ta zone« , comment le lieu où t’as grandi a pu jouer sur la personne que tu es ?

Bambino : Je viens de Saint-Denis, dans le 93 et en fait, quand je parles de « Ma zone » dans le morceau pour moi c’est ce qu’il y a dans mon coeur en gros. C’est à l’intérieur de moi, c’est pas forcément le quartier. Il y a une deuxième lecture sur l’expression utilisée, c’est pas spécialement dit au premier degré. Dedans, j’y décris un peu les sentiments que j’ai sur la vie de couple, c’est mes ressentis sur « Pourquoi j’arrive pas à m’attacher ?« . Quand je dis « Pourquoi c’est si simple de faire tout compliquer« , des fois on se complique le truc alors qu’on peut faire simple. Moi, je suis un gars pragmatique en gros, c’est « Je t’aime » ou « Je t’aime pas« . C’est pour cela que j’arrive pas forcément à aimer réellement.

LFB : Pour finir, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

Bambino : Beaucoup de kichtas et peut-être garder la santé et mettre bien la daronne et la miff autour. Franchement c’est déjà beaucoup.